Les conséquences de la mort de Mahsa Amini sur la minorité kurde d’Iran

La mort de Mahsa Amini reflète le fossé entre les défenseurs de l’égalité des sexes et le régime théocratique autoritaire (Photo, AFP).
La mort de Mahsa Amini reflète le fossé entre les défenseurs de l’égalité des sexes et le régime théocratique autoritaire (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 septembre 2022

Les conséquences de la mort de Mahsa Amini sur la minorité kurde d’Iran

  • Ce groupe ethnique qui défend l’égalité des sexes était déjà inadapté dans la théocratie autoritaire
  • Depuis la révolution islamique de 1979, les kurdes ont subi les foudres de l’État sécuritaire

LONDRES: Depuis la mort de Mahsa Amini qui avait été placée en garde à vue par la police iranienne des mœurs, les manifestations ont fait rage dans les villes de la République islamique, à commencer par la province natale de la jeune fille, le Kurdistan.

Amini, âgée de 22 ans, est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran par le Gasht-e Ershad, la police des mœurs. Cette dernière applique des règles strictes sur la tenue vestimentaire des femmes, notamment le port du voile.

Sa mort a souligné l’oppression et la marginalisation des femmes en Iran ainsi que les mauvais traitements infligés aux minorités ethniques non persanes du pays, notamment la population kurde concentrée dans l’ouest du pays.

Cela a également mis en évidence le traitement contrasté des femmes dans d’autres régions du Moyen-Orient, où les kurdes constituent effectivement la majorité de la population locale – voire dans le nord de l’Irak, le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie – et où les femmes occupent d’ailleurs une place majeure dans la vie civique et militaire.

Une manifestation a eu lieu le 24 septembre en solidarité avec les femmes iraniennes devant l’enceinte de l’Organisation des Nations Unies à Erbil, la capitale de la région semi-autonome du Kurdistan irakien. La majorité des participants était des kurdes iraniens qui vivent volontairement en exil dans une ville connue pour son esprit de tolérance.

Les groupes d’opposition kurdes se sont toujours battus pour une vision alternative de la société (Photo, AFP).

Les manifestants, portant des pancartes avec le visage d’Amini, ont répété «femmes, vie, liberté» et «mort au dictateur» en référence au leader iranien suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Namam Ismaili, un manifestant kurde iranien de Sardasht, une ville kurde du nord-ouest de l’Iran a déclaré à Reuters : «Ils l’ont tuée à cause d’une mèche de cheveux qui dépassait son voile. Les jeunes demandent la liberté. Ils demandent des droits pour tout le monde parce que tout le monde est digne de liberté.»

Quant à lui, Maysoon Majidi, acteur et réalisateur kurde iranien vivant à Irbil affirme à l’AFP : «nous ne sommes ni contre la religion ni contre l’Islam. Nous sommes des laïcs et nous voulons que la religion soit séparée de la politique.»  

Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS, a condamné vendredi le meurtre d’Amini, le jugeant «d’échec moral» des autorités au pouvoir en Iran (Photo, AFP).

La semaine dernière, Masoud Barzani, président du parti au pouvoir au Kurdistan irakien, le parti démocratique du Kurdistan, a appelé la famille d'Amini afin d’exprimer ses condoléances, espérant que justice soit rendue.

Dans toute la région et au sein de la grande diaspora européenne de la communauté, l’identité politique kurde adhère aux traditions laïques, nationalistes et même socialistes. Or, dans le cas des kurdes d’Iran, cela les met souvent en désaccord avec le régime théocratique du pays.

Les manifestants ont mis la main sur la ville à majorité kurde d’Oshnavieh, dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan le 23 septembre. Ils ont incendié les bureaux gouvernementaux, les banques et une base qui appartient au Corps des gardiens de la révolution islamique du régime.

En retour, le CGRI, accusant les kurdes de créer du «chaos», a bombardé les bureaux des groupes d’opposition kurdes iraniens, dont la base est à Sidakan, en Irak.

L’agence de presse Tasnim affiliée au CGRI a annoncé que le bombardement visait les bureaux de Komala et du parti démocratique du Kurdistan d’Iran pour avoir envoyer «des équipes armées ainsi qu’une grande quantité d’armes…dans les villes frontalières du pays, pour semer le chaos.»

Le PDKI est un parti d’opposition kurde qui a mené une campagne armée intermittente contre le régime de la révolution islamique. Le Komala est un parti d’opposition armé kurde de gauche, se battant pour les droits des kurdes en Iran.

Bien que la Constitution iranienne accorde aux minorités ethniques des droits égaux qui leurs permettent d’utiliser leur propre langue et de pratiquer leurs propres traditions, les kurdes, les arabes ahwazis, les baloutches ainsi que d’autres groupes se plaignent d’être traités comme des citoyens d’une seconde classe. Leurs ressources sont extraites, leurs villes servent d’investissements et leurs communautés sont agressivement surveillées.

Cela fait des décennies que les groupes d’opposition kurdes en Iran se battent pour obtenir des droits politiques et culturels plus importants pour leurs communautés qui sont réparties dans une partie du pays connue des kurdes sous le nom de Rojhelat – ou le Kurdistan oriental.

Les kurdes, les arabes ahwazis, les baloutches ainsi que d’autres groupes se plaignent d’être traités comme des citoyens de seconde zone en Iran (Photo, AFP).

Cet esprit nationaliste montre d’ailleurs que l’émancipation des femmes est considérée comme une préoccupation secondaire par rapport à la lutte globale pour la nation kurde, en particulier en ce qui concerne les dirigeants kurdes irakiens, qui ont longtemps puisé leur soutien dans les structures tribales traditionnelles.

Cependant, les groupes d’opposition kurdes se sont constamment battues ailleurs dans la région pour une autre vision de la société qui soit basée sur les valeurs démocratiques et sur l’égalité des femmes.

Cela est surtout évident dans l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, où le bras politique des Forces démocratiques syriennes alliées aux États-Unis a établi un régime autonome connu des Kurdes sous le nom de Rojava, soit le Kurdistan occidental.

Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS, a condamné vendredi le meurtre d’Amini, le jugeant «d’échec moral» des autorités au pouvoir en Iran.

Il a également exprimé sa solidarité avec les manifestations en Iran sur Twitter, déclarant : «les problèmes des kurdes et des femmes doivent être résolus de façon appropriée.» 

Au Rojava, les femmes kurdes qui combattent dans les brigades contre Daech on atteint un statut emblématique – notamment les Unités de protection des femmes, ou YPJ, les brigades entièrement féminines des Unités de protection du peuple.

Ces combattantes des YPJ ont été acclamées dans le monde entier en 2014 pour le rôle qu’elles ont joué dans la libération de Kobane, une ville à majorité kurde dans le nord de la Syrie, d’un groupe extrémiste dont l’interprétation tordue de l’Islam les aurait vus asservis.

Peu de temps après leur victoire, les images des jeunes combattantes kurdes des YPJ dévoilées sont apparues sur les couvertures de magazines et dans les journaux du monde entier, démolissant ainsi de nombreux stéréotypes dominants en Occident à propos des femmes du Moyen-Orient qui apparaissent comme des victimes passives.

Au sein de l’AANES, il existe désormais plusieurs organisations réservées aux femmes. Pourtant, dans les régions de Syrie sous contrôle des YPJ, le mariage des enfants a été aboli, la pratique des hommes épousant plusieurs femmes a été interdite et la violence domestique a été traitée très sévèrement.

L’importance accordée aux femmes a également conduit à une politique appelée système de «co-présidence» selon laquelle tous les postes d’autorité sont occupés à la fois par un homme et une femme avec un pouvoir de collaboration égal. Ainsi, les femmes des régions kurdes en Syrie occupent 50% des postes officiels.

Un modèle similaire est utilisé par le parti démocratique des peuples pro-kurde en Turquie ainsi que dans les rangs du parti des travailleurs du Kurdistan, inspiré par les valeurs de son fondateur emprisonné, Abdullah Ocalan.

Bien que les crimes d’honneur et les mutilations génitales féminines soient restés très courants dans quelques parties de la région du Kurdistan irakien, la participation politique et le leadership des femmes se sont améliorés ces dernières années. Le rôle du président du parlement du Kurdistan a d’ailleurs était occupé par une femme à deux reprises.

En 2018, le gouvernement régional du Kurdistan a augmenté son quota féminin au Parlement de 25% à 30%. Ainsi, 24 des 111 députés sont désormais des femmes.

L’attaque de Daech contre les femmes yézidies à Sinjar en août 2014 a d’ailleurs incité davantage les femmes kurdes à rejoindre les premières lignes de guerre et à remettre en question leur rôle de victime et de simples soignantes protectrices.

Cela a entrainé des changements dans la société kurde en ce qui concerne le rôle et l’identité des femmes qui ont par la suite adhérer aux Peshmergas – les forces armées de la région du Kurdistan en Irak.

Bien que les récentes réalisations soient nombreuses, Sherri Talabany, la militante des femmes kurdes irakiennes, a rapporté lors du Forum MERI de 2019 que les femmes font toujours face à la violence domestique et ne représente qu’une faible part du marché du travail, voire 14%.

En parallèle, 3 des 23 membres du cabinet irakien et 1 des 21 ministres dans le cabinet KRG sont des femmes.

Pourtant, la situation est bien plus grave en Iran. La participation des femmes au marché du travail n’a atteint que 17,54 % en 2019, contre une moyenne mondiale de 47,70%. Ceci donne donc à l’Iran l’un des taux les plus bas de participation des femmes au marché du travail au monde.

En Iran, les femmes sont également confrontées à des restrictions pour accéder à des postes de direction et de prise de décision dans les secteurs public et privé. De plus, en raison des sanctions occidentales, des politiques économiques et de la pandémie, l’économie iranienne s’est contractée durant ces dernières années, ce qui a affecté les opportunités d’emploi des femmes.

Les kurdes sont le quatrième groupe ethnique du Moyen-Orient (Washington Institute for Near East Policy, F. Balanche & M. Horan)

Les manifestations en réponse à la mort d’Amini semblent montrer que les mauvais traitements infligés aux femmes et aux minorités ethniques sont rejetés et qu’il existe une frustration énorme face à la situation économique et une indignation face à la brutalité de la police des mœurs.

Certains iraniens qui traversent le Kurdistan irakien pour travailler ou visiter des proches ont déclaré à l’AFP que la mort d’Amini a été un déclencheur. Cette explosion de colère était alimentée par la longue crise économique et la répression.

Azad Husseini, un kurde iranien qui travaille actuellement comme charpentier en Irak a déclaré à l’AFP que «la situation économique difficile en Iran, la répression des libertés, notamment celle des femmes et des droits du peuple iranien ont conduit à une implosion de la situation.»

«Je doute que les manifestations dans les villes iraniennes se terminent de si tôt.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.