Affaire Quatennens: LFI sous la pression de la majorité, effet domino vers EELV et Bayou

Adrien Quatennens, membre du parti de gauche La France Insoumise (Photo, AFP).
Adrien Quatennens, membre du parti de gauche La France Insoumise (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Affaire Quatennens: LFI sous la pression de la majorité, effet domino vers EELV et Bayou

  • Elles estiment en effet que «les agresseurs et auteurs de violences ne peuvent pas représenter nos combats politiques»
  • L'affaire a eu un effet domino chez les écologistes

PARIS: Les violences faites aux femmes continuent de plonger la gauche dans la tourmente: LFI, engluée dans l'affaire Quatennens, a essuyé un feu roulant de critiques des pontes de la majorité, tandis que les écologistes ont suspendu Julien Bayou de sa coprésidence du groupe.

Interrogée sur Jean-Luc Mélenchon, la Première ministre Elisabeth Borne a jugé "évidemment extrêmement choquant d'avoir quelqu'un qui banalise les violences intra-familiales".

Elle ciblait la réaction, controversée jusqu'au sein de La France insoumise, de l'ex-candidat à la présidentielle au retrait de la coordination d'Adrien Quatennens, qui a avoué dimanche des violences conjugales.

Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé dans un tweet "la malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux", saluant en revanche la "dignité" et le "courage" de M. Quatennens. Avant de tenter de corriger le tir dans un deuxième tweet : "Une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien l'assume. C'est bien".

Devant la presse en début de soirée mardi, la présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé a jugé qu'à partir du moment où Adrien Quatennens a "reconnu des violences", il n'a "pas sa place dans l’enceinte d’un hémicycle".

La députée de Paris Danièle Obono a, sur BFMTV, indiqué qu'Adrien Quatennens serait "en retrait de son travail parlementaire" mais "pas interdit d'hémicycle".

Dans une tribune publiée dans Libération, 550 militantes féministes, encartées pour certaines dans des partis de gauche, "exigent qu'il démissionne de son mandat parlementaire, et que la cellule de LFI envisage sérieusement tous les degrés de sanctions disponibles".

Elles estiment en effet que "les agresseurs et auteurs de violences ne peuvent pas représenter nos combats politiques".

Sommées de répondre sur M. Mélenchon et la gestion de LFI, qui essuie sa troisième affaire de mœurs en un an après les affaires Coquerel et Bouhafs, des députées insoumises n'ont pas caché leur malaise en conférence de presse mardi matin.

Pour gérer les cas de violences sexistes, "nous essayons de mettre des mécanismes en place, ça n'est pas parfait", a admis la députée Clémentine Autain.

L'élue de Seine-Saint-Denis a toutefois estimé qu'il fallait reconnaître la "complexité" de telles situations, nécessitant de respecter la présomption d'innocence des mis en cause, de prendre en compte la difficulté sur le plan "humain" de traiter le cas de "camarades" ou encore le respect des victimes.

Danièle Obono a souligné que les députés LFI allaient assister à une formation "obligatoire" sur les violences sexistes et sexuelles lors de leurs journées parlementaires de jeudi et vendredi.

Clémentine Autain a par ailleurs eu une pointe d'amertume en demandant "la même vigilance, le même acharnement" vis-à-vis d'autres partis comme LREM, qui à ses yeux n'a pas été "traquée de la même manière" sur le cas Abad.

D'une affaire à l'autre ? 

L'affaire a eu un effet domino chez les écologistes. Mardi soir, après des heures d'hésitation, le bureau du groupe écologiste à l'Assemblée - fort de 23 députés - a décidé de suspendre Julien Bayou de ses fonctions de coprésident.

La pression devenait trop forte, 24 heures après les accusations de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes" par la députée EELV Sandrine Rousseau, formulées sur un plateau de télévision.

L'ancienne finaliste de la primaire a raconté avoir "reçu longuement" chez elle une ex-compagne "très déprimée" de M. Bayou. L'éco-féministe a assuré qu'"elles sont manifestement plusieurs" à être concernées par ces comportements, évoquant une "enquête journalistique en cours".

"Le groupe écologiste prend très au sérieux la parole des femmes et le sujet des violences faites aux femmes", ont indiqué les écologistes mardi soir. La "mise en retrait" de Julien Bayou "ne vaut pas démission" et a été décidée "sans présager des conclusions de cette affaire et pour assurer la sérénité de la rentrée parlementaire", ont-ils ajouté.

Cyrielle Châtelain reste pour l'heure seule présidente du groupe écologiste.

EELV a écarté l'idée que sa cellule interne sur les violences et harcèlements sexuels, "saisie en juillet 2022 pour un signalement concernant Julien Bayou", soit trop lente.

L'élue EELV Marine Tondelier, qui devrait briguer la tête du parti dans les prochains mois, a expliqué à l'AFP: "Ces personnes sont bénévoles et travaillent sur des affaires par définition sensibles, ce qui nécessite du temps et du calme pour recueillir la parole et prendre les décisions qui s’imposent". Et Mme Tondelier d'indiquer que si les membres de la cellule l'avaient pensé nécessaire, "ils auraient eu toute latitude de suspendre" Julien Bayou de son poste de secrétaire national.

Par ailleurs, Marine Tondelier a estimé : "Ce genre d'affaires ne peut pas se régler dans la presse, y compris pour protéger les femmes qui parlent", mais à travers "une cellule indépendante".

"Lorsqu'elles seront portées à sa connaissance, EELV suivra les recommandations de la cellule", a promis le parti.


Vote de confiance: Valls appelle à un «sursaut» pour un «accord» entre forces de gouvernement

Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits". (AFP)
Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits". (AFP)
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  • Cet accord "est indispensable, sinon quelle est la solution ?", a ajouté l'ancien Premier ministre, pour qui une dissolution serait "pour les formations politiques de gouvernement, pour les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la mena
  • Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits"

PARIS: Un "sursaut" des formations politiques de gouvernement "pour trouver un accord sur le budget" est "indispensable" avant le vote de confiance du gouvernement Bayrou le 8 septembre, a estimé jeudi le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

"Il faut être sérieux: j'en appelle à l'effort, à un sursaut des formations politiques de gouvernement pour trouver un accord sur le budget", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Cet accord "est indispensable, sinon quelle est la solution ?", a ajouté l'ancien Premier ministre, pour qui une dissolution serait "pour les formations politiques de gouvernement, pour les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la menace d'une quasi-disparition et de se retrouver sous la menace de LFI et du Rassemblement national".

Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet "doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits".

"Il faut trouver des solutions: elles doivent être justes sur le plan fiscal et social, chacun doit être mis à contribution, y compris les plus riches et les grandes entreprises. Chacun doit participer à cet effort", selon lui.

D'ici le 8 septembre, le ministre des Outre-mer "continuera sa mission", avec notamment un déplacement à Mayotte lundi et mardi.

Manuel Valls est rentré cette semaine de Nouvelle-Calédonie, où il a poursuivi la mise en application de l'accord de Bougival signé en juillet entre l'Etat, les non-indépendantistes et les indépendantistes, même si ceux du FLNKS ont depuis rejeté le texte.


François Bayrou jeudi devant un Medef hostile à tout retour de l'ISF

Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif"
  • Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale"

PARIS: François Bayrou, désormais prêt "à toutes les négociations nécessaires" sur le budget s'il remporte son pari d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale, viendra l'évoquer jeudi devant un Medef fermement opposé à tout retour d'un impôt de type ISF, souhaité par la gauche.

Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif".

M. Bayrou, qui a présenté le 15 juillet les grandes lignes d'un effort budgétaire de 44 milliards d'euros en 2026, s'attirant la désapprobation des oppositions avec des idées comme la suppression de deux jours fériés, a surpris lundi en annonçant qu'il se soumettrait à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre.

Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale", en application de l'article 49-1 de la Constitution.

Les oppositions ayant annoncé qu'elles voteraient contre, M. Bayrou a affirmé mercredi sur TF1 qu'il recevrait les responsables de partis et de groupes parlementaires à partir de lundi pour "examiner les choses avec eux", avec pour "condition préalable de s'entendre sur l'importance de l'effort" à réaliser.

Mardi et jeudi, ce sont les partenaires sociaux auxquels le Premier ministre a rendu ou rendra visite.

La cheffe de file de la CFDT Marylise Léon est favorable à faire contribuer davantage les plus riches au budget, alors que Patrick Martin estime que, "quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF serait ravageur pour notre économie, et nous nous y opposerons".

Déjà incisif mercredi à la tribune de la REF, il a accusé jeudi matin sur BFM Business les hommes politiques "d'être dans un monde parallèle et de ne pas voir ce qui se passe sur la planète sur le plan économique" notamment en matière de concurrence internationale.

"Que ceux qui expriment de manière politicienne ce genre de propositions", une forte taxation du patrimoine des plus riches, "n'oublient jamais que si les chefs d'entreprises lèvent le crayon, le pays part en vrille", a-t-il soutenu.

Le Medef est davantage ouvert à "un double effacement", selon M. Martin, la remise en cause de certains avantages financiers consentis aux entreprises contre "un abaissement des seuils d'imposition à l'euro près, si possible avec un gain".

Il a néanmoins espéré "un ressaisissement de la part des partis dits de gouvernement pour, le temps qu'il faudra, passer au-dessus de leurs calculs (...) individuels, poser les colts et discuter avec les chefs d'entreprise."

A quatre jours de commencer à recevoir les chefs de partis à Matignon, François Bayrou les manquera de peu, jeudi à la REF.

En effet, événement-phare de cette université d'été, la table ronde de clôture réunira, une heure après la fin d'intervention du Premier ministre, l'ensemble des chefs de partis pour un débat sur l'avenir économique du pays.

 


Global Sumud Flotilla : Greta Thunberg, Alexis Deswaef et des centaines d’activistes prennent la mer pour Gaza

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens.  (Photo X)
Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. (Photo X)
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  • Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
  • Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”

PARIS: Une nouvelle flottille humanitaire, baptisée “Global Sumud Flotilla”, s’apprête à quitter plusieurs ports méditerranéens dans les prochains jours pour tenter de “briser le blocus israélien illégal” imposé à la bande de Gaza. L’initiative, qui réunira des centaines de militants, humanitaires, artistes et médecins venus de 44 pays différents, se veut une réponse citoyenne face à ce que ses organisateurs qualifient de “nettoyage ethnique” et de “génocide en cours”.

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. Parmi les personnalités impliquées figurent Greta Thunberg, l’actrice américaine Susan Sarandon, l’acteur suédois Gustaf Skarsgård, l’Irlandais Liam Cunningham et plusieurs médecins et humanitaires.

Alexis Deswaef en première ligne

Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”, déclare-t-il.

Il s’agit de sa deuxième tentative d’atteindre Gaza. En juin dernier, lors de la Marche to Gaza, il avait été bloqué au canal de Suez par les autorités égyptiennes. Cette fois-ci, il se dit déterminé :“Cette action internationale est la réponse citoyenne à l’inaction de nos gouvernements face à ce génocide diffusé en direct sur nos téléphones portables, avec la famine organisée par l’armée d’occupation israélienne et un nettoyage ethnique en cours sous nos yeux.”

Un contexte explosif

La tentative de la Global Sumud Flotilla s’inscrit dans un contexte de guerre qui dure depuis 22 mois. Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, au moins 61 430 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne, des chiffres jugés fiables par l’ONU.

Le conflit a été déclenché par l’attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui avait causé 1 219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels.

Les précédentes tentatives de briser le blocus se sont heurtées à la force. Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, transportant 12 militants de plusieurs nationalités, avait été arraisonné par l’armée israélienne à 185 km des côtes de Gaza. Les passagers avaient ensuite été expulsés, certains après une brève détention.

Organisation et indépendance

La Global Sumud Flotilla se définit comme une organisation “indépendante”, non affiliée à aucun gouvernement ou parti politique. Si le nombre exact de bateaux n’a pas été révélé, les organisateurs promettent une mobilisation sans précédent.