Kiev reconnaît 9 000 soldats tués, l'UE envisage une mission d'entraînement

Un démineur ukrainien examine des éclats d'obus suite à une frappe de missile dans le village de Rohan près de Kharkiv, le 21 août 2022 (Photo, AFP).
Un démineur ukrainien examine des éclats d'obus suite à une frappe de missile dans le village de Rohan près de Kharkiv, le 21 août 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 août 2022

Kiev reconnaît 9 000 soldats tués, l'UE envisage une mission d'entraînement

  • Mi-avril, le président ukrainien avait évoqué le chiffre de 3 000 militaires ukrainiens tués et environ 10 000 blessés depuis le début de l'offensive russe
  • L'UE envisage d'organiser une mission «d'entraînement et d'assistance» à l'armée ukrainienne

KIEV: L'Ukraine a reconnu lundi que près de 9 000 de ses soldats avaient été tués depuis le début de l'invasion russe, il y a six mois, tandis que l'UE envisage une mission "d'entraînement" de l'armée ukrainienne face à une "guerre qui dure".

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un "crime ignoble" après la mort de la fille d'un idéologue soutenant l'offensive en Ukraine, tuée par l'explosion de sa voiture près de Moscou. Les autorités russes accusent Kiev, qui nie et évoque des affrontements internes dans les services russes.

S'exprimant lundi devant un forum à Kiev, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, le général Valery Zaloujny, a déclaré que des enfants ukrainiens avaient besoin d'une attention particulière car leur pères étaient partis sur le front et "se trouvaient probablement parmi les près de 9 000 héros qui avaient été tués".

Il s'agit d'une des rares déclarations de responsables ukrainiens au sujet de leurs pertes militaires dans cette guerre, lancée le 24 février par Moscou et qui a mis l'Ukraine à feu et à sang.

La précédente estimation date de mi-avril, lorsque le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait évoqué 3 000 militaires ukrainiens tués et environ 10 000 blessés.

Lundi soir, M. Zelensky a déclaré lors de son allocution quotidienne que "le nombre total des différents missiles de croisière que la Russie a lancés sur notre territoire atteint presque les 3 500" et qu"'il est impossible de compter les bombardements de l'artillerie russe - ils sont trop intenses".

«Une guerre qui dure»

Alors que de nombreux pays européens fournissent de l'équipement militaire à l'Ukraine, l'UE envisage d'organiser une mission "d'entraînement et d'assistance" à l'armée ukrainienne qui se déroulerait dans les pays voisins, a indiqué lundi le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

La proposition sera discutée la semaine prochaine à Prague lors du Conseil des ministres de la Défense des pays membres de l'UE.

"Une guerre qui dure et qui semble devoir durer nécessite un effort non seulement en terme de fourniture d'équipement, mais aussi d'entraînement et d'assistance à l'organisation de l'armée", a commenté M. Borrell lors d'une conférence de presse en Espagne.

"Nous sommes face à une guerre à grande échelle", "une guerre conventionnelle" avec "des moyens extraordinairement importants et des centaines de milliers de soldats", a-t-il expliqué.

Même son de cloche à Kiev, où l'armée ukrainienne a préparé ses troupes à l'idée d'un conflit de longue haleine.

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak, a affirmé lundi que depuis des semaines, le Kremlin "cherche à convaincre l'Ukraine d'entrer en négociations" pour "geler le conflit tout en préservant le statu quo dans les territoires ukrainiens occupés".

M. Podoliak estime qu'en réalité, Moscou "ne souhaite pas un dialogue" de paix sérieux mais cherche à obtenir "une pause opérationnelle pour son armée" avant de lancer "une nouvelle offensive".

Deux bombardiers américains B-52 "Stratofortress" basés au Royaume-Uni ont survolé lundi plusieurs pays d'Europe du Sud-Est à basse altitude, une démonstration de force visant à souligner "l'engagement" des Etats-Unis aux côtés des membres de l'Otan sur fond de guerre en Ukraine, a annoncé le commandement américain.

Sur le terrain, "on est dans un moment où le front se stabilise. Même si l'armée russe continue de tenter des offensives (limitées), on voit un essoufflement; Moscou est en position défensive sur une grande partie du front et une partie de son arrière en Ukraine", estime Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/NEI de l'Institut français des relations internationales (IFRI).

Le ministère de la Défense russe a affirmé lundi que ses troupes avaient tué jusqu'à 100 soldats ukrainiens dans trois différentes localités de la région de Donetsk (est de l'Ukraine), 30 dans la région de Zaporijjia (sud), ainsi que 50 dans la région de Mykolaïv (sud).

Des dizaines de véhicules blindés ukrainiens y ont été détruits, ainsi que huit postes de commandement, un lanceur de système de missiles antiaériens Buk-M1 et six dépôts d'armes et de munitions pour roquettes et artillerie, selon le ministère.

À Kharkiv (nord-est), deuxième ville d'Ukraine, les secours ont dégagé 19 morts au total des décombres d'un immeuble détruit vendredi par une frappe russe, a annoncé lundi la présidence ukrainienne.

Choc en Russie

Les services de sécurité russes (FSB) ont accusé lundi les "services spéciaux" ukrainiens d'avoir tué Daria Douguina, la fille d'un idéologue réputé proche du Kremlin, morte samedi soir dans l'explosion de sa voiture près de Moscou.

Selon un communiqué du FSB cité par les agences de presse russes, la voiture conduite par Daria Douguina a été piégée par une femme de nationalité ukrainienne née en 1979, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure. Cette femme ukrainienne se serait ensuite enfuie en Estonie avec sa fille.

De la "propagande russe", a réagi sur Twitter le conseiller ukrainien Mikhaïlo Podoliak, réitérant son démenti de la veille. Pour lui, dans cette affaire, "les vipères des services spéciaux russes ont commencé à se battre entre elles".

"Un crime ignoble, cruel, a mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe", a déclaré M. Poutine dans un message de condoléances aux proches de Daria Douguina.

Journaliste et politologue née en 1992, elle était la fille d'Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine expansionniste et farouche partisan de l'offensive russe en Ukraine.

Kiev avait été mis en cause dès samedi par des médias russes estimant que la cible de l'attaque était en fait Alexandre Douguine.

La mort de Daria Douguina a suscité un choc en Russie, réveillant le douloureux souvenir des multiples assassinats qui ont ensanglanté la période instable ayant suivi la chute de l'Union soviétique en 1991.

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien a annoncé dans son allocution quotidienne la création de "l'initiative de Kiev", "un nouveau format diplomatique et sécuritaire" qui rassemble déjà "la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et les Etats Baltes" et vise à "renforcer la coopération régionale (...) principalement en matière de sécurité".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.