La Garonne, malmenée par la sècheresse, sous perfusion des barrages des Pyrénées

Une photo prise le 23 juin 2022 dans les Pyrénées montre des reflets d'eau au lac Labant, à Aulus-les-Bains, dans le sud-ouest de la France. L'étude de Schmeller publiée en avril et dans la revue scientifique de l'Environnement Total a révélé que 151 molécules chimiques ont été détectés dans les eaux de huit lacs d'altitude. (AFP)
Une photo prise le 23 juin 2022 dans les Pyrénées montre des reflets d'eau au lac Labant, à Aulus-les-Bains, dans le sud-ouest de la France. L'étude de Schmeller publiée en avril et dans la revue scientifique de l'Environnement Total a révélé que 151 molécules chimiques ont été détectés dans les eaux de huit lacs d'altitude. (AFP)
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Publié le Samedi 27 août 2022

La Garonne, malmenée par la sècheresse, sous perfusion des barrages des Pyrénées

  • En contrebas de la grande paroi bétonnée du barrage du Soulcem, en Ariège, le niveau d'une étendue d'eau calme est descendu 27 mètres plus bas qu'habituellement, à la même date
  • Une situation qui a conduit l'organisme à déclencher dès début juillet le soutien d'étiage, ces lâchers d'eau en provenance de retenues situées en amont, censées maintenir un débit acceptable dans les cours d'eau

PARIS: Des retenues d'eau exceptionnellement sollicitées dans les Pyrénées pour alimenter une Garonne qui souffre: la sécheresse frappe de plein fouet le Sud-Ouest alors que l'hydraulique prend une importance accrue dans un contexte de crise énergétique.

En contrebas de la grande paroi bétonnée du barrage du Soulcem, en Ariège, le niveau d'une étendue d'eau calme est descendu 27 mètres plus bas qu'habituellement, à la même date.

1.500 m plus bas, 100 km plus au nord, l'impression est la même au coeur de Toulouse, avec une Garonne basse, d'où émergent des bancs de cailloux, témoins d'une année tout sauf humide.

"On n'a jamais connu une période aussi longue où la Garonne est aussi basse, ça n'a jamais démarré aussi tôt, et on bat des records tous les jours", affirme à l'AFP Jean-Michel Fabre, président du Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne (Smeag).

Une situation qui a conduit l'organisme à déclencher dès début juillet le soutien d'étiage, ces lâchers d'eau en provenance de retenues situées en amont, censées maintenir un débit acceptable dans les cours d'eau.

Étiage précoce

"Habituellement, les premiers lâchers d'eau se font fin juillet, début août. Là, on a commencé le 9 juillet avec des volumes très importants", déplore l'élu.

Au plus fort de la sécheresse, 40% de l'eau qui traversait la Ville rose pouvait provenir des lâchers ordonnés par le Smeag et effectués par les gestionnaires des retenues d'eau comme EDF.

L'étiage n'est pas sans conséquence en montagne, comme au barrage du Soulcem, édifié au début des années 1980 tout près de la frontière avec la principauté d'Andorre.

"En juillet, le volume libéré depuis les lacs ariégeois (ceux gérés par EDF, NDLR) est deux fois supérieur au maximum de ce qui avait été fait par le passé", pointe Philippe Reffay, directeur eau-environnement pour la branche Sud-Ouest d'EDF Hydro.

"Chaque année, EDF Hydro réserve dans les barrages ariégeois 53 millions de mètre cube pour le soutien d'étiage de la Garonne. 70% ont déjà été libérés sur le mois et demi écoulé", souligne-t-il auprès de l'AFP.

Garantir la qualité de l'eau pour l'écosystème du bassin de la Garonne, compenser les prélèvements agricoles, assurer les activités industrielles et maintenir le niveau d'eau potable pour le million de personnes abreuvées par le fleuve: le rôle de ces étiages est multiple.

La pluie espérée 

"Une autre problématique se rajoute, avec le contexte russo-ukrainien, concernant le fait d'avoir assez d'eau pour pouvoir produire de l'électricité cet hiver", explique Cécile Llovel, hydrologue à Toulouse.

"C'est la double peine, ça complique la gestion" pour les opérateurs électriques, indique-t-elle.

Avec de nombreux réacteurs nucléaires à l'arrêt pour cause de maintenance et une flambée du prix du gaz en raison de la guerre en Ukraine, les regards se tournent entre autres vers l'hydro-électricité, première énergie renouvelable en France, qui représentait 11% de la production électrique du pays en 2019.

"On a eu un hiver bon au niveau de l'enneigement, mais un printemps et un été très secs, on espère qu'il va pleuvoir", appuie Philippe Reffay, en contemplant le niveau historiquement bas de l'étang du Soulcem, surplombé par le pic du Montcalm (3.077 m), point culminant de l'Ariège.

"La place de l'hydro-électricité dans la consommation dépend des précipitations", précise M. Reffay, alors que le niveau des réserves ariégeoises d'EDF est 20% en-dessous de la moyenne des années précédentes.

"De janvier à juin on n'a eu que 150 mm de précipitations là où on en attendait 300, avec en plus une fonte des neiges très rapide", pointe Cécile Llovel.

Pour l'hydrologue, ces conditions météorologiques sont "ce vers quoi on tend de plus en plus régulièrement avec le réchauffement climatique, qui impacte d'autant plus la filière hydro-électrique".

Pour Jean-Michel Fabre, il faudra s'habituer et s'adapter à ces sécheresses toujours plus longues et intenses: "L'année qu'on vit, c'est ce qu'on nous prédisait pour 2030, 2040, voire 2050! Il faut accélérer sur tous les moyens en oeuvre pour stocker de l'eau et surtout faire évoluer notre système".


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


La session parlementaire se clôt sur un vote mouvementé de la réforme de l'audiovisuel

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
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  • Les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué"
  • La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un prés

PARIS: Fin de session chaotique au Parlement: les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué", un choix du gouvernement vivement contesté par la gauche.

La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général, était le dernier texte inscrit à l'agenda de la chambre haute.

La chambre basse avait mis fin à ses travaux jeudi.

Mais, dans une chorégraphie qui rappelait davantage les usages du Palais Bourbon, l'examen du texte a tourné court au Palais du Luxembourg: face à "l'obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati (LR) a annoncé vendredi matin que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

Les débats jeudi avaient été marqués par une particulière lenteur, entre suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... A la manœuvre, la gauche, qui craint que la réforme ne soit l'occasion d'une reprise en main politique et d'une réduction du budget de l'audiovisuel public.

- La gauche claque la porte -

Après deux heures de suspension vendredi matin, les travaux ont repris, occasion pour les groupes de gauche de protester à l'unisson contre un "coup de force" démocratique, selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (groupe LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Peu après la reprise de la séance en début d'après-midi, les différents groupes de gauche ont renouvelé leurs critiques avant de quitter les lieux.

Le texte a finalement été adopté largement, par 194 voix contre 113. La version des sénateurs, compromis entre la majorité sénatoriale et le gouvernement, exclut de la holding France Médias Monde, comme le souhaitait le gouvernement, et conserve le deuxième volet du texte, sur la "souveraineté", que Mme Dati avait fait supprimer en commission à l'Assemblée.

Une victoire au forceps pour la ministre, qui défend bec et ongles la réforme depuis son entrée au gouvernement, face à l'hostilité des syndicats et à un agenda parlementaire contrarié.

- Victoire "à la Pyrrhus" ? -

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, le texte devrait revenir à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée. "Ce passage en force au Sénat sera une victoire à la Pyrrhus (...) Nous serons mobilisés dès la rentrée pour lui faire obstacle", a promis le député Aurélien Saintoul (LFI).

Le texte bénéficie à la chambre basse du soutien de la majorité du socle commun et de la relative bienveillance du RN, "plutôt partisan de s'abstenir" selon son vice-président Sébastien Chenu.