En s'électrifiant, Ford redonne du lustre à une usine historique

Enjoliveurs de roue pour les camions F-150 à carburant Ford Motor Co. en cours de production dans leur usine de camions à Dearborn, Michigan, le 20 septembre 2022. (AFP)
Enjoliveurs de roue pour les camions F-150 à carburant Ford Motor Co. en cours de production dans leur usine de camions à Dearborn, Michigan, le 20 septembre 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 25 septembre 2022

En s'électrifiant, Ford redonne du lustre à une usine historique

  • Sur les routes depuis le printemps, le Lightning fait partie de la gamme grandissante de véhicules électriques proposés aux Etats-Unis, aussi bien par les constructeurs traditionnels comme Ford que par Tesla ou Rivian
  • L'usine, longtemps symbole des chaînes de production qui ont révolutionné l'industrie, a un temps perdu de sa superbe, plombée par les restructurations et les sols pollués

DEARBORN: Les engins de construction s'activent à nouveau sur le site historique du vénérable constructeur automobile américain Ford à Dearborn, dans le nord des Etats-Unis, mais cette fois pour faire de la place à un futur sans pétrole.

L'usine est surtout, pour l'instant, le lieu de fabrication du F-150, un pick-up au moteur à essence vrombissant. Les chaînes en produisent un toutes les 53 secondes.

Mais en septembre 2020, Ford a engagé, non loin, la construction d'une usine un peu plus petite, pour y fabriquer la version électrique du F-150, le Lightning.

Sur les routes depuis le printemps, le Lightning fait partie de la gamme grandissante de véhicules électriques proposés aux Etats-Unis, aussi bien par les constructeurs traditionnels comme Ford que par Tesla ou Rivian.

Au salon de l'automobile de Detroit la semaine dernière, le président américain Joe Biden l'a affirmé: "Le grand road trip américain va devenir complètement électrique".

Face à l'afflux de réservations pour le Lightning, qui a cumulé environ 200 000 commandes depuis mai 2021, Ford a quadruplé son objectif de production initiale.

Le groupe finira-t-il par vendre plus de F-150 Litghning qu'à moteur thermique? C'est la question à l'esprit de tous les grands groupes automobiles, qui investissent des milliards de dollars dans les véhicules électriques tout en continuant à produire des millions de véhicules traditionnels chaque année.

"Le secteur change tellement vite, personne ne peut vraiment prédire ce qui va se passer", explique Chris Skaggs, en charge de l'expansion de l'usine du F-150.

"Mais on s'adapte et on va chercher les bonnes ressources pour construire les batteries et monter en puissance afin de répondre à la demande, quelle qu'elle soit", souligne le responsable.

Avions de combat et Mustang 

"Cela fait 29 ans que je suis dans le métier et je pensais que je serais à la retraite bien avant qu'on arrive là où on est actuellement", relève aussi M. Skaggs.

Le Lightning marque la dernière transformation en date du complexe de Dearborn, où est aussi installé le siège de Ford.

Il a été construit entre 1917 et 1928 et abritait à l'origine aussi bien la fabrication des pneus que celles des moteurs.

A son pic dans les années 1930, plus de 100 000 salariés y travaillaient. Pendant la Seconde Guerre mondiale, on y construisait des avions de combat. Puis y furent assemblés quelques véhicules emblématiques de Ford, comme la Thunderbird ou la Mustang.

L'usine, longtemps symbole des chaînes de production qui ont révolutionné l'industrie, a un temps perdu de sa superbe, plombée par les restructurations et les sols pollués.

Mais William Clay Ford Jr, l'arrière-petit-fils du fondateur Henry Ford, a insisté pour que le site soit revitalisé et a engagé, peu après son arrivée au poste de président du conseil d'administration en 1999, une rénovation à 2 milliards de dollars.

L'usine de pick-up a ouvert en 2004.

Flexibilité, au cas où 

Le succès du F-150, le véhicule le plus vendu aux Etats-Unis depuis 40 ans, ne s'est jamais démenti.

L'usine fonctionne 24 heures sur 24, avec 4 500 employés aux trois-huit.

Les plus grosses pièces du pick-up sont découpées dans des bobines d'aluminium avant d'être peintes puis assemblées.

L'engin circule ensuite à travers des centaines de stations de travail où sont installés les moteurs, les câbles et autres composants avant que soit vérifié l'alignement des roues et des phares et que des ordinateurs confirment que tous les éléments sont fixés en toute sécurité.

Le tout en quelques heures.

Dans l'usine fabriquant la version électrique, l'ambiance est moins survoltée, en partie en raison des efforts effectués sur l'ergonomie.

L'assemblage des pick-up suit toujours une chaîne de production mais s'arrête à moins de stations.

L'expansion en cours permettra de doubler la surface de l'usine et d'y ajouter plus de travailleurs -- ils sont 500 actuellement -- afin de parvenir à produire 150.000 véhicules par an d'ici un an, affirme M. Skaggs.

Mais tout est prévu pour être "flexible" afin que le site puisse être utilisé aussi bien pour des F-150 à moteurs thermiques qu'électriques.

"Si on s'est trompé, on pourra construire plus d'appareils avec des moteurs à combustion", explique le responsable. "Si les véhicules à batteries électriques décollent vraiment, comme on le prévoit, on pourra encore monter en puissance".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".