La Russie n'aura «aucune pitié» pour les meurtriers de la fille d'un idéologue

Les gens assistent aux funérailles de la Russe Daria Dugina, qui a été tuée dans l'explosion d'une voiture piégée la semaine précédente, au centre de télévision Ostankino à Moscou, le 23 août 2022 (Photo, AFP).
Les gens assistent aux funérailles de la Russe Daria Dugina, qui a été tuée dans l'explosion d'une voiture piégée la semaine précédente, au centre de télévision Ostankino à Moscou, le 23 août 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 24 août 2022

La Russie n'aura «aucune pitié» pour les meurtriers de la fille d'un idéologue

  • Daria Douguina, journaliste et politologue, a été tuée samedi soir dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait sur une route près de Moscou
  • Elle était la fille d'Alexandre Douguine, 60 ans, un philosophe et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine impérialiste. Comme son père, elle soutenait farouchement l'offensive russe en Ukraine

MOSCOU: Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé mardi à n'avoir "aucune pitié" pour les meurtriers de la fille d'un idéologue impérialiste pro-Kremlin tuée dans un attentat, dont les funérailles ont réuni des centaines de personnes.

Daria Douguina, journaliste et politologue, a été tuée samedi soir dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait sur une route près de Moscou. Elle avait 29 ans.

Elle était la fille d'Alexandre Douguine, 60 ans, un philosophe et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine impérialiste. Comme son père, elle soutenait farouchement l'offensive russe en Ukraine.

Ils revenaient ensemble, mais dans des véhicules différents, d'un festival culturel conservateur dans la région de Moscou.

"C'était un crime barbare pour lequel il ne saurait y avoir de pardon (...). Il ne peut y avoir aucune pitié pour les organisateurs, les commanditaires et les exécutants", a réagi mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Des centaines de personnes, notamment des proches de la famille et des responsables politiques, se sont recueillies mardi à Moscou devant le cercueil de Daria Douguina, au-dessus duquel avait été accroché un portrait d'elle souriant, a constaté l'AFP.

"Elle est morte au front pour la nation, pour la Russie. Le front, il est ici", a déclaré M. Douguine, d'une voix tremblante, les yeux cernés, présent avec son épouse et la mère de Daria Douguina, Natalia Melentieva.

«Notre empire»

"Parmi les premiers mots que nous lui avons enseignés, dans son enfance, il y a évidemment +Russie+, +notre puissance+, +notre peuple+, +notre empire+", a raconté Alexandre Douguine, retenant des pleurs.

Ce meurtre a créé un choc en Russie et mis à mal les efforts des autorités qui cherchent à convaincre que l'offensive en Ukraine, lancée il y a six mois, n'a aucune conséquence négative pour la population russe.

Or, le conflit est devenu de plus en plus visible ces dernières semaines, avec notamment une série d'explosions en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou où de nombreux Russes passent traditionnellement leurs vacances.

Moins de 48 heures après la mort de Daria Douguina, les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir conclu que l'attaque avait été préparée et menée par une femme travaillant pour les services secrets ukrainiens. Kiev a démenti toute implication.

Dans la foulée de plusieurs responsables ukrainiens, le président Volodymyr Zelensky a démenti mardi toute implication de Kiev dans le décès de Daria Douguina. "Ce n'est pas notre responsabilité", a-t-il balayé lors d'une conférence de presse.

Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un "crime ignoble, cruel", qui a "mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe".

M. Poutine lui a également remis à titre posthume l'Ordre du Courage, une importante décoration.

Eurasisme

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, s'est abstenu lundi de toute spéculation sur la responsabilité du meurtre. Il a condamné toute attaque contre des civils et souligné que Kiev avait rejeté toute participation.

"Puisque le meurtre d'un journaliste n'est même pas commenté sous cet angle-là, qui est pourtant si important pour les autorités américaines, alors Washington n'a aucun droit moral (...) de juger des droits humains dans le monde", a réagi mardi son homologue russe, Maria Zakharova, sur Telegram.

Promoteur de l'"Eurasisme", une doctrine impérialiste prônant une alliance entre l'Europe et l'Asie, sous direction russe, Alexandre Douguine est visé depuis 2014 par des sanctions de l'Union européenne.

Sa fille avait elle été sanctionnée début mars par les Etats-Unis.

Personnalité médiatique et polyglotte, reconnaissable à sa longue barbe, Alexandre Douguine est influent dans une partie de l'extrême droite européenne.

Surnommé par certains médias "le cerveau de Poutine", M. Douguine est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais ce dernier ne l'a jamais soutenu publiquement et de nombreux observateurs relativisent son influence au Kremlin.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Short Url
  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Short Url
  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Short Url
  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.