«  Extrême droite », « post fasciste »: la difficile qualification des nouveaux populismes

Au milieu des années 1990, le patron du MSI, Gianfranco Fini, a lui-même théorisé le "post-fascisme", "c'est-à-dire des fascistes qui ont évolué", rappelle Stéphane François, à l'image des "post-communistes" italiens qui avaient pris leur distance avec Moscou. (AFP).
Au milieu des années 1990, le patron du MSI, Gianfranco Fini, a lui-même théorisé le "post-fascisme", "c'est-à-dire des fascistes qui ont évolué", rappelle Stéphane François, à l'image des "post-communistes" italiens qui avaient pris leur distance avec Moscou. (AFP).
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Publié le Mardi 27 septembre 2022

«  Extrême droite », « post fasciste »: la difficile qualification des nouveaux populismes

  • La victoire dimanche en Italie du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia, renvoie au "post fascisme" et à "l'extrême droite"
  • "Pour l'instant, Mme Meloni est post-fasciste", soutient Stéphane François, une notion contestée par Pascal Perrineau, selon qui les évolutions doctrinales de Fratelli d'Italia "vont bien au-delà du post-fascisme"

PARIS: La victoire dimanche en Italie du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia, renvoie au "post fascisme" et à "l'extrême droite", des qualificatifs parfois récusés par les intéressés, notamment par Marine Le Pen en France, mais globalement validés par les chercheurs qui pointent toutefois des nuances selon les formations.

« Extrême droite »

Le Rassemblement national est-il d'extrême droite? "Oui, parce qu'il y a la volonté de Marine Le Pen de changer le +socle de constitutionnalité+", notamment avec l'introduction de la "préférence nationale", estime le professeur de sciences politiques Stéphane François, de l'université de Mons (Belgique).

Le politologue Pascal Perrineau considère également que le qualificatif "a du sens" concernant le parti qui compte 89 députés en France, mais préfère lui appliquer le terme de "droite radicale" et relève qu'"en matière économique et sociale, il n'est plus situable à l'extrême de la droite".

Concernant Fratelli d'Italia, c'est "plutôt un parti d'extrême droite - avec des marqueurs comme le nativisme [qui discrimine les personnes pas nées sur le territoire national], le rejet des élites - mais qui tend à édulcorer son discours pour passer à un parti très conservateur", note Stéphane François.

Pascal Perrineau estime également que l'atlantisme affiché par la leader italienne fait qu'il est "compliqué" de la classer à l'extrême droite, a contrario de la Ligue de Matteo Salvini - membre de la coalition victorieuse en Italie et allié historique du Rassemblement national.

« Néo-fascisme » et «post-fascisme »

Quid du fascisme et de ses dérivés ? Créé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le Mouvement social italien (MSI) - dont le Front national fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 se voulait le calque, en reprenant l'emblème de la flamme tricolore - entendait rassembler les nostalgiques de Mussolini dans un parti "néo-fasciste".

Au milieu des années 1990, le patron du MSI, Gianfranco Fini, a lui-même théorisé le "post-fascisme", "c'est-à-dire des fascistes qui ont évolué", rappelle Stéphane François, à l'image des "post-communistes" italiens qui avaient pris leur distance avec Moscou.

Giorgia Meloni, à la tête de Fratelli d'Italia, héritier direct du MSI, reconnaît encore aujourd'hui à Mussolini d'avoir "beaucoup accompli", sans l'exonérer de ses "erreurs" tout en affirmant que, dans son parti, "il n'y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme".

"Pour l'instant, Mme Meloni est post-fasciste", soutient Stéphane François, une notion contestée par Pascal Perrineau, selon qui les évolutions doctrinales de Fratelli d'Italia "vont bien au-delà du post-fascisme".

Les deux chercheurs conviennent en outre que le qualificatif ne peut pas s'appliquer à Marine Le Pen: "ni le Front national ni le Rassemblement national ne sont dans la tradition fasciste, mais dans celles des ligues du XIXe siècle et des années 1920", résume M. François.

« (National-)populisme »

Rejet des élites et "opposition à la globalisation", qu'elle soit économique, politique - "l'Union européenne, le G7, le G20" - ou sociétale, "c'est-à-dire contre les sociétés cosmopolites": le RN, Fratelli d'Italia ou la Ligue relèvent tous d'un "national-populisme", avance Pascal Perrineau.

"Leur idéologie rompt un lien avec la démocratie représentative", abonde Stéphane François, même si les deux chercheurs notent que le "populisme" n'est pas l'apanage de l'extrême droite: "la France insoumise en France ou, au moins à un moment, Podemos en Espagne et Syriza en Grèce", relèvent également du concept.

« Identitaires »

Définis par Stéphane François comme ceux qui "mettent en avant une identité et, dans le cas de l'extrême droite, de l'identité blanche et d'une unité culturelle en Europe", les "identitaires" et leurs thèses prospèrent auprès d'Eric Zemmour en France ou de la Ligue en Italie, mais beaucoup moins chez Fratelli d'Italia ou au RN, estime le chercheur.

L'idée renvoie à la théorie constestée du "grand remplacement", c'est-à-dire la supposée substitution de la population européenne par une population immigrée, un concept que Marine Le Pen a toujours dit percevoir avec circonspection.

"Au FN comme au RN, l'idée que les colonies font partie de la France a toujours été bien plus forte que les Antillais ne sont pas de ma race+", fait valoir Stéphane François.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.