Féminicides: 122 femmes tuées en 2021, en hausse de 20% par rapport à 2020

Des membres de l'organisation féministe "Collages Féminicides Paris" collent des pancartes lisant les noms de plus d'une centaine de femmes tuées depuis le 31 août 2019 à Paris (Photo, AFP).
Des membres de l'organisation féministe "Collages Féminicides Paris" collent des pancartes lisant les noms de plus d'une centaine de femmes tuées depuis le 31 août 2019 à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 27 août 2022

Féminicides: 122 femmes tuées en 2021, en hausse de 20% par rapport à 2020

  • Parmi les femmes victimes, près d'une femme trois (32%) avait déjà subi des violences antérieures
  • Seules trois femmes victimes sur 122 ont bénéficié d'une mesure judiciaire de protection

PARIS: Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon un bilan publié vendredi par le ministère de l'Intérieur.

Les femmes représentent 85% du total des victimes de morts violentes au sein du couple en 2021 (143 décès dont 122 femmes et 21 hommes) contre 82% en 2020, une part stable depuis 2006.

Ces chiffres "correspondent davantage au niveau du nombre de morts violentes au sein du couple observées avant l'épidémie de Covid-19", précise l'étude du ministère de l'Intérieur.

L'année 2020, avec "seulement" 102 femmes tuées contre 146 en 2019, avait en effet été exceptionnelle, sans que l'on sache précisément en quelle mesure cette baisse pouvait s'expliquer par les périodes de confinements et couvre-feu.

Pour Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, les chiffres de 2021 sont "glaçants". "Malgré les efforts sans précédent engagés par l'État ces cinq dernières années, les féminicides restent à un niveau trop élevé", a-t-elle réagi auprès de l'AFP.

Parmi les femmes victimes, près d'une femme trois (32%) avait déjà subi des violences antérieures et 64% de celles-ci avaient signalé ces violences aux forces de l'ordre. Parmi ces dernières, 84% avaient déposé une plainte.

Ces données "terribles" montrent "des pistes d'évaluation possibles", a dit à l'AFP Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarités femmes (FNSF) qui gère le service d'accueil téléphonique 3919 pour les femmes victimes de violences.

Disputes et séparations non acceptées 

"Lorsqu'une femme signale des violences, il faut mieux évaluer le danger qu'elle encourt. Mais on doit aussi progresser dans le repérage des violences : permettre aux femmes de s'exprimer, de dire les faits subits", a ajouté Mme Brié.

"Les mesures de protection pour les femmes n'ont pas été appliquées", a également déploré la militante Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis.

Seules trois femmes victimes sur 122, une proportion "ridicule", ont bénéficié d'une mesure judiciaire de protection, a relevé Mme Ronai, pour qui il faudrait "multiplier par 10" le nombre de ces ordonnances.

Comme les années précédentes, les disputes (31 cas), les séparations non acceptées (27 cas) sont les causes principales du passage à l'acte (41 %). Elles sont suivies de près par la jalousie (25 cas) et la maladie de la victime (21 cas).

Dans un tiers des décès, tous sexes confondus, l'auteur a fait usage d'une arme blanche : 37 sont des hommes et 13 des femmes. Pour les armes à feux (46 décès) la quasi-totalité (44) sont utilisées par des hommes

Quelque 43% des auteurs d'homicide se sont suicidés ou ont tenté de le faire après les faits. En 2021, 46 suicides et 15 tentatives ont été recensés, un nombre stable chaque année, qui concerne quasi-exclusivement des hommes (60 hommes pour une femme).

Pour Pauline Baron, du collectif féministe #NousToutes, "on voit les limites de la fameuse grande cause du quinquennat" précédent, pourtant marqué par le Grenelle contre les violences conjugales qui avait débouché fin 2019 sur une quarantaine de mesures.

Celles-ci "n'ont pas été assez budgétées, elles ne peuvent pas être déployées partout : il n'y a pas assez de bracelet anti-rapprochement et de téléphone grave danger pour protéger les femmes", a estimé cette militante.

Il faut en outre "améliorer la prévention", selon elle : "l'éducation à la vie affective et sexuelle n'est pas mise en œuvre à l'école, alors que c'est ça le moyen de casser cette réitération des violences de génération en génération".

Pour Ernestine Ronai, "on ne se représente pas suffisamment dans notre société le danger des hommes violents" qui sont "imprévisibles". De ce fait, "il n'y a pas de petite violence", insiste la militante : "une gifle, on pourrait dire c'est pas grave, mais on ne sait pas jusqu’où ça peut aller".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.