L'Iran intensifie la persécution de la foi bahá'íe, selon Amnesty International

Une vue du complexe Amadegah, sur la rue Amadegah, dans l’importante ville d'Ispahan, en Iran. (Dossier/AFP)
Une vue du complexe Amadegah, sur la rue Amadegah, dans l’importante ville d'Ispahan, en Iran. (Dossier/AFP)
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Publié le Jeudi 25 août 2022

L'Iran intensifie la persécution de la foi bahá'íe, selon Amnesty International

  • Trente personnes au moins ont été arrêtées depuis le 31 juillet, tandis que des terres étaient saisies et des maisons démolies dans tout le pays
  • Condamnation internationale du comportement de l'État, la communauté bahá'íe appelant à l'arrêt de toute activité

LONDRES: L'Iran a étendu sa persécution des membres de la foi bahá'íe dans le pays, avec une augmentation des arrestations, des perquisitions et des saisies de terres, selon Amnesty International.

Ce groupe de défense des droits humains a déclaré que les responsables iraniens avaient arrêté au moins trente membres de la communauté depuis le 31 juillet, et saisi des dizaines de propriétés, dans ce qu'il a qualifié d’«accaparement de terres».

Il a ajouté que de nombreux membres bahá’ís avaient été soumis à des interrogatoires et contraints de porter des bracelets électroniques à la cheville, et a appelé les gens du monde entier à dénoncer la répression exercée contre cette communauté.

Les bahá'ís représentent la plus grande secte religieuse non musulmane d'Iran et sont régulièrement persécutés. Depuis 1991, à la suite d'une décision du Conseil suprême de la culture révolutionnaire, la politique officielle de l’État iranien est de bloquer résolument leur développement social, politique et économique, ajoutant qu’«ils doivent être expulsés des universités» et «se voir refuser un emploi s'ils s'identifient comme bahá'ís».

La Communauté internationale bahá’íe a affirmé que ces arrestations signifiaient qu’au moins 68 personnes étaient désormais emprisonnées en Iran pour avoir pratiqué leur foi.

Le 1er août, le ministère iranien du Renseignement a déclaré avoir arrêté «les principaux membres du parti d'espionnage bahá'í» qui «propageaient les enseignements bahá'ís» et «cherchaient à infiltrer divers niveaux du secteur éducatif à travers le pays, en particulier les écoles maternelles».

L'ONU affirme que plus de 1000 membres bahá'ís risquent actuellement d'être détenus en Iran, et 26 sont sur le point d'être emprisonnés dans la ville de Shiraz, dans la province de Fars, à la suite de leur condamnation en juin pour divers crimes censés menacer la sécurité nationale.

Le 25 juin, un tribunal a confirmé la décision de saisir 18 propriétés appartenant à des bahá'ís dans la province de Semnan, au motif que leurs propriétaires «se livrent à des activités illégales et à de l'espionnage au profit de l'étranger», le tribunal les qualifiant de «membres d'une secte perverse».

Par ailleurs, le 2 août, trois personnes ont affirmé à Amnesty que pas moins de 200 membres des forces de sécurité iraniennes, dont des policiers antiémeute et des fonctionnaires de la justice, avaient pris part à l'appropriation de 20 hectares de terres appartenant à des bahá'ís, et démoli six maisons au moyen d’un bulldozer dans le village de Roshankouh, dans la province de Mazandaran.

Les habitants, qui ont indiqué que les autorités tentaient de saisir des biens bahá'ís dans la région depuis 2016, ont ajouté que des téléphones portables avaient été saisis, que des coups avaient été tirés en l'air pour disperser la foule, et que plusieurs habitants avaient été battus, aspergés de gaz poivré ou emprisonnés.

Le gouvernement iranien affirme que les propriétés de Roshankouh empiètent sur des terres protégées, alors que les habitants estiment que les appropriations visent à priver les bahá'ís de leurs fermes et de leurs moyens de subsistance.

Quant à la province de Semnan, vingt entreprises appartenant à des bahá'ís y ont été fermées, et les terres ainsi que le matériel d'un certain nombre de fermes appartenant à des bahá'ís ont été saisis.

Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré dans un communiqué: «L'attaque odieuse contre la minorité religieuse bahá'íe est une nouvelle manifestation de la persécution de cette communauté pacifique par les autorités iraniennes depuis des décennies.»

«Les bahá’ís en Iran ne peuvent pas se sentir en sécurité chez eux ou dans l’exercice de leur foi, car ils risquent d’être persécutés.»

«Les autorités doivent libérer immédiatement et inconditionnellement tous les bahá'ís qui ont été récemment détenus, ainsi que toute personne emprisonnée auparavant, pour la seule raison d’avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté de religion. Toutes les condamnations et peines prononcées sur cette base doivent être immédiatement annulées.

Heba Morayef a ajouté: «Les autorités iraniennes ont appliqué de façon éhontée un système de discrimination et d'oppression contre les bahá’ís. Les autorités iraniennes doivent immédiatement annuler toutes les lois, politiques et pratiques institutionnelles discriminatoires qui ont été adoptées pour expulser et déposséder les bahá’ís de leurs terres et de leurs biens, les priver de leurs droits humains et veiller à ce que les bahá’ís puissent subsister et pratiquer leur foi librement et ouvertement.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.