La guerre en Ukraine pèse sur le système humanitaire dans le monde entier, selon la Croix-Rouge

Dans cette photo d'archive prise le 2 août 2022, des travailleurs communaux nettoient l'extérieur d'un bâtiment détruit à la suite des bombardements russes à Mykolaïv (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 2 août 2022, des travailleurs communaux nettoient l'extérieur d'un bâtiment détruit à la suite des bombardements russes à Mykolaïv (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 août 2022

La guerre en Ukraine pèse sur le système humanitaire dans le monde entier, selon la Croix-Rouge

  • L'invasion russe lancée le 24 février en Ukraine, l'un des principaux exportateurs mondiaux de céréales, a contribué aux graves pénuries alimentaires auxquelles sont confrontées les régions les plus pauvres du monde
  • Malgré les efforts pour la reprise des livraisons de céréales ukrainiennes par la mer Noire, ces exportations sont en chute de 46% depuis le début de l'année, selon l'IFRC

GENÈVE: Le conflit en Ukraine pèse sur tout le système humanitaire et pourrait avoir des effets durables sur la capacité des organisations à faire face aux urgences dans le monde, a averti mardi la Croix-Rouge.

Cette guerre, qui entrera mercredi dan son septième mois, a poussé les gens "à un point de rupture critique", a expliqué dans un communiqué Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).

"Les effets de choc dévastateurs ne font qu'augmenter alors que le conflit dure, avec la hausse des prix de la nourriture et de l'énergie ainsi que des crises alimentaires qui s'aggravent", a-t-il ajouté.

Les répercussions du conflit font augmenter les besoins en aide dans le monde entier, a souligné Birgitte Bischoff Ebbesen, directrice régionale de l'IFRC pour l'Europe et l'Asie centrale, lors d'un point de presse en ligne.

"La crise s'est étendue à tout le système humanitaire et l'a soumis à un stress énorme", a-t-elle souligné, et "cela aura un effet durable sur la capacité des organisations humanitaires et des donateurs à répondre aux urgences ailleurs".

L'invasion russe lancée le 24 février en Ukraine, l'un des principaux exportateurs mondiaux de céréales, a contribué aux graves pénuries alimentaires auxquelles sont confrontées les régions les plus pauvres du monde.

Malgré les efforts pour la reprise des livraisons de céréales ukrainiennes par la mer Noire, ces exportations sont en chute de 46% depuis le début de l'année, selon l'IFRC.

"Cette chute massive a un effet majeur sur la Grande Corne de l'Afrique, où plus de 80 millions de personnes connaissent une faim extrême - la pire crise alimentaire des 70 dernières années", insiste-t-il.

La Croix-Rouge, qui compte dorénavant en Ukraine et dans les pays voisins plus de 100 000 bénévoles locaux et membres de son personnel, continue d'y accroître ses évaluations des besoins humanitaires.

L'organisation déplore les énormes dégâts en Ukraine, où des millions de personnes ont dû quitter leur foyer: "Même si le conflit devait s'achever demain, il faudra des années pour réparer les destructions infligées aux villes et aux maisons et l'impact sur les familles".

D'ores et déjà, l'inflation en hausse et les pénuries de produits essentiels comme le carburant ou la nourriture, en Ukraine et dans les pays voisins, obligent de plus en plus de gens à lutter pour se procurer des produits de base.

Et les besoins ne feront que croître avec le temps plus froid attendu dans les prochaines semaines.

"Ce sera l'hiver le plus dur", a observé Maksym Dotsenko, directeur général de la Croix-Rouge ukrainienne, lors du point presse. "Les besoins augmentent" et les conséquences se feront sentir au delà de l'Ukraine, a-t-il averti.

 

Guerre en Ukraine: près d'un million de réfugiés enregistrés en Allemagne

Près d'un million de réfugiés fuyant l'Ukraine après l'invasion russe débutée il y a six mois ont été enregistrés en Allemagne, même si "un nombre considérable" d'entre eux n'est pas resté dans le pays, a indiqué mardi le ministère de l'Intérieur.

Au total, 967 546 de personnes, à une écrasante majorité de nationalité ukrainienne, ont trouvé refuge "au moins de façon provisoire" en Allemagne, selon le décompte du ministère.

Sur le total, 36% sont des mineurs de moins de 18 ans. 74% des adultes recensés sont des femmes, détaille-t-il dans un communiqué.

"Un nombre considérable" de ces réfugiés ont continué leur route vers d'autres pays de l'Union européenne ou bien sont rentrés chez eux. Selon d'autres données fédérales, quelque 150 000 jeunes Ukrainiens étaient inscrits dans les écoles allemandes en date de la mi-août.

L'invasion de l'Ukraine par les forces russes le 24 février a déclenché la plus grande crise de réfugiés sur le sol européen depuis la Deuxième guerre mondiale, faisant plus de 6,6 millions de déplacés enregistrés sur le continent d'après les derniers chiffres de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Toujours selon le HCR, cité par le ministère allemand, environ 3,8 millions de réfugiés sont retournés chez eux, au moins provisoirement.

Une grande partie des déplacés s'est installée dans les pays limitrophes de l'Ukraine, en particulier en Pologne mais aussi la Roumanie ou la République tchèque.

Selon un sondage de l'ONU publié en juillet, la plupart d'entre eux déclarent souhaiter rentrer le plus vite possible chez eux, mais s'attendent à rester dans leur pays d'accueil jusqu'à la fin des hostilités.


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.