Contre-offensive ukrainienne dans le sud, « violents combats» autour de Kherson

Un enseignant enlève du verre brisé dans une salle d'une école publique à la suite d'une frappe aérienne à Kharkiv le 27 août 2022. (AFP).
Un enseignant enlève du verre brisé dans une salle d'une école publique à la suite d'une frappe aérienne à Kharkiv le 27 août 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 30 août 2022

Contre-offensive ukrainienne dans le sud, « violents combats» autour de Kherson

  • Le député Serguiï Khlan a évoqué à la télévision ukrainienne "de puissantes attaques d'artillerie sur les positions ennemies (...) sur l'ensemble du territoire de la région occupée de Kherson"
  • Le gouverneur de la région de Zaporijjia (sud) Oleksandre Staroukh a fait savoir mardi à l'aube que la Russie avait lancé une attaque avec des missiles contre la ville éponyme

MYKOLAIV: De "violents combats" se déroulent mardi dans le sud de l'Ukraine où les troupes de Kiev ont lancé une contre-offensive, dans l'espoir de reprendre la ville de Kherson aux mains des Russes.

"De puissantes explosions ont eu lieu toute la journée (lundi) et toute la nuit dans la région de Kherson.

De violents combats se déroulent sur la quasi-totalité du territoire de la région", a indiqué la présidence ukrainienne dans son briefing matinal.

A Bereznehuvate, une ville de l'arrière-front à 70 km au nord de Kherson, de nombreux militaires se reposent au passage constant des blindés, a constaté l'AFP alors que nombreux tirs d'artillerie raisonnent dans les environs.

Certains sont en route vers le front, comme ce petit groupe de soldats attendant que leur char T74, dont le moteur en surchauffe, soit réparé. D'autres en reviennent et se reposent.

"On les a bien enfoncés", dit Victor, un soldat d'infanterie d'une soixantaine d'années qui ne veut pas en dire plus. Son commandant, Oleksandre, vétéran de l'Afghanistan, affirme que la reconquête de Kherson sera "longue et compliquée".

Couper l'approvisionnement

"Les forces armées ukrainiennes ont lancé des actions offensives dans diverses directions", a-t-elle poursuivi, affirmant avoir détruit "un certain nombre de dépôts de munitions" et "tous les grands ponts" permettant aux véhicules de traverser le fleuve Dniepr, afin de couper l'approvisionement de l'armée russe en provenance de la Crimée annexée par Moscou en 2014.

Selon une note du ministère de la Défense britannique, "la plupart des unités (russes) autour de Kherson sont probablement en sous-effectifs et doivent compter sur un approvisionnement fragile par ferry et ponts flottants".

La contre-attaque ukrainienne vise pour l'essentiel à reprendre Kherson - une ville de 280.000 habitants avant le conflit - prise par les Russes dès le début de la guerre le 24 février, selon des responsables locaux.

Le député Serguiï Khlan a évoqué à la télévision ukrainienne "de puissantes attaques d'artillerie sur les positions ennemies (...) sur l'ensemble du territoire de la région occupée de Kherson".

La Russie a pour sa part affirmé dès lundi avoir repoussé des "tentatives d'offensive" ukrainiennes dans les régions de Kherson et de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine.

Selon un communiqué du ministère russe de la Défense publié mardi, "en raison de l'échec de l'offensive ukrainienne (...) l'ennemi a subi de lourdes pertes", soit "1.200 militaires ukrainiens en un jour", ainsi que des dizaines de véhicules militaires.

Selon le commandement "Sud" de l'armée ukrainienne, les Russes ont bombardé Mikolaïv lundi avec 16 missiles anti-aériens S-300 qui ont provoqué des dégâts "importants" notamment sur des bâtiments d'habitation. Deux civils ont été tués et 24 blessés, selon cette source.

Ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.

"L'Ukraine est en train de reprendre ce qui est à elle et reprendra tout au final - les régions de Kharkiv, Lougansk, Donetsk, Zaporijjia, Kherson, la Crimée, les eaux de la mer Noire et de la mer d'Azov (...)", a martelé lundi soir dans son message quotidien le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les bombardements russes n'ont par ailleurs pas cessé sur la ligne de front qui s'étend du nord au sud.

Dans le centre de Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d'Ukraine, au moins cinq personnes ont été tuées dans des bombardements russes, ont annoncé le maire et le gouverneur régional mardi.

Risque nucléaire

Le gouverneur de la région de Zaporijjia (sud) Oleksandre Staroukh a fait savoir mardi à l'aube que la Russie avait lancé une attaque avec des missiles contre la ville éponyme. Il n'y a pas eu de victimes, ni de dégâts importants, selon la même source.

C'est dans cette région que des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sont attendus afin d'inspecter la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, occupée depuis début mars par les Russes et au centre de toutes les tensions.

L'organisme onusien a envoyé une mission, conduite par son directeur général Rafael Grossi, à Zaporijjia, afin de visiter "plus tard cette semaine" les installations.

M. Grossi réclamait depuis plusieurs mois de pouvoir s'y rendre, avertissant du "risque réel de catastrophe nucléaire" après une série de bombardements dont les deux belligérants se rejettent la responsabilité.

Accusée par Kiev d'avoir positionné des pièces d'artillerie sur le site de la centrale, la Russie a dit mardi "espérer que cette mission aura lieu", par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. "Nous l'attendons", a-t-il ajouté.

L'opérateur ukrainien Energoatom a néanmoins affirmé que les soldats russes "mettaient la pression sur le personnel de la centrale pour l'empêcher de révéler des preuves des crimes de l'occupant".

Par ailleurs, les autorités ukrainiennes préparaient la rentrée scolaire prévue jeudi. A Kiev, 132.000 enfants sont attendus dans les classes le 1er septembre, selon le maire Vitali Klitschko.

En outre, alors que l'automne approche, un pas de plus vers le tarissement des flux de gaz russe vers la France a été franchi mardi avec l'annonce par le groupe Engie d'une nouvelle réduction des livraisons du géant Gazprom.

Les livraisons de gaz russe à l'énergéticien français Engie avaient déjà diminué depuis le début du conflit en Ukraine, passant récemment à seulement 1,5 TWh (térawatt-heure) par mois.

Pour sa part, l'Allemagne est "en meilleure position" pour contrer la menace du gaz russe, a affirmé le chancelier Olaf Scholz.

Parallèlement, un navire affrété par l'ONU transportant 23.000 tonnes de blé ukrainien à destination de l'Ethiopie, où des millions d'habitants souffrent de la faim, est arrivé mardi au port de Djibouti, a annoncé le Programme alimentaire mondial (PAM).


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".

 

 


Poutine en Chine cette semaine, en quête d'un soutien plus fort de Pékin

Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine
  • Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était «sans limites»

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine cette semaine avec l'espoir d'obtenir de son "cher ami" Xi Jinping un plus net soutien à sa guerre en Ukraine, une visite annoncée mardi par les deux pays.

Le dirigeant russe "effectuera une visite d'Etat en Chine du 16 au 17 mai", jeudi et vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

Baisse des exportations 

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin.

Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

"Les banques chinoises s'inquiètent de l'impact pour leur réputation et cherchent à éviter de grosses sanctions", souligne Elizabeth Wishnick, spécialiste des relations sino-russes au centre de réflexion américain CNA.

Pas «naïfs»

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les Etats-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie.

"Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les Etats-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Les Russes ne sont pas "naïfs" et "savent très bien que les liens avec l'Occident sont très importants pour la Chine" note M. Gabuev du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Mais ils sont toutefois "certains que la Chine ne les laissera pas tomber", souligne-t-il.


Accusations d'interférences au Royaume-Uni: Londres a convoqué l'ambassadeur chinois

Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
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  • Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire
  • Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère

LONDRES: Londres a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur chinois au lendemain de la présentation à la justice de trois hommes accusés d'aide aux services de renseignement hongkongais et d'interférence étrangère.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a été "sans équivoque" sur le fait que le comportement récent de la Chine n'est "pas acceptable", a indiqué un porte-parole dans un communiqué, évoquant cyberattaques, espionnage et promesse de récompense dans la traque de militants pro-démocratie à Hong Kong.

Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur présentation à la justice lundi à Londres.

Chung Biu Yuen est un chef de l'agence du commerce et de l'économie de Hong Kong (ETO) à Londres, selon le gouvernement hongkongais.

Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère, en vertu de la loi britannique sur la sécurité nationale.

Ils sont notamment accusés d'avoir rassemblé des informations, mené des actions de surveillance "susceptibles d'aider matériellement un service de renseignement étranger dans ses actions liées au Royaume-Uni", et ce entre le 20 décembre 2023 et le 2 mai 2024.

Ils ont également été inculpés pour avoir forcé l'entrée dans une habitation, le 1er mai dernier.

Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique.

En juillet 2023, Londres avait vivement protesté contre les mandats d'arrêt et promesses de récompense visant à appréhender des militants pro-démocratie ayant fui Hong Kong.

Le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a défendu mardi ses agences du commerce à l'étranger (ETO).

"Toute tentative d'allégation injustifiée contre le gouvernement (de Hong Kong) est inacceptable", a-t-il déclaré.

M. Lee a accusé lundi le Royaume-Uni d'avoir "inventé des accusations, arrêté arbitrairement des citoyens chinois et calomnié le gouvernement de Hong Kong". Il a dit mardi avoir demandé des précisions sur cette affaire au consulat britannique à Hong Kong et attendre une réponse.