La Russie balaye le «mensonge» de la découverte de centaines de corps à Izioum

Des médecins légistes transportent des sacs mortuaires dans une forêt près d'Izioum, dans l'est de l'Ukraine, le 19 septembre 2022, où les enquêteurs ukrainiens ont découvert plus de 440 tombes (Photo, AFP).
Des médecins légistes transportent des sacs mortuaires dans une forêt près d'Izioum, dans l'est de l'Ukraine, le 19 septembre 2022, où les enquêteurs ukrainiens ont découvert plus de 440 tombes (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 20 septembre 2022

La Russie balaye le «mensonge» de la découverte de centaines de corps à Izioum

  • «C'est un mensonge. Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire», a assuré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov
  • Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les territoires qu'elles contrôlent en Ukraine, et notamment à Boutcha

KIEV: Le Kremlin a qualifié lundi de "mensonge" la découverte de centaines de tombes dans une forêt près de la ville d'Izioum, récemment reprises par les forces ukrainiennes, dernière dénégation russe en date quant à des exactions.

Les autorités ukrainiennes ont annoncé cette macabre découverte vendredi près de cette cité de quelques 50 000 habitants avant la guerre, passée sous occupation russe d'avril à début septembre.

Des journalistes de l'AFP ont vu vendredi sur place des centaines de tombes marquées d'une croix et de numéros ou de noms et de dates, ainsi qu'une fosse commune renfermant 17 corps de soldats ukrainiens, selon les médecins-légistes.

Au moins l'un des cadavres avait les mains liées avec une corde.

Selon les autorités ukrainiennes, plus de 440 tombes ont été retrouvées dans cette forêt près d'Izioum, où la police nationale a aussi dit avoir découvert, comme dans d'autre localités reprises récemment, des "salles de torture".

"C'est un mensonge. Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire", a assuré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui évoqué samedi "de nouvelles preuves de torture" à Izioum, où "le processus d'exhumation se poursuit".

Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les territoires qu'elles contrôlent en Ukraine, et notamment à Boutcha, en périphérie de Kiev, où avaient été retrouvés après leur départ fin mars des cadavres de civils froidement exécutés dans les rues.

Moscou nie avoir commis ces crimes, évoquant une "falsification" ukrainienne.

La présidence tchèque de l'UE a appelé samedi à la création d'un tribunal international spécial pour Izioum et l'ONU a dit vouloir envoyer "sous peu" une équipe.

Centrale nucléaire visée

Sur le terrain lundi, l'Ukraine a accusé l'armée russe d'avoir bombardé le site de la centrale nucléaire de Pivdennooukraïnsk, dans le Sud du pays, après des semaines de tensions autour de celle de Zaporijjia, occupée par Moscou et visée par de multiples frappes.

Selon l'opérateur Energoatom, "une puissante explosion s'est produite à seulement 300 mètres des réacteurs" de cette centrale, la prêtant à une frappe nocturne d'un missile russe.

Le président Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois assuré que la Russie mettait "en danger le monde entier" et appelé à "l'arrêter tant qu'il n'est pas trop tard".

Dans son discours du soir, M. Zelensky a assuré que l'armée ukrainienne "tenait fermement ses positions" et "stabilisait la situation" dans la région de Kharkiv, alors que depuis plusieurs jours l'avancée ukrainienne a ralenti.

À Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine, 13 civils ont été tués lundi dans une frappe ukrainienne "punitive" sur une place de cette ville qui échappe au contrôle de Kiev depuis 2014, selon le maire pro-Moscou.

Dans la région voisine de Lougansk, les séparatistes ont condamné à 13 ans de prison deux employés de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), accusés de "haute trahison" pour avoir fourni des "informations confidentielles" à des services de renseignement étrangers.

Dans le reste de l'Ukraine, 10 civils ont été tués et 22 blessés ces dernières 24 heures, selon le bilan de la présidence ukrainienne, qui a rapporté des bombardements dans plusieurs régions le long du front et des combats essentiellement dans celle de Lougansk, dans l'Est.

Pas d'eau, pas d'électricité

Dans la région de Kharkiv, au nord-est, les journalistes de l'AFP ont constaté des combats d'artillerie sur le front de Koupiansk, tandis qu'un flux régulier de civils traumatisés quittaient la ville, passée sous contrôle ukrainien.

Dans les rues de la ville, d'immenses affiches de propagande prorusse étaient encore visibles, les rues étaient elles jonchées de débris de verre, de douilles de cartouches et de restes de rations.

"Il n'y a pas de lumière, pas d'électricité, depuis une semaine. Pas d'eau", a déclaré Rouslan, un ancien policier de 49 ans.

Dans la même région, les journalistes de l'AFP ont aussi recueilli les témoignages d'Ukrainiens ayant dit avoir subi des tortures aux mains de militaires russes durant l'occupation des forces russes.

"Ils m'ont frappé les talons, le dos, les jambes et les reins", témoigne Mykhaïlo Tchindeï, 67 ans, rencontré à l'hôpital d'Izioum. Il dit avoir été détenu douze jours dans une cellule humide et que ses geôliers lui ont cassé le bras à coup de barre de métal.

Les soldats russes l'accusaient d'avoir donné aux forces ukrainiennes les coordonnées d'une école dans laquelle ils s'étaient installés. Un bombardement ukrainien y avait tué de nombreux militaires.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.