L'explosion du divertissement, moteur de la transformation de l'Arabie saoudite

Les événements sportifs, les projections de films, les expositions d'art et les concerts pop sont de plus en plus répandus dans le Royaume, et les Saoudiens en raffolent (Photo fournie).
Les événements sportifs, les projections de films, les expositions d'art et les concerts pop sont de plus en plus répandus dans le Royaume, et les Saoudiens en raffolent (Photo fournie).
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Publié le Samedi 27 août 2022

L'explosion du divertissement, moteur de la transformation de l'Arabie saoudite

  • Le Royaume s'est rapidement imposé comme pôle d'attraction pour les événements culturels, les expositions d'art et les projections de films
  • La Vision 2030 prévoit et soutient l'expansion du marché du divertissement à 30 milliards de riyals saoudiens

DUBAÏ: Il y a encore cinq ans, la plupart des formes de divertissement de masse étaient mal vues en Arabie saoudite. Aucun concert public ne diffusait de musique, aucun cinéma n'offrait aux spectateurs la magie des films, et la séparation des sexes était la norme dans les lieux publics.

Aujourd'hui, l'Arabie saoudite, qui ne disposait pratiquement d'aucun lieu de divertissement, est devenue un pôle au Moyen-Orient pour les événements culturels, les expositions d'art et les projections de films.

Tout cela résulte de la Vision 2030, le plan de réforme du prince héritier Mohammed ben Salmane lancé en 2016 pour transformer le Royaume sur le plan social et économique. Cette stratégie prévoit une croissance annuelle des dépenses des ménages saoudiens en matière de divertissement d'environ 2 %.

Entre-temps, l'industrie saoudienne du divertissement a connu une croissance explosive. Des salles de cinéma ont ouvert dans toutes les villes, et les hommes et les femmes peuvent se réunir et se fréquenter librement.

Des fans saoudiens assistent au MDL Beast Fest, un festival de musique électronique, qui se tient à Banban, dans la banlieue de la capitale saoudienne Riyad (Photo, AFP).

Les grands concerts de musique comme le MDL Beast attirent des centaines de milliers de personnes. Des festivals internationaux de cinéma et des expositions d'art contemporain sont régulièrement organisés, et des célébrités et des artistes se rendent fréquemment en Arabie saoudite.

«Nous voulons que les Saoudiens profitent de leur pays, nous voulons leur apporter du divertissement et devenir comme le reste du monde», a déclaré à Arab News Kaswara Alkhatib, responsable des médias au National Events Center du Royaume.

«Les Saoudiens n'ont plus besoin de voyager pour se divertir, et les étrangers peuvent venir se divertir dans le Royaume. Dans le monde d'aujourd'hui, vous ne pouvez pas être un pays fermé qui ne propose pas de divertissement et permettre à votre population de voyager à l'étranger. Cela a été le facteur de changement le plus important qui a influencé la mentalité des Saoudiens.»

Le secteur du divertissement est l'une des nombreuses forces à l'origine des changements sociaux et économiques qui ouvrent l'Arabie saoudite au monde. La Vision 2030 prévoit et soutient l'expansion du marché du divertissement pour atteindre 30 milliards de riyals saoudiens (8 milliards de dollars).

Une photographie publiée par l'Autorité générale de la culture saoudienne, le 26 avril 2018, montre l'Ensemble national de musique arabe (AME) de l'Opéra du Caire se produisant au Centre culturel King Fahd à Riyad (Photo, AFP/Autorité générale de la culture saoudienne).

L'Arabie saoudite abrite l'une des plus grandes populations du Moyen-Orient. Avec environ la moitié de ses habitants âgés de moins de 30 ans, l'appétit pour le divertissement est important et croît fortement. Des centaines de nouveaux cinémas, de projets de parcs à thème, de villes de loisirs et de centres de divertissement familial devraient être construits d'ici 2030.

Selon une étude réalisée en 2021 par la société américaine Research and Markets, le marché saoudien du divertissement devrait passer de sa taille actuelle (23,77 millions de dollars en 2020) à 1,17 milliard de dollars d'ici la fin de 2030, soit un taux de croissance annuel de 47,65 %.

«L'industrie saoudienne du divertissement est passée de zéro jusqu'à devenir un véritable phénomène en l'espace de quelques années», a déclaré Alkhatib. «Avant Saudi Seasons, le divertissement n'existait pas en Arabie saoudite. Avant, se divertir signifiait aller au centre commercial, dîner ou se réunir en famille ou entre amis. Avant, il y avait très peu d'endroits où une famille ou des amis pouvaient se rendre, avec très peu d'occasions de faire la fête ou d'assister à des concerts.»

«Il n'y avait pas de cinémas, de pièces de théâtre ou de concerts internationaux. Les Saoudiens avaient l'habitude de se rendre à l'extérieur de l'Arabie saoudite pour assister à un concert et voir certains des chanteurs saoudiens les plus populaires comme Mohammed Abdu. Les concerts ne se faisaient pas en Arabie saoudite, mais à l'extérieur du pays.»

Aujourd'hui, les Saoudiens sortent en masse pour assister à des spectacles musicaux. Hommes, femmes et enfants assistent à ces événements, appréciant les concerts mettant en vedette non seulement des artistes nationaux mais aussi des artistes étrangers.

Des femmes saoudiennes se rassemblent devant un cinéma du Riyadh Park Mall après son ouverture au grand public, le 30 avril 2018 (Photo, AFP).

«Aujourd'hui, nous sommes fiers de proposer ces concerts chez nous. Non seulement pour les artistes saoudiens, mais aussi parce que nous avons réussi à attirer de nombreux artistes internationaux et des célébrités de la région et de l'Occident», a affirmé Alkhatib. «Cela a certainement été l'une des principales transformations.»

Saudi Seasons, une initiative lancée par la Commission saoudienne pour le tourisme et le patrimoine national en 2019, planifie et organise des festivals dans différentes régions pour mettre en lumière la culture et le patrimoine saoudiens et proposer du divertissement à davantage de Saoudiens.

La première édition de Saudi Seasons a organisé 11 festivals dans tout le Royaume, une pratique qui se poursuit. Des «saisons» ont été organisées pour Riyad, Djeddah, la province orientale, Taif, Al-Soudah, la fête nationale, Diriyah, AlUla, Hail, le Ramadan et l'Aïd Al-Fitr.

L'initiative est menée par diverses autorités saoudiennes, dont le ministère de la Culture, l'Autorité générale du divertissement, le ministère des Sports et le Bureau saoudien des expositions et des congrès, sous la direction d'un comité dirigé par le prince héritier.

Les principaux objectifs de Saudi Seasons sont d'augmenter les dépenses en matière de tourisme en Arabie saoudite, de fournir davantage d'opportunités d'emploi, de stimuler les initiatives commerciales et le tourisme en Arabie saoudite, et d'améliorer la qualité de vie.

EN CHIFFRES

* 50% des habitants ont moins de 30 ans.

* 6% des dépenses des ménages pour le divertissement dans le cadre de la Vision 2030.

* 80% du budget actuel des ménages pour le divertissement est dépensé à l'étranger.

* La taille du marché du divertissement devrait atteindre 30 milliards de riyals saoudiens dans le cadre de la Vision 2030.

L'initiative a également créé un grand nombre d'opportunités d'emploi pour la jeunesse saoudienne. La saison 2019 de Djeddah a créé à elle seule 5 000 opportunités d'emploi pour les jeunes hommes et femmes.

L'industrie cinématographique saoudienne s'est développée en même temps que les progrès rapides du Royaume en matière de divertissement. Ces dernières années, de jeunes cinéastes sont revenus dans le pays après avoir travaillé des années à l'étranger, pour profiter des investissements du Royaume dans le domaine du divertissement.

En février 2020, le ministère de la Culture a créé la Commission du film, un organe gouvernemental chargé de «développer et organiser le secteur cinématographique, d'élever son niveau de production, de commercialiser les films saoudiens, d'encourager le financement et l'investissement et de développer du contenu. La commission soutient également les jeunes talents créatifs, définit les lois et règlements, et représente le Royaume dans les forums régionaux et internationaux liés au cinéma».

Parmi les autres organismes qui soutiennent le cinéma dans le Royaume, figurent Film AlUla et la fondation Misk, créée par le prince héritier, pour donner aux jeunes Saoudiens les moyens d'agir et soutenir la transformation sociale de l'Arabie saoudite. Misk gère, entre autres, un programme d'écriture de scénarios pour venir en aide aux cinéastes.

L'Arabie saoudite abrite l'une des plus grandes populations du Moyen-Orient. Avec environ la moitié de ses habitants âgés de moins de 30 ans, l'appétit pour le divertissement est important et croît fortement (Photo fournie).

Saad Abutaily, un jeune Saoudien de 29 ans, qui travaille pour l'entreprise basée à Riyad Nebras Films, est né et a grandi à Londres, où il a vécu la majeure partie de sa vie jusqu'à son retour au Royaume en 2019.

Abutaily a mis l'accent sur la quantité de fonds disponibles pour soutenir les cinéastes saoudiens. «Tout revient à la vie maintenant», a-t-il lancé à Arab News.

À Nebras, Abutaily a déclaré voir régulièrement des jeunes diplômés recevoir une aide du gouvernement pour produire leurs films et faire avancer leur carrière.

En mai, il a été annoncé que les studios saoudiens Telfaz 11, en pleine expansion, avaient conclu un accord avec la société française Easy Riders Films pour produire conjointement quatre films saoudiens. Selon Abutaily, Nebras produit actuellement un autre film de manière indépendante.

Le septuple champion du monde de Formule 1 Lewis Hamilton lors du Grand Prix d'Arabie saoudite, l'un des nombreux événements sportifs organisés dans le Royaume dans le cadre de la Vision 2030 (Photo, AFP).

En novembre dernier, les autorités saoudiennes ont annoncé des investissements totalisant 64 milliards de dollars dans l'industrie du divertissement naissante, dans le cadre d'un effort plus large pour sevrer l'économie du pétrole et, en temps voulu, devenir la première destination de la région pour le cinéma.

«En 2019, les choses ont commencé à changer. En 2021-2022, le pays est complètement différent», a déclaré Abutaily depuis Riyad, où il réside. «Je profite désormais davantage de mes week-ends ici qu'à Cannes ou à Londres. Il y a tellement de choses à faire ici maintenant. Il y a des artistes, des scénaristes, des producteurs de films et des cinéastes. La liste est longue.»

«C'est ce qui fait qu'il est sain pour nous de vivre à nouveau en Arabie saoudite. Nous sommes enfin acceptés par notre gouvernement et par les services de sécurité, et tous les quelques mois, il y a encore plus de changements et de nouvelles annonces.»

Les Saoudiens n'ont plus besoin de voyager pour se divertir, et les étrangers peuvent venir se divertir dans le Royaume, selon Kaswara Alkhatib, responsable des médias du National Events Center d'Arabie saoudite (Photo, AFP).

M. Abutaily a déclaré que c'était une époque formidable pour l'Arabie saoudite, non seulement pour les Saoudiens mais aussi pour les étrangers. «Les producteurs de musique produisent désormais de la musique en Arabie saoudite. Des artistes, des cinéastes et bien d'autres sont revenus dans le pays depuis les États-Unis, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis. Ils sont revenus lorsqu'ils ont réalisé combien de nouvelles opportunités s'offraient à eux.»

«La Covid-19 nous a ralenti, mais les choses ont repris leur cours et battent leur plein. La culture a toujours été présente en Arabie saoudite, mais elle était très limitée. Il n'y avait que des restaurants, des centres commerciaux et des cafés. Maintenant, je vois des Saoudiens qui reviennent de l'étranger pour assister à de grands rassemblements publics et à des spectacles ici.»

Les cinéastes saoudiens voyagent également davantage dans le Royaume, visitant Abha, AlUla, NEOM, Taif, Djeddah et la province orientale, s'inspirant de leur propre pays et tournant des films sur place dans diverses régions.

«Le monde entier est curieux de l'histoire saoudienne», a affirmé à Arab News Mujtaba Saeed, un cinéaste de 35 ans qui partage son temps entre l'Arabie saoudite et l'Allemagne.

«Nous avons beaucoup d'histoires jamais racontées, et nous voulons partager notre expérience humaine avec le monde. En tant que cinéaste, nous recevons désormais le soutien précieux de la Commission du film créée par le ministère de la Culture, qui nous a aidés à raconter notre histoire au reste du monde.»

Son récent court-métrage Zawal, qui décrit la pandémie du point de vue d'un réfugié, a remporté la Palme d'or au Festival du film saoudien 2022 et a récemment reçu la Voile d'or au Festival des stations de radiodiffusion et de télévision du Golfe, à Bahreïn.

«Nous vivons actuellement un moment historique en Arabie saoudite», a déclaré Saeed. «Nous voulons nous exprimer, raconter nos histoires et montrer au monde que nous sommes semblables, que nos besoins et nos objectifs sont universels.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
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  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
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  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.