2022, l'été où l'hémisphère nord a senti la violence du réchauffement climatique

Une vue générale montre des maisons détruites par des crues soudaines près des rives de la rivière Swat après de fortes pluies dans la région de Madyan de la vallée de Swat, province de Khyber Pakhtunkhwa, le 31 août 2022. (AFP)
Une vue générale montre des maisons détruites par des crues soudaines près des rives de la rivière Swat après de fortes pluies dans la région de Madyan de la vallée de Swat, province de Khyber Pakhtunkhwa, le 31 août 2022. (AFP)
Un incendie provoqué par des vents violents brûle sur une crête dans la banlieue de Brigadoon à Perth le 2 février 2021, forçant des évacuations d'urgence quelques jours seulement après que la ville de la côte ouest est entrée dans un verrouillage du coronavirus. (AFP)
Un incendie provoqué par des vents violents brûle sur une crête dans la banlieue de Brigadoon à Perth le 2 février 2021, forçant des évacuations d'urgence quelques jours seulement après que la ville de la côte ouest est entrée dans un verrouillage du coronavirus. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 septembre 2022

2022, l'été où l'hémisphère nord a senti la violence du réchauffement climatique

  • S'il est trop tôt pour attribuer au réchauffement climatique tel ou tel phénomène, leur accumulation est conforme aux prévisions
  • Chaque degré Celsius de réchauffement de la planète équivaut à +7% d'évaporation d'eau dans l'atmosphère, selon les experts climats de l'ONU (Giec)

PARIS : Inondations meurtrières au Pakistan, sécheresses et canicules historiques en Chine et en Europe, pluies diluviennes aux Etats-Unis: d'un bout à l'autre de l'hémisphère nord, les calamités naturelles de l'été 2022 ont matérialisé comme jamais la réalité du réchauffement climatique pour des milliards de personnes.

«Cet été nous enseigne que nous sommes bien en plein dans la crise climatique et que les répercussions sont là, tout autour de nous», dit à l'AFP le climatologue Stefan Rahmstorf. «Nous nous dirigeons vers une catastrophe climatique à l'échelle planétaire si nous n'agissons pas avec rapidité et détermination».

De fait, la chronique des évènements météo extrêmes n'a connu aucun répit: dès le printemps sont apparues les cartes météo cramoisies de l'Inde, écrasée sous une canicule aussi intense que précoce, souvent au-dessus de 45°C; en juin, un «dôme de chaleur» enveloppait 120 millions d'Américains, suivi d'un cortège d'orages et d'inondations, dévastant le célèbre parc Yellowstone.

Puis vinrent les incendies de forêt géants en Espagne et au Portugal, la chute meurtrière d'un glacier en Italie, ou encore la sécheresse historique sur la moitié de la Chine, vidant l'emblématique Yangtsé, vitale source d'eau potable et d'électricité.

- Conforme aux prévisions -

S'il est trop tôt pour attribuer au réchauffement climatique tel ou tel phénomène, leur accumulation est conforme aux prévisions.

«L'augmentation de la température mondiale causée par l'utilisation des énergies fossiles a été prédite correctement depuis les années 1970», rappelle le Pr Rahmstorf, de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat (PIK).

Les canicules se répètent, plus longues, plus chaudes, et «l'ampleur du phénomène correspond à ce qui était prévu au niveau mondial», tout comme l'augmentation des précipitations extrêmes et des sécheresses, «prédite il y a trois décennies».

Toutefois, «l'Europe est un point chaud de canicule, présentant des tendances à la hausse trois à quatre fois plus rapides que le reste des latitudes moyennes du nord». Au Royaume-Uni, la barre des 40°C a été franchie pour la première fois cet été, quand la côte atlantique française pulvérisait parfois ses records de +4 ou +5°C.

«On peut se demander si la sécheresse qui a sévi dans l'hémisphère nord en 2022 peut figurer parmi les plus graves de l'histoire moderne par son ampleur et son intensité», affirme à l'AFP Omar Baddour, expert à l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui en prépare une évaluation scientifique pour la COP27 en novembre en Egypte.

Les effets de la chaleur et de la sécheresse se sont souvent cumulés. Or chaque degré Celsius de réchauffement de la planète équivaut à +7% d'évaporation d'eau dans l'atmosphère, selon les experts climats de l'ONU (Giec).

- «Si on ne fait rien» -

Non sans conséquences, à tous les niveaux: au Pakistan, les moussons cataclysmiques ont fait plus de 1.100 morts, noyé un tiers du pays, détruit les récoltes et frappé plus de 33 millions d'habitants.

La Chine, subissant son été le plus chaud depuis six décennies, a augmenté sa production de charbon, très émetteur de gaz à effet de serre, pour pallier l'arrêt de ses barrages hydroélectriques.

En Europe, la végétation extrêmement sèche s'est embrasée avec facilité dans plusieurs pays, des champs de maïs en France ont grillé sur pieds tandis que les feuilles mortes jonchaient les rues de Londres dès le mois d'août.

L'été 2022, le plus frais du reste de notre vie? «Non, nous aurons des étés plus frais que 2022», assure le climatologue Jean Jouzel, «mais ces étés chauds deviendront de plus en plus fréquents» et «vers 2040-2050, l'été 2022 deviendra la norme».

Pour autant, «ce qu'il faut, c'est laisser l'espoir aux gens, aux jeunes: comment fait-on pour effectivement respecter la neutralité carbone en 2050?», a lancé le scientifique jeudi sur BFMTV.

Pour y parvenir, l'été infernal a-t-il au moins le mérite de réveiller les consciences? «Ce n'est pas parce qu'on doutait de la réalité du réchauffement climatique qu'on n'a pas agi, et ce n'est pas parce qu'on le voit qu'on va se mettre à agir: en matière environnementale, il faut déconnecter conscience et action», met en garde le géographe du CNRS Xavier Arnauld de Sartre. Lui pointe surtout «un manque de volonté».

A l'ONG américaine Union of concerned scientists (UCS), l'été s'est en tout cas fait débaptiser: «la belle saison» est désormais appelée «la saison des dangers».


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.