La mémoire algérienne de Benjamin Stora

Benjamin Stora a consacré de nombreuses années à la recherche sur l’histoire de l’Algérie et de la France. (Ludovic MARIN/AFP)
Benjamin Stora a consacré de nombreuses années à la recherche sur l’histoire de l’Algérie et de la France. (Ludovic MARIN/AFP)
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Publié le Mercredi 22 juillet 2020

La mémoire algérienne de Benjamin Stora

  • « Une mémoire algérienne », une anthologie des œuvres de Benjamin Stora, est parue en mars dernier et regroupe six de ses ouvrages
  • L’historien est favorable à la poursuite du travail de mémoire entamé entre l’Algérie et la France

PARIS: Né à Constantine en 1950, l’historien Benjamin Stora a consacré une partie de sa carrière à l’histoire de l’Algérie, à la mémoire de la guerre d’Algérie et à l’immigration en France. « Les histoires des immigrés, sont les histoires de la France, elles sont tissées et mélangées, il faudra les faire connaître », souligne l’historien, qui a dirigé le Musée national de l’histoire de l’immigration de 2014 à 2020.

L’intérêt de l’auteur pour l’histoire algérienne remonte à ses années d’études supérieures à l’Université de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Nourri par son engagement politique de militant trotskiste lors des événements de 1968 et les bouleversements politiques et socioculturels qui s’y produisirent, notamment dans le milieu universitaire, l’auteur affirme que c’est par engagement qu’il a effectué des travaux de recherches académiques sur les figures emblématiques du nationalisme algérien. « C’est par l’engagement politique que je suis revenu vers l’histoire algérienne. Je ne voulais pas m’enfermer dans la recherche identitaire », confie-t-il.

Après avoir soutenu une thèse sur la sociologie du nationalisme algérien, Benjamin Stora a consacré de nombreuses années à la recherche sur l’histoire de l’Algérie et de la France. Le militant de la gauche trotskiste affirme que de nombreux révolutionnaires algériens étaient proches de cette idéologie d’extrême gauche. « J’ai eu accès aux archives des nationalistes algériens dont celles de Messali Hadj (ndlr : un des pionniers du mouvement nationaliste algérien) par le biais de sa fille, dans les années 1974-1975 précise l’historien, je me suis intéressé à la révolution algérienne pour raconter l’histoire telle qu’elle s’est déroulée, avec ses acteurs, ses hommes et ses femmes. Je voulais comprendre l’articulation entre le fait nationaliste, le fait religieux et la question de l’islam dans les années 1980. »

Une mémoire algérienne, une anthologie des œuvres de Benjamin Stora, est parue en mars dernier, aux Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, et regroupe six de ses ouvrages, dont : La Dernière Génération d’octobre, Les Guerres sans fin, Le Mystère de Gaulle, François Mitterrand et la guerre d’Algérie, et enfin Les Trois Exils, Juifs d’Algérie. « Cela fait quarante ans que je travaille sur l’histoire de l’Algérie. Ce travail académique accumulé permet, à mon sens, de combler le fossé qui peut exister entre les deux rives de la Méditerranée », explique-t-il.

Dans le sixième livre, Les Clés retrouvées, l’auteur raconte son enfance à Constantine, dans sa ville natale. L’historien explique que l’éditeur a fait le choix de commencer la publication des ouvrages en partant de son parcours personnel, autobiographique, dans l’Algérie de son enfance, pendant la période de la guerre, entre 1954 et 1962. « Ces ouvrages retracent les souvenirs d’enfance, mais aussi l’engagement politique des années 1968 - 1974, et bien sûr des recherches académiques plus récentes qui ont un rapport avec cet engagement politique de trotskiste », raconte l’historien dans un entretien accordé à Radio France International (RFI) lors de la publication de l’ouvrage.

Dans Le Mystère de Gaulle : Son choix pour l’Algérie, publié en 2008, l’historien analyse l’attitude du président Charles de Gaulle lors de la prise du pouvoir en 1958, et sa décision d’ouvrir les négociations avec les révolutionnaires algériens, engagés dans la lutte pour la libération de l’Algérie du colonialisme. « Ce que je voulais expliquer dans ce livre sur de Gaulle, c’est que même avant son arrivée au pouvoir, il avait déjà pris position pour une modification des rapports entre l’Algérie et la France. Ce qui est intéressant dans l’histoire de Charles et l’Algérie, c’est l’attitude qu’il va adopter, celle qui consiste à décoloniser l’Algérie pour préserver le nationalisme français, explique Benjamin Stora. Car, de Gaulle, au fond, ne s’intéressait pas aux intérêts des colonisés. Cette dimension n’a pas été comprise à l’époque. »

Ces livres consacrés à la mémoire algérienne permettent de mieux comprendre la genèse, le déroulement et l’issue de l’histoire des relations passionnelles et passionnées entre l’Algérie et la France, ainsi que le passé colonial de la France en Algérie. La question mémorielle de la colonisation et de la guerre d’Algérie touche des millions de personnes en France (immigrés, binationaux, pieds-noirs, soldats et harkis). « Ce qui manque, c’est la connaissance réciproque des deux sociétés, algérienne et française, car l’absence de travail de mémoire engendre les stéréotypes et les préjugés. Le travail académique des historiens permet de combler ce vide », affirme Benjamin Stora dans une interview accordée à TV5 Monde.

Benjamin Stora est favorable à la poursuite du travail de mémoire entamé entre l’Algérie et la France. Plus récemment, il a soutenu l’initiative du président français Emmanuel Macron de reconnaître la responsabilité de la France dans l’assassinat de Maurice Audin, un mathématicien qui militait pour l’indépendance de l’Algérie.

Le dernier geste en faveur de ce travail de mémoire, tant attendu par les Algériens, concerne la restitution des restes mortuaires (des crânes) de 24 combattants algériens – fusillés et décapités par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850 –, qui étaient exposés comme des trophées de guerre au musée de l’Homme à Paris. Réceptionnés à la veille de la fête du 58e anniversaire de l’indépendance, les combattants algériens, exécutés 171 ans plus tôt, ont été enterrés avec les honneurs et la reconnaissance de l’État et des Algériens.

« Il est fondamental de restituer et de raconter notre histoire commune, ce travail de mémoire est douloureux, mais il doit s’accomplir afin de permettre aux deux pays de construire une relation plus apaisée », nous confie Rachida à la suite de l’hommage national rendu par l’Algérie à ces martyrs le 5 juillet dernier, et dont la cérémonie a été retransmise sur toutes les chaînes de télévisions.

Le travail de restitution a été entamé à la suite de la découverte des crânes des résistants algériens, retrouvés dans les réserves du musée de l’Homme à Paris par l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi. Ce dernier avait lancé, en mai 2011, une pétition pour « le rapatriement des restes mortuaires conservés dans les musées français. »


ilmi, le PNU lance un programme d’études muséales

Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
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  • Nouveaux cours de microcertification ouverts à tous les diplômés du secondaire et de premier cycle
  • Le programme comprend des cours d’arabe, d’anglais, en personne, à distance, à long et à court terme

RIYAD : Un nouveau programme d’études muséales en Arabie saoudite a ouvert ses portes pour l’inscription, offrant des cours de microcertification et de longue durée.

Il est le résultat d’un partenariat entre ilmi, un centre d’apprentissage des sciences, de la technologie, de la lecture, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, et l’Université Princess Nourah bint Abdulrahman.

ilmi — qui signifie « mes connaissances » en arabe — est un centre de science et d’innovation qui vise à autonomiser les jeunes en Arabie saoudite.

Une initiative d’ONG philanthropique créée par la princesse Sara bint Mashour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier Mohammed bin Salman, ilmi est incubée, soutenue et financée par la Fondation Mohammed bin Salman, Misk, et opère en partenariat avec Mohammed bin Salman Nonprofit City.

Le programme d’études muséales comprend des microdiplômes, des diplômes, des cours mineurs et des cours au choix.

Il est ouvert aux jeunes diplômés du secondaire et de l’université désireux d’obtenir des postes de niveau d’entrée dans les musées, ainsi qu’aux professionnels à la recherche de nouveaux ensembles de compétences et de carrières.

Créé par ilmi et des experts du PNU d’Arabie saoudite et du monde entier, le programme offre un mélange d’apprentissage en ligne et en personne, ainsi que des options de scolarité en arabe et en anglais.

Les cours de microcrédit combineront l’apprentissage en ligne et en personne et sont offerts aux candidats de plus de 18 ans.

Les cours comprennent des études d’impact sur les musées, l’éducation et la sensibilisation aux musées, une introduction aux technologies muséales, les bases de la gestion des musées et l’intégration de la technologie numérique.

Les cours proposés aux étudiants du PNU comprennent une introduction aux musées facultatifs et aux mineurs spécialisés dans les musées et la technologie numérique, la conception d’expositions et le développement de contenu.

Un diplôme de deux ans en gestion de musée sera également disponible pour les étudiants du PNU et les jeunes diplômés du secondaire.

Les inscriptions pour le premier cours en ligne sur les microtitres de compétences commencent ce mois-ci : Principes fondamentaux de la gestion des musées.

Tous les autres cours de microdiplômes auront lieu en mai et juin, avec les programmes de diplôme, mineur et électif commençant en septembre au début de l’année académique 2024/25.

Les diplômés du programme peuvent également postuler pour travailler aux côtés d’experts ilmi alors qu’ils conçoivent et lancent des programmes d’apprentissage uniques et informels à travers le Royaume.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire, cliquez ici.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Saudi Cinema Encyclopedia imprime le premier lot de livres de cinéma

L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
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  • Lancement initial de 22 titres dans le cadre du plan de sortie de 100 livres d’ici la fin de l’année
  • La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Saudi Film Festival, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année

RIYAD : L’Encyclopédie du cinéma saoudien, une initiative lancée par la Saudi Cinema Association, débutera avec une première sortie de ses 22 premiers livres, écrits par un groupe international d’auteurs, comme premier lot de publications.

Le projet vise à publier 100 livres dans sa première année, publiés par la maison d’édition Josour Al-Thaqafah.

La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Festival du film saoudien, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année.

L’objectif est d’établir un programme périodique pour la production de livres en arabe afin d’élever l’industrie cinématographique du Royaume d’amateur à une région connue pour son professionnalisme et sa spécialisation.

Abdulwhab Aloryad, directeur de la rédaction de l’Encyclopédie du cinéma saoudien et du bulletin du Festival du film saoudien « Saafa », a déclaré à Arab News que les livres ont été publiés pour améliorer les connaissances des cinéastes.

« Cette encyclopédie vise à ajouter à ce que le Saudi Film Festival a commencé et à être un contributeur actif dans le cinéma saoudien, renforçant les convictions des organisateurs du festival et leurs efforts pour créer une industrie cinématographique compétitive au niveau mondial », a-t-il déclaré.

« La série continuera d’être une icône dans la connaissance du cinéma, avec ses objectifs centraux de dévoiler les talents saoudiens et arabes dans la paternité, en présentant les derniers nouveaux livres en arabe, et le transfert de connaissances spécialisées dans ce domaine de diverses autres langues vers l’arabe pour être accessible à ceux qui s’intéressent à l’industrie cinématographique. »

« Depuis son lancement en 2008, le Saudi Film Festival a cru en son rôle authentique dans le développement culturel et intellectuel destiné aux professionnels de l’industrie cinématographique. Il s’est concentré sur le projet de connaissance et a conduit la roue de la création et de la traduction dans tous les domaines liés à l’industrie cinématographique afin d’élever toutes les étapes de l’industrie cinématographique.

« Partant de cette conviction, le festival a adopté un programme périodique pour la production de livres, présentant plus de 50 livres dans ses éditions précédentes qui mettent en lumière divers aspects de l’industrie cinématographique. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'image d'une Palestinienne avec sa nièce décédée remporte le World Press Photo

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
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  • Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile
  • Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille

AMSTERDAM: L'image poignante d’une Palestinienne endeuillée tenant dans ses bras sa petite nièce, tuée lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo.

Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile qui a frappé leur maison à Khan Younis en octobre.

Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille enveloppé dans un tissu blanc.

La photo a été prise 10 jours après le début du conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

"C'était un moment puissant et triste et j'ai senti que l'image résumait au sens large ce qui se passait dans la bande de Gaza", a déclaré M. Salem, cité dans un communiqué du World Press Photo, prestigieux concours de photojournalisme.

"C'est une image vraiment profondément touchante", a affirmé Fiona Shields, présidente du jury. "Une fois que vous l'avez vue, elle reste en quelque sorte gravé dans votre esprit".

Message littéral et métaphorique

L'image est "comme une sorte de message littéral et métaphorique sur l'horreur et la futilité du conflit" et représente "un argument incroyablement puissant en faveur de la paix", a-t-elle ajouté.

La Sud-Africaine Lee-Ann Olwage, en tournage pour le magazine GEO, a remporté le prix "Histoire de l'année" avec son portrait intime d'une famille malgache vivant avec un parent âgé souffrant de démence.

"Cette histoire aborde un problème de santé universel à travers le prisme de la famille et des soins", ont déclaré les juges.

"La série d'images est composée avec chaleur et tendresse, rappelant au public l'amour et l'intimité nécessaires en période de guerre et d'agression dans le monde entier", ont-ils ajouté.

Le photographe vénézuélien Alejandro Cegarra a remporté le prix du projet "long terme" avec ses images monochromes de migrants et de demandeurs d'asile tentant de traverser la frontière sud du Mexique, prises pour le New York Times/Bloomberg.

Ayant lui même une expérience de migrant, M. Cegarra "a offert une perspective sensible centrée sur l'humain", mettant en avant la résilience des migrants, selon le jury.

Dans la catégorie "format ouvert", l'Ukrainienne Julia Kochetova a gagné avec son site Internet qui "associe le photojournalisme au style documentaire personnel d'un journal intime pour montrer au monde ce que signifie vivre avec la guerre comme réalité quotidienne".

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays. Les photos sont exposées dans l'église Nieuwe Kerk d'Amsterdam jusqu'au 14 juillet.