Salvador: la candidature à la réélection du président Bukele relance le débat constitutionnel

L'annonce par le président salvadorien Nayib Bukele de sa candidature à la réélection en 2024 relance le débat sur le caractère constitutionnel d'une telle décision. (AFP)
L'annonce par le président salvadorien Nayib Bukele de sa candidature à la réélection en 2024 relance le débat sur le caractère constitutionnel d'une telle décision. (AFP)
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Publié le Samedi 17 septembre 2022

Salvador: la candidature à la réélection du président Bukele relance le débat constitutionnel

  • En septembre 2021, la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême avait interprété un article de la Constitution dans un sens permettant à M. Bukele de se représenter
  • L'interdiction constitutionnelle de se présenter à un second mandat consécutif a pourtant toujours été jusqu'ici respectée par ses prédécesseurs

SAN SALVADOR: L'annonce par le président salvadorien Nayib Bukele de sa candidature à la réélection en 2024 relance le débat sur le caractère constitutionnel d'une telle décision, normalement interdite mais rendue possible par un arrêt polémique de juges de la Cour suprême nommés par la majorité parlementaire favorable au chef de l'Etat.

"J'annonce au peuple salvadorien que j'ai décidé de présenter ma candidature pour la présidence de la République" lors des prochaines élections en 2024, a déclaré M. Bukele jeudi soir à l'occasion d'un discours radio-télévisé pour la célébration du 201e anniversaire de l'indépendance du pays.

En septembre 2021, la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême avait interprété un article de la Constitution dans un sens permettant à M. Bukele de se représenter. L'interdiction constitutionnelle de se présenter à un second mandat consécutif a pourtant toujours été jusqu'ici respectée par ses prédécesseurs.

«Interprétation sur mesure»

"L'arrêt (de la Cour suprême) n'est pas conforme au droit. Le texte constitutionnel a été manipulé et il en a été fait une interprétation erronée et sur mesure (pour M. Bukele) car la réélection n'est pas permise" par la Constitution, dénonce Eduardo Escobar, directeur de l'ONG anticorruption Action citoyenne.

En mai 2021, la toute nouvelle majorité parlementaire favorable au président Bukele avait destitué les magistrats de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême, ainsi que le procureur général, avant de nommer de nouveaux juges, ce qui avait été qualifié de mesure "antidémocratique" par les Etats-Unis.

Nayib "Bukele veut se perpétuer au pouvoir (...) Nous sommes sur la voie de la transformation du Salvador en un autre Nicaragua", soupire M. Escobar. Le président nicaraguayen Daniel Ortega a lui aussi profité d'opportunes réformes constitutionnelles pour obtenir en novembre dernier un quatrième mandat consécutif.

En dépit de l'écrasante popularité dont il jouit dans la population grâce à sa "guerre contre le crime", le jeune président salvadorien est aussi la cible d'accusations d'autoritarisme de la part de ses opposants et d'organisations de défense des droits de l'homme.

"Si nous nous en tenons à l'arrêt de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême, la voie de la réélection est ouverte car c'est l'interprétation de la Chambre. Il n'y a rien à y faire, que cela nous plaise ou non", estime l'analyste politique et avocat Julio Valdivieso.

"La seule manière d'empêcher la réélection" serait que la même juridiction "émette un nouvel arrêt qui corrigerait" sa précédente décision, tranche l'analyste politique Marvin Aguilar, pour qui une telle possibilité est pour le moment des plus improbable.

"Tout est question d'interprétation de la Constitution. Il a été opéré un changement de jurisprudence qui n'est peut-être pas le plus correct (mais) ce n'est pas illégal puisque c'est ce qu'a établi la plus haute instance juridique constitutionnelle", ajoute M. Aguilar.

«Rester à tout prix au pouvoir»

La décision de se représenter à l'élection présidentielle montre "l'évidente intention du (président) Bukele de rester à tout prix au pouvoir", juge Jaime Guevara, chef de file des députés du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), le parti de gauche dont M. Bukele était membre jusqu'à son expulsion en 2017, accusé d'en avoir insulté une responsable.

Pour les Salvadoriens, l'annonce du président Bukele n'est pas vraiment une surprise.

"C'est la meilleure décision qu'il pouvait prendre", se félicite Armando Rodríguez, un chauffeur de taxi de 54 ans.

"On critique ce président parce qu'il travaille, qu'il distribue la richesse au peuple en donnant beaucoup d'aides", déplore le chauffeur de taxi.

Les ONG salvadoriennes et internationales de défense des droits de l'homme critiquent notamment le gouvernement Bukele pour avoir imposé depuis le mois de mars l'état d'exception afin de mener "la guerre" aux bandes criminelles qui terrorisent le pays. Plus de 52.000 membres présumés de ces bandes, les redoutées "maras", ont depuis été arrêtés.

La sous-directrice pour les Amériques de l'ONG Human Rights Watch (HRW), Tamara Taraciuk, a dénoncé récemment un "désastre en matière de droits de l'homme" sous le régime d'exception.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.