Au Maroc, les salles de cinéma au bord du gouffre

Grands oubliés du « retour à la normale », ces lieux d’évasion et de rêve, déjà fragilisés avant la crise de la Covid-19, sont au bord du gouffre. (Greg BAKER/AFP)
Grands oubliés du « retour à la normale », ces lieux d’évasion et de rêve, déjà fragilisés avant la crise de la Covid-19, sont au bord du gouffre. (Greg BAKER/AFP)
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Publié le Mardi 21 juillet 2020

Au Maroc, les salles de cinéma au bord du gouffre

  • « Du jour au lendemain, nous avons perdu 100 % de notre chiffre d’affaires »
  • « Tout le monde s’est abonné à Netflix. Même si l’on reprend demain, il faudra du temps avant que les choses ne redeviennent comme avant… »

Depuis le 25 juin, date du déconfinement, les salles de cinéma attendent toujours de pouvoir réouvrir. Grands oubliés du « retour à la normale », ces lieux d’évasion et de rêve, déjà fragilisés avant la crise de la Covid-19, sont au bord du gouffre.

« Après la pluie, le beau temps », voilà le titre du scénario que les exploitants de salle au Maroc aimeraient bien recevoir. A l’arrêt depuis mi-mars, le secteur du cinéma se trouve dans l’impasse.

Il reste tout de même des raisons d’espérer. Il y a quelques jours, Othman El Ferdaous, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, s’est voulu rassurant en rappelant, à juste titre, que le cinéma ne représentait pas seulement un segment de l’industrie culturelle, mais qu’il constituait un véritable écosystème englobant et faisant vivre plusieurs métiers, de la musique au théâtre, en passant par l’écriture.

« Les salles de cinéma sont un bien public qu’il faut sauvegarder, elles constituent le maillon central de l’industrie cinématographique et leurs recettes ont été très fortement affectées par la crise sanitaire (billetterie, publicité, locations de salles et confiserie) », a déclaré le ministre devant le Parlement.

En effet, les exploitants de salles rappellent que leur chiffre d’affaires s’est totalement effondré. « Les conséquences sont violentes. Nos recettes en salle dépendent en premier lieu de la vente des billets, de la confiserie, mais également de la publicité. Du jour au lendemain, nous avons perdu 100 % de notre chiffre d’affaires », explique Pierre-François Bernet, fondateur de Ciné Atlas, un complexe de cinéma dont l’ouverture est récente à Rabat, et qui commençait à peine à fidéliser sa clientèle avant le confinement.

L’exploitant comptait ouvrir dans plusieurs villes du Maroc. Aujourd’hui, il a perdu, en douze mois 1,5 million de dirhams en réduisant ses charges et en trouvant des solutions pour ses trente salariés.

L’État à la rescousse

Conscient de la situation délicate dans laquelle se trouve le monde du cinéma, le ministère a mobilisé une enveloppe de 2 millions de dirhams. Cette somme va permettre de prendre en charge les dépenses engagées pour les festivals et les manifestations cinématographiques initialement prévus entre mars et juin et annulés en raison de la crise sanitaire. Par ailleurs, le Centre cinématographique marocain a débloqué plus de 6,5 millions de dirhams destinés notamment à plus de 11 projets nationaux de production cinématographique, dont 450 000 dirhams qui serviront à la numérisation d’une salle de cinéma à Tanger.

Le ministère va même plus loin: lors de la réouverture des salles, il s’est engagé à prendre en charges les frais fixes des exploitants entre mars et juin 2020. Il a enfin annoncé une prime exceptionnelle, équivalente à un mois de chiffre d’affaires, pour accompagner la reprise de l’activité. Cette prime sera conditionnée au respect des normes sanitaires et à l’engagement pour l’exploitant de garder la salle ouverte pendant au moins dix-huit mois.

« Le premier versement de 50 % aura lieu à la signature d’une convention entre les parties concernées, le second trois mois après la réouverture », annonce le ministère. C’est une enveloppe de 10 millions de dirhams qui va être mobilisée pour assurer la mise en place de ces deux mesures afin de permettre le renforcement de la résilience des salles de cinéma.

« C’est un geste généreux ! C’est une grande première ! » s’enthousiasme Hassan Belkady, exploitant du mythique Rif de Casablanca, qui explique à quel point la situation est compliquée.

Il a en effet rencontré de nombreuses difficultés pendant la crise dans la gestion de sa salle et de son personnel, un personnel qu’il a tenu à garder, malgré les dépenses occasionnées et sans l’aide des banques. « Les banques n’ont pas joué le jeu ! J’ai dû quitter ma banque pour une autre quand elle m’a refusé le prêt Oxygène à cause d’un bilan négatif. »

L’aide annoncée par l’État est un grand soulagement. Néanmoins, pour l’heure, aucune date de réouverture n’est prévue. « Je tiens à saluer la mobilisation des pouvoirs publics face à la détresse des salles de cinéma. M. Othman El Ferdaous, ministre de la Culture, de la Communication, de la Jeunesse et des Sports, M. Sarim Fassi-Fihri, directeur du Centre cinématographique marocain, ainsi que leurs équipes,  qui se sont immédiatement mobilisés pour nous porter secours et pour préparer le plan de relance. La date de réouverture n’est pas encore connue, mais nous nous y préparons déjà activement », a conclu Pierre-François Bernet.

Hassan Belkady, lui, n’est pas aussi optimiste. « Les clients se sont habitués à un autre mode de consommation. Tout le monde s’est abonné à Netflix. Même si l’on reprend demain, il faudra du temps avant que les choses ne reviennent à la normale… »


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.