Une course à Downing Street dans l'ombre de Thatcher

Margaret Thatcher à Fontainebleau et la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss (Photo, AFP).
Margaret Thatcher à Fontainebleau et la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 septembre 2022

Une course à Downing Street dans l'ombre de Thatcher

  • Très clivante, Margaret Thatcher est devenue une icône chez les conservateurs pour avoir écrasé les syndicats
  • Un sondage réalisé en 2019 auprès des adhérents du Parti conservateur la plaçait en deuxième position de leurs dirigeants les plus respectés

LONDRES: Délogée du pouvoir il y a plus de 30 ans, décédée il y a près de 10 ans, Margaret Thatcher a été omniprésente dans la course à Downing Street, reflet de l'admiration encore vouée à la "Dame de fer" au sein du Parti conservateur britannique.

Qui de Liz Truss ou de Rishi Sunak va succéder à Boris Johnson la semaine prochaine? Durant la campagne, interne au parti au pouvoir cet été, répondre à cette question est souvent revenu à s'interroger sur qui, entre la cheffe de la diplomatie qui promet des baisses d'impôts massives et attaque durement les syndicats, et l'ex-ministre des Finances, attaché à l'orthodoxie budgétaire, était le plus fidèle à l'héritage de celle qui a été Première ministre de 1979 à 1990.

Très clivante, Margaret Thatcher est devenue une icône chez les conservateurs pour avoir écrasé les syndicats afin de mettre en oeuvre ses politiques libérales, gagné la guerre des Malouines en 1982 contre l'Argentine et remporté trois élections législatives.

Un sondage réalisé en 2019 par l'institut YouGov auprès des adhérents du Parti conservateur la plaçait en deuxième position de leurs dirigeants les plus respectés avec 93% d'opinions favorables, juste derrière Winston Churchill. 56% des adhérents se qualifiaient de "thatchériens" - plus que tous les autres qualificatifs proposés.

Pour Tim Bale, politologue à l'université Queen Mary de Londres, l'évolution récente du Parti conservateur, de plus en plus "antieuropéen", renforce l'aura de la "Dame de fer" qui tenait tête à Bruxelles et demandait en 1979 qu'on lui "rende (son) argent".

Fin de campagne au Royaume-Uni, Liz Truss aux portes du pouvoir

Après un été de campagne et de quasi vide du pouvoir en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni, la course à Downing Street touche à sa fin vendredi, avec Liz Truss grande favorite face à Rishi Sunak.

Sondages et ralliements successifs n'ont fait que confirmer l'avance considérable de la cheffe de la diplomatie de 47 ans sur l'ancien ministre des Finances de 42 ans, au sein du Parti conservateur, dont les adhérents doivent voter, par la poste ou internet, avant 16H00 GMT.

Le résultat sera proclamé lundi à la mi-journée et sauf coup de théâtre, Liz Truss deviendra mardi la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May.

Nostalgie

"Il y a aussi beaucoup de nostalgie pour la manière dont elle a changé le pays: elle a mis les syndicats à terre, elle a réduit les taxes pour les riches, a favorisé l'accès à la propriété", résume l'expert. "C'est inévitable que (les conservateurs) la voient comme le symbole d'un âge d'or".

D'autant plus que les deux candidats suscitent peu d'enthousiasme et peinent à proposer une vision nouvelle, tranchant avec la modernisation promise par David Cameron ou les promesses de réalisation du Brexit de Boris Johnson.

Favorisant les comparaisons, la conjoncture, relève John Curtice, politologue de l'université de Strathclyde, est "très similaire à celle affrontée par Margaret Thatcher en 1979: une très forte inflation et des conflits sociaux", avec des grèves sans précédent depuis l'époque de la "Dame de fer".

Favorite pour devenir la troisième femme à la tête du gouvernement du Royaume-Uni, Liz Truss a très rapidement été comparée à Mme Thatcher, dont, enfant, elle avait joué le rôle dans une pièce de théâtre.

Chapka et char

Les rapprochements ont été alimentés par un positionnement à la droite du parti (championne du libre-échange et des baisses d'impôt, volonté de limiter le droit de grève...). Des images rappelant Margaret Thatcher sont venues forcer le trait, quand elle a posé en chapka en visite à Moscou et sur la tourelle d'un char en Estonie, ou participé à un débat en arborant un chemisier blanc avec un noeud volumineux.

"N'importe quelle femme en politique est comparée à Theresa May ou Margaret Thatcher, parce qu'il n'y a pas eu autant de femmes que d'hommes au pouvoir", a relativisé Liz Truss, tout en louant l'ancienne Première ministre décédée en 2013.

Soucieux de corriger son image de modéré déplaisant à la base du parti, Rishi Sunak s'est rendu fin juillet à Grantham, ville natale de Margaret Thatcher dans l'est de l'Angleterre.

Il a pris la plume dans le Daily Telegraph, quotidien de référence des conservateurs, pour se présenter en "thatchérien" et promis de mettre en oeuvre "des réformes thatchériennes radicales qui vont libérer la croissance".

Ses alliés ainsi que d'anciens ministres de la défunte dirigeante ont multiplié les interventions pour présenter son programme - réduire l'inflation avant toute baisse d'impôt - comme le plus fidèle à l'orthodoxie budgétaire de Thatcher. Ils ont rappelé que l'ex-Première ministre avait d'abord relevé les impôts et dénoncé comme dangereuses pour les finances publiques les coupes massives de taxes promises par Liz Truss.

Thatcher "était prête à dire ce que les gens n'avaient pas forcément envie d'entendre", a insisté M. Sunak sur la BBC. "C'est ce à quoi je me tiens, je ne veux pas faire des promesses que je ne pourrai pas tenir".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.