Oscars 2023: Les films algériens proposés 

« El Akhira - La Dernière Reine » de Damien Ounouri avec Adila Bendimerad dans le rôle de la monarque (Photo, Instagram: @anne_aylies).
« El Akhira - La Dernière Reine » de Damien Ounouri avec Adila Bendimerad dans le rôle de la monarque (Photo, Instagram: @anne_aylies).
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Oscars 2023: Les films algériens proposés 

  • Houria, «comme son sens arabe l’indique, est une ode à la liberté, à la femme et à la Méditerranée»
  • «El Akhira - La dernière reine» nous ramène en arrière dans l’Algérie du  XVIᵉ siècle

ALGER: Salim Dada, musicologue et membre du Comité algérien pour la sélection du film national à concourir pour l’Oscar du « Meilleur film étranger » de l’Academy Awards aux  États-Unis, a annoncé, ce dimanche, au média algérien El Watan, la sélection des quatre films candidats pour cette 95ᵉ édition. 

Ce dernier a également partagé son analyse personnelle de chaque œuvre proposée afin d’en justifier la sélection, « loin de donner ou défendre un choix particulier, la publication de ces notices vise à rendre compte des qualités de chacun de ses films, encourager ceux qui les ont fabriqués et participer, enfin, à la promotion de ces quatre produits cinématographiques en attendant leurs sorties nationales » a-t-il justifié.

Films algériens candidats pour l’Academy Awards

Les films sélectionnés sont les suivants :

Le premier long métrage s’intitule «Halim El Raad», écrit et réalisé par Mohamed Benabdallah, on retrouvera dans la distribution artistique des comédiens récurrents de la scène cinématographique algérienne comme Anes Tenah. 

Il y joue le rôle de Halim, un homme de 25 ans qui refuse de partager la responsabilité familiale avec sa mère. Ce dernier « est coincé dans cette phase d’innocence face à une déficience intellectuelle et à une société de jugement qui ne cesse de lui montrer son rejet ». À noter que ce film évoque, les troubles du spectre autistique. 

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Halim El Raad de Mohamed Benabdellah est disponible depuis le 13 mai 2022 (Photo, Facebook).

D’après l’analyse de Dada, ce film « reste dans sa grande partie noir et dramatique. L’image se focalise sur une société qui n’accepte pas la différence, ne tolère pas la maladie et participe à perpétuer cette relation sadique envers les marginaux jusqu’aux plus jeunes enfants » et d’ajouter,  « cette image est un constat réaliste de notre société ». 

La seconde œuvre cinématographique est « Houria » de Mounia Meddour. Forte du succès de Papicha, Meddour fait de nouveau appel à sa muse Lyna Khoudri rejointe par l’actrice émérite Rachida Brakni qu’elle a réuni dans ce film exclusivement féminin. 

L'histoire prend place dans l’Algérie des années 2000. Houria jouée par Lyna Khoudri est une jeune danseuse dont le destin et les rêves sont bouleversés quand elle est violemment agressée. 

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« Houria » de Mounia Meddour (Photo, Instagram: @Mounia.Meddour).
 

Cette dernière tente de guérir par le biais de la danse et grâce au soutien d’une communauté de femmes. Sa transformation progressive, selon le regard de Salem Dada «n’est pas fictive ni issue d’un trouble psychiatrique, c’est le récit fidèle du processus d’évolution artistique, ou celui de la vie en général».

Il explique également que Houria, «comme son sens arabe l’indique, est une ode à la liberté, à la femme et à la Méditerranée».

L'Histoire avec un grand H

Le troisième long métrage proposé, «El Akhira - La dernière reine » nous ramène en arrière dans l’Algérie du  XVIᵉ siècle. Ce film historique réalisé par Damien Ounouri et Adila Bendimrad prend place en 1516, dans « une Alger qui n’était pas encore française ni turque, mais presque sous l’emprise espagnole suite à la chute de Grenade ». 

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« El Akhira - La dernière reine » nous ramène en arrière dans l’Algérie du  XVIᵉ siècle (Photo, Instagram @cilimastation).

D’après le musicologue de formation, cette  œuvre s’est distinguée dans la sélection dans la mesure où  « le corpus filmique sur cette époque est quasi rare, et La dernière reine comble bien ce vide en offrant un récit historique ». 

Toujours dans un contexte de restauration historique, le quatrième film candidat dont le titre est « Nos frangins » réalisé par Rachid Bouchareb, retrace les trois jours d’émeutes estudiantines de décembre 1986, à Paris. 

Émeutes provoquées par le « projet de loi Devaquet » présenté fin 1986 par le ministre délégué Alain Devaquet prévoyait de sélectionner les étudiants à l'entrée des universités, et de mettre celles-ci en concurrence. 

Ce projet de loi, très contesté par les étudiants et lycéens à l’époque, mènera à leur décente en masse dans les rues pour exprimer leur désaccord. Il a été retiré le 8 décembre 1986, créant la polémique suite à la mort de deux étudiants.

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Ce film «commémore une histoire qui mérite d’être connue et un film qui dénonce des bavures qui doivent être reconnues» (Photo, Instagram:@raphaelpersonnaz).

Le long métrage raconte justement la vie des deux jeunes d’origine algérienne, Malik Oussekine et Abdel Benyahia, âgés respectivement de 22 et 20 ans, tués par des policiers lors des protestations.

« Le scénario de Kaouther Adimi et Bouchareb lui-même est digne d’une enquête policière. Il n’est pas dans le jugement ni dans la revendication, comme il n’est pas dans le récit biographique des victimes ni dans la prosopographie des familles immigrées. » félicite Salim Dada, avant d’ajouter que ce film  « commémore une histoire qui mérite d’être connue et un film qui dénonce des bavures qui doivent être reconnues». 

La 95e cérémonie des Oscars, présentée par l'Académie des arts et des sciences du cinéma, devrait avoir lieu au Dolby Theatre de Los Angeles le 12 mars prochain.


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com