Nouvelle hausse des taux en vue à la Fed, l'inflation décidément tenace

La statue de George Washington au Federal Hall National Memorial à Wall Street, de l'autre côté de la Bourse de New York, le 27 janvier 2021. (AFP)
La statue de George Washington au Federal Hall National Memorial à Wall Street, de l'autre côté de la Bourse de New York, le 27 janvier 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 18 septembre 2022

Nouvelle hausse des taux en vue à la Fed, l'inflation décidément tenace

  • Logement, alimentation, voitures neuves, ... : la hausse des prix est restée plus forte que prévu en août, achevant de convaincre la Fed d'agir
  • La première économie du monde montre bien quelques signes d'un timide ralentissement de la demande, dans l'immobilier qui fait grise mine, ou encore le secteur manufacturier

WASHINGTON: La banque centrale américaine (Fed), bien décidée à ne pas laisser l'inflation s'installer durablement, devrait décider, mardi et mercredi lors de sa réunion, d'un nouveau fort relèvement de ses taux directeurs, malgré les menaces de récession.

Logement, alimentation, voitures neuves, ... : la hausse des prix est restée plus forte que prévu en août, achevant de convaincre la Fed d'agir. A + 8,3% sur un an, la progression de l'indice CPI de l'inflation a certes légèrement ralenti, grâce à la baisse des prix de l'essence, mais elle reste trop élevée.

La première économie du monde montre bien quelques signes d'un timide ralentissement de la demande, dans l'immobilier qui fait grise mine, ou encore le secteur manufacturier.

Mais "sans surprise, la Fed relèvera de nouveau ses taux de 75 points de base", prévoit Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

L'institution monétaire, qui a relevé ses taux directeurs à quatre reprises depuis mars, avait déjà eu recours à cette hausse, la plus forte depuis 1994, en juin puis en juillet.

Ses taux directeurs sont actuellement compris entre 2,25 et 2,50%. Elle les relève progressivement, afin de renchérir le coût du crédit pour les particuliers et entreprises, et ainsi ralentir la consommation et l'investissement.

Son homologue européenne, la BCE, a elle aussi frappé un grand coup contre l'inflation début septembre, et relevé ses taux de 75 points de base ses taux directeurs, du jamais vu depuis la création de l'euro.

«Chiffres brûlants»

L'essentiel des acteurs du marché s'attend à voir la Fed relever ses taux mercredi de 75 points de base (trois quarts de points de pourcentage), selon l'évaluation des produits à terme de CME Group.

Mais une hausse encore plus forte, d'un point de pourcentage (100 points de base), n'est pas à exclure.

Les "chiffres brûlants" de l'inflation "ont fait monter la pression sur la Réserve fédérale pour qu'elle augmente les taux d'un point de pourcentage", souligne Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG.

"Ce sera l'une des décisions les plus difficiles et les plus politiquement chargées. Cela marque le premier pas de la Réserve fédérale vers une véritable récession", a-t-elle ajouté.

Ralentir l'activité économique sans provoquer de récession, faire augmenter le taux de chômage mais pas trop, ... C'est un périlleux numéro d'équilibriste qui attend la puissante institution.

Il y a "un risque" de récession", a reconnu récemment la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, affirmant cependant que la priorité est de juguler cette hausse des prix.

La hausse des taux devrait "mener les Etats-Unis" à une courte récession, a averti pour sa part Dana Peterson, cheffe économiste du Conference Board, vendredi lors d'une conférence de presse.

Des taux directeurs qui dépasseraient 4% provoqueraient même "un ralentissement économique beaucoup plus profond et potentiellement plus long", ajoute-t-elle.

Prévisions économiques 

En plus de sa décision sur les taux, la Fed actualisera ses prévisions en matière de croissance du PIB, d'inflation et de taux de chômage.

"Les projections économiques actualisées évoqueront-t-elles une récession ?", s'interroge Nancy Vanden Houten.

L'excellente santé du marché du travail donne cependant à la Fed de la marge pour être agressive. Le taux de chômage aux Etats-Unis est de 3,7%, l'un des plus bas des 50 dernières années, et il n'y a pas assez de travailleurs pour occuper tous les postes vacants.

L'ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, qui avait été l'un des premiers en 2021, à mettre en garde contre une "surchauffe" de l'économie, penche lui aussi pour une hausse d'un point de pourcentage, pour "renforcer la crédibilité" de la Fed, c'est-à-dire montrer qu'elle peut agir efficacement contre l'inflation, a-t-il tweeté.

Car la banque centrale américaine, qui a longtemps considéré cet épisode d'inflation comme transitoire seulement, veut désormais agir avant que l'histoire ne se répète.

"Le temps presse", a récemment déclaré le président de la Fed Jerome Powell, alors que plane le spectre de l'inflation des années 1970 et 1980.

Pendant près de dix ans, les prix avaient flambé, la hausse frôlant certains mois les 15% sur un an, et les tentatives de la Fed pour la contrôler avaient échoué.

Son président de l'époque, Paul Volcker, avait dû prendre des mesures drastiques pour ramener durablement l'inflation dans les clous, qui avaient conduit à une profonde récession et à un taux de chômage de plus de 10%.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.