Cyberattaque d'un hôpital en Essonne: des données de santé divulguées

Les hackers avaient fixé un ultimatum à l'hôpital pour payer la rançon au 23 septembre (Photo, AFP).
Les hackers avaient fixé un ultimatum à l'hôpital pour payer la rançon au 23 septembre (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 25 septembre 2022

Cyberattaque d'un hôpital en Essonne: des données de santé divulguées

  • C'est le blog de cybersécurité Zataz.com, qui avait donné l'alerte, affirmant qu'une «première diffusion (de données) a(vait) été orchestrée sous la forme d'un fichier compacté de 11,7 gigaoctets»
  • Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris et confiée aux gendarmes du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N)

PARIS : Les pirates informatiques auteurs de l'attaque contre l'hôpital de Corbeil-Essonnes en août ont mis à exécution leurs menaces en divulguant les informations de santé volées, faisant planer un risque de chantage ou d'extorsion sur les personnes concernées.

"Je condamne avec la plus grande fermeté la divulgation inqualifiable de données piratées issues du centre hospitalier de Corbeil-Essonnes" a déclaré le ministre de la Santé François Braun dans un tweet dimanche après-midi.

"Nous ne céderons pas face à ces criminels. L'ensemble des services de l’État sont mobilisés" au côté de l'hôpital, a-t-il ajouté.

Selon les informations fournies dimanche par l'hôpital, les informations divulguées par les pirates via le "dark web" (les sites internet non référencés par les navigateurs classiques) "semblent concerner nos usagers, notre personnel ainsi que nos partenaires"

Parmi elles figurent "certaines données administratives", dont le numéro de sécurité sociale, et "certaines données santé telles que des compte-rendus d'examen et en particulier des dossiers externes d'anatomocytopathologie, de radiologie, laboratoires d'analyse, médecins", a poursuivi le centre hospitalier.

"L'attaque semble avoir été circonscrite aux serveurs virtuels et à une partie seulement de l’espace de stockage du CHSF (environ 10%)", ajoute-t-il.

C'est le blog de cybersécurité Zataz.com, qui avait donné l'alerte, affirmant qu'une "première diffusion (de données) a(vait) été orchestrée sous la forme d'un fichier compacté de 11,7 gigaoctets".

Selon Damien Bancal, l'auteur du blog qui a pu consulter le fichier, celui-ci contient des documents aussi variés que des examens médicaux, des recours à la couverture médicale universelle (CMU), et une autorisation d'internement d'office en service psychiatrique.

"Néanmoins, à ce stade de l'analyse des éléments en la possession des services enquêteurs, il n'est pas possible" d'accéder facilement aux données, a précisé à l'AFP le parquet de Paris.

"Seuls les initiés peuvent accéder aux données" a confirmé M. Bancal à l'AFP.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris et confiée aux gendarmes du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N).

Le risque est désormais que des escrocs utilisent les données accessibles pour monter de nouvelles attaques ciblées, en utilisant les informations personnelles à leur disposition pour capter la confiance de la victime.

Mesures de sécurité

Les attaquants vont par exemple rechercher "des patrons, des personnalités importantes", et monter des arnaques comme "les fraudes au président", où l'escroc arrive à obtenir un virement bancaire d'une institution en se faisant passer pour son dirigeant ou son directeur financier, a expliqué M. Bancal.

Les attaquants peuvent aussi utiliser les numéros de téléphone pour monter les arnaques aux comptes personnels de formation (CPF) ou aux cryptomonnaies, les adresses mail pour faire du "hameçonnage" (en anglais "phishing", inciter l'internaute à télécharger des fichiers malveillants ou à cliquer sur des liens pour lui extorquer des identifiants et code d'accès...).

Dans son communiqué de presse, le centre hospitalier de Corbeil-Essonnes a rappelé plusieurs mesures de sécurité à suivre par les personnes potentiellement concernées.

En cas de réception d'un email, SMS, ou appel téléphonique demandant telle ou telle action à l'usager, il faut "vérifier que l’expéditeur est bien légitime et en lien avec le sujet" et  "ne jamais fournir d’informations confidentielles (bancaires, mots de passe…)".

Il faut "être vigilant si le ton du message est pressant, qu’il vous pousse à l’action, d’autant plus si vous n’attendiez pas ce message", a également indiqué l'hôpital.

Celui-ci recommande aussi de "vérifier les comptes associés" à un numéro de Sécurité sociale et d'en changer les mots de passe "au moindre doute".

Selon Zataz, les hackers avaient fixé un ultimatum au 23 septembre à l'hôpital pour payer la rançon.

L'hôpital, situé dans l'Essonne, au sud de Paris, assure la couverture sanitaire de près de 700.000 habitants de la grande couronne.

Il avait été victime le 21 août d'une cyberattaque avec demande de rançon de 10 millions de dollars, ramenée ensuite à un ou deux million de dollars, selon les sources.

Les établissements publics ne paient jamais les rançons, la loi le leur interdisant.

 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.