Patience et larmes pour un dernier salut à Elizabeth II

Les Britanniques défilent en flux continu et en silence jeudi devant le cercueil de leur bien-aimée reine Elizabeth II à Londres. (AFP).
Les Britanniques défilent en flux continu et en silence jeudi devant le cercueil de leur bien-aimée reine Elizabeth II à Londres. (AFP).
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Publié le Jeudi 15 septembre 2022

Patience et larmes pour un dernier salut à Elizabeth II

  • La longue queue, qui s'étendait sur plus de trois kilomètres jeudi matin, de Westminster Hall jusqu'à l'autre côté de la Tamise, est loin de les décourager
  • Dernière étape avant les funérailles d'un poignant deuil national d'une dizaine de jours, la dépouille est accessible au public depuis mercredi en fin d'après-midi

LONDRES: Après avoir patienté des heures pendant la nuit, les Britanniques défilent en flux continu et en silence jeudi devant le cercueil de leur bien-aimée reine Elizabeth II à Londres, avant des funérailles grandioses lundi.

Vivres, bouteilles d'eau et surtout une très grande dose de patience sont nécessaires pour se recueillir brièvement devant le cercueil fermé de la souveraine de 96 ans, décédée le 8 septembre et unanimement saluée pour son dévouement total à la Couronne, en lui adressant baisers ou révérence, les yeux souvent rougis par les larmes.

La longue queue, qui s'étendait sur plus de trois kilomètres jeudi matin, de Westminster Hall jusqu'à l'autre côté de la Tamise, est loin de les décourager. Pas plus que la sécurité draconienne mise en place  - l'un des gardes chargés de veiller sur la dépouille jour et nuit a fait un malaise.

Arrivée dans la queue jeudi dès 6H00 du matin pour voir le cercueil, Lisa Doodson, qui vit en banlieue de Londres, se félicite de la bonne organisation et de l'atmosphère: "tout le monde est heureux d'être là, mais cela va devenir plus triste" lorsque viendra le moment de se recueillir.

"Nous sommes là pour dire merci. Et, aussi, pour participer à ce moment historique", explique-t-elle à l'AFP.

Après avoir réussi à voir le cercueil, Sue Harvey, comptable de 50 ans, décrit une expérience "incroyablement émouvante", "beaucoup de gens en pleurs", mais dans "un silence total". "Je voulais être sûre de la voir, quelle que soit la longueur de la file d'attente", poursuit-elle, avant de filer déposer des fleurs près du palais de Buckingham.

Dernière étape avant les funérailles d'un poignant deuil national d'une dizaine de jours, la dépouille est accessible au public depuis mercredi en fin d'après-midi. Elle a alors été transférée lors d'une procession solennelle chargée d'émotion depuis le palais de Buckingham, résidence officielle d'Elizabeth II durant ses 70 ans de règne record.

Pour ne pas perdre sa place dans la queue, seule une courte pause pipi est possible dans l'un des 500 WC temporaires spécialement érigés pour l'occasion. Des centaines de volontaires ont été prévus pour encadrer la foule, ainsi que des rafraîchissements dans les commerces ou institutions longeant la file, comme le National Theatre.

Couronne 

Arrivée d'Ecosse où la souveraine s'est éteinte, la dépouille est présentée sur un imposant catafalque à Westminster Hall, la plus vieille salle du Parlement britannique ouverte 24 heures sur 24 jusqu'à lundi 06H30, jour des ultimes adieux avec des funérailles nationales à l'abbaye de Westminster, en présence de centaines de dignitaires étrangers et de têtes couronnées.

Posé sur un affût de canon, recouvert de l'étendard royal et surmonté de la couronne impériale portée par Elizabeth II lors de son couronnement en 1953, le cercueil de chêne avait été suivi à pied par le roi Charles III, fils aîné de la monarque, et d'autres membres de premier plan de la famille royale.

Certains membres du public avaient pris les devants, n'hésitant pas à patienter dès la nuit précédente face au Parlement. Les autorités ont prévenu de "restrictions draconiennes", dignes des aéroports, et demandé au public de se "vêtir de manière appropriée pour rendre hommage" à la souveraine, omniprésente durant plusieurs générations de Britanniques et roc de stabilité dans les crises et les changements.

Sécurité « draconienne »

A l'intérieur de Westminster Hall, le public ne peut apporter qu'un petit sac et aucune nourriture ou boisson n'est autorisée.

Avant ces longs adieux sur plusieurs jours, le cercueil d'Elizabeth II avait déjà été exposé pendant 24 heures à Edimbourg, de lundi soir à mardi, salué par quelque 33.000 personnes.

Lundi, l'affluence s'annonce encore plus massive pour les funérailles du siècle, un énorme défi sécuritaire auquel Londres se prépare fébrilement.

Pour cet événement historique, un jour férié a été décrété et de nombreuses entreprises, dont quasiment tous les supermarchés, garderont le rideau baissé.

En attendant, Charles III, le nouveau souverain âgé de 73 ans, s'est retiré jeudi dans sa résidence de campagne de Highgrove pour sa première journée sans engagement officiel depuis son accession au trône. Avec la reine consort Camilla il se rendra vendredi au Pays de Galles, dernière étape de leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni après l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande du Nord.

Plus âgé que tous les souverains britanniques au moment de leur accession au trône, il s'installe dans ses fonctions à une période difficile pour le Royaume-Uni tout juste doté d'une nouvelle Première ministre, Liz Truss, et plongé dans une crise sociale et économique. Longtemps faible, la cote de popularité du nouveau roi a monté en flèche depuis son accession au trône.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».