Elections US: Le citoyen Donald Trump sera moins libre sur Twitter

Un tweet de la page de Donald Trump (Photo, Olivier DOULIERY/AFP).
Un tweet de la page de Donald Trump (Photo, Olivier DOULIERY/AFP).
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Publié le Samedi 07 novembre 2020

Elections US: Le citoyen Donald Trump sera moins libre sur Twitter

  • Quand il quittera la Maison Blanche, le milliardaire républicain redeviendra un justiciable lambda aux yeux des Etats-Unis, et un utilisateur comme les autres de Twitter
  • En clair : là où les tweets mensongers ou menaçants d'un utilisateur pourraient être supprimés, ceux du président - nombreux - sont simplement masqués

SAN FRANCISCO: Gérer l'irascible Donald Trump fait partie pour les réseaux sociaux de ces combats sans issue, à la frontière brumeuse entre lutte contre la désinformation et respect de la liberté d'expression. Et le problème ne disparaîtra pas le jour où il ne sera plus président des Etats-Unis.

Quand il quittera la Maison Blanche, le milliardaire républicain redeviendra un justiciable lambda aux yeux des Etats-Unis, et un utilisateur comme les autres de Twitter, son canal de communication favori.

Il bénéfice actuellement de l'exception accordée aux dirigeants politiques par le réseau des gazouillis : « Notre approche concernant les dirigeants mondiaux, les candidats et les responsables publics est fondée sur le principe que les personnes doivent pouvoir choisir de voir ce que disent leurs leaders, avec du contexte clair », a expliqué un porte-parole du groupe basé à San Francisco.

Cette exception ne s'applique qu'aux « leaders en exercice et aux candidats, pas aux citoyens une fois qu'ils n'occupent plus ces positions », a ajouté Twitter, rappelant aussi que les personnalités politiques n'étaient pas au-dessus des lois du réseau en cas d'apologie du terrorisme ou de pédophilie, entre autres.

En clair : là où les tweets mensongers ou menaçants d'un utilisateur pourraient être supprimés, ceux du président - nombreux - sont simplement masqués.

Mais quand il sera redevenu le « citoyen Trump », « s'il continue à appeler à la violence et à enfreindre le règlement, Twitter, Facebook, YouTube et tous les autres devront prendre le problème au sérieux et ne pas hésiter à le bannir en cas de besoin », commente Hany Farid, spécialiste des réseaux sociaux à l'université de Berkeley.

Droit fondamental

Twitter peut, s'il le juge nécessaire, suspendre un compte de façon permanente et interdire la création de nouveaux profils en cas d'infractions graves et répétées.

Donald Trump se plaint déjà régulièrement que les réseaux, surtout Twitter, « censurent » son camp politique et ne respectent pas la liberté d'expression. 

Mais un tel biais n'a jamais été prouvé dans les faits, au contraire, comme le montre la capacité de groupes de droite à mobiliser les foules sur les plateformes. 

Surtout, « les gens confondent le droit de dire des choses et le droit de les amplifier en s'adressant à davantage de personnes. Les réseaux sociaux, c'est l'amplification, et ce n'est pas un droit fondamental », analyse le professeur.

« Quand vous créez un compte, vous acceptez les règles de ces entreprises privées », continue-t-il. « Je ne vois aucun républicain se plaindre de l'interdiction de la pornographie sur Facebook ».

Le président a fait de Twitter sa tribune de prédilection. Elle lui a longtemps permis de s'adresser directement à ses partisans et à ses détracteurs, sans filtre... Jusqu'à ce que les plateformes ne doivent sévir, sous la pression de la société civile. 

Mais les mensonges et emportements sur des sujets aussi graves que la santé, au début de la pandémie de Covid-19, ou sur les manifestations antiracisme cet été, ont fait déborder le vase.

Donald Trump ne peut donc plus vraiment partir en roue libre sur les réseaux, qui se comportent de plus en plus comme des médias, en prenant des décisions éditoriales.

Plusieurs chaînes américaines ont interrompu jeudi soir la diffusion d'une allocution du président, estimant qu'l faisait de la désinformation.

La voie de la raison

A grands coups de lettres majuscules, le président américain tempête depuis mardi soir qu'il a gagné des Etats-clés où le dépouillement est toujours en cours, que les démocrates organisent des fraudes électorales pour lui « voler » l'élection.

« Tous les votes qui arrivent après l'élection ne seront pas comptés ! » s'exclamait-il encore jeudi, à tort, à l'attention de ses 88 millions d'abonnés.

Twitter a masqué ce message et une douzaine d'autres, y compris des vidéos, avec la même mention : « Une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce tweet est contestée et susceptible d'être trompeuse quant au mode de participation à une élection ».

Les tweets ne peuvent pas être aussi facilement partagés que d'ordinaire, mais ils restent lisibles d'un clic, au grand dam de certaines ONG qui demandent leur retrait, au nom de la lutte contre la désinformation.

Casey Fiesler, professeure en sciences de l'information à l'université de Colorado Boulder, estime que c'est une « stratégie raisonnable « entre l'intérêt du public à savoir que le chef d'Etat prétend avoir gagné et l'impératif de ne pas les induire en erreur.

Mais les avertissements de Twitter, et ceux, similaires, de Facebook, n'ont pas empêché les vitupérations du candidat de se traduire en manifestations de militants républicains, jusque devant des bureaux de vote, de l'Arizona à la Pennsylvanie, pour appeler à « arrêter de compter » ou à ne compter que « les votes légaux », selon la formule de Donald Trump.


Le Premier ministre écossais Humza Yousaf pourrait démissionner

Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
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  • Humza Yousaf, 39 ans, avait été élu à la tête du SNP en mars 2023, après la démission surprise de la charismatique Nicola Sturgeon
  • Si Humza Yousaf démissionne, le parlement aura 28 jours pour se trouver un nouveau Premier ministre

ÉDIMBOURG: Le Premier ministre écossais Humza Yousaf envisage de démissionner, rapportent lundi des médias britanniques, menacé par un vote de défiance quelques jours après avoir mis fin à la coalition gouvernementale entre son parti, le SNP, et les écologistes.

Humza Yousaf, 39 ans, avait été élu à la tête du SNP en mars 2023, après la démission surprise de la charismatique Nicola Sturgeon.

Premier dirigeant musulman à diriger un grand parti britannique, il incarnait la continuité avec sa prédecesseure, dont il était un des plus proches alliés, et avait continué de porter haut le combat pour l'indépendance de l'Ecosse.

Mais jeudi dernier, Humza Yousaf avait annoncé mettre fin à la coalition gouvernementale entre le SNP et les Verts écossais, sur fonds notamment de désaccord sur la politique environnementale. Le SNP, le Scottish National Party, domine largement le Parlement local d'Edimbourg depuis 2007 - avec 63 sièges sur 129 -, mais il gouvernait depuis 2021 grâce à son alliance avec les Verts.

Dans la foulée de la fin de la coalition, les oppositions conservatrice et travailliste avaient déposé chacune une motion de défiance contre Humza Yousaf, dont le vote est prévu cette semaine. Et les Verts ont annoncé qu'ils voteraient contre le Premier ministre.

Mis en minorité, le SNP se cherche donc de nouveaux alliés, mais selon la BBC, il a écarté une alliance avec le parti Alba, autre formation indépendantiste.

Si Humza Yousaf démissionne, le parlement aura 28 jours pour se trouver un nouveau Premier ministre.

Tourmente

Le parti indépendantiste au pouvoir est dans la tourmente depuis la démission surprise en février 2023 de sa dirigeante Nicola Sturgeon.

Il est plombé par une enquête pour détournement de fonds pour laquelle a été inculpé son ancien directeur général.

Au niveau national, le parti, qui compte 43 députés au Parlement à Londres, se trouve menacé d'un retour en force du parti travailliste en Ecosse lors des élections législatives prévues cette année.

Son combat pour l'autodétermination de l'Ecosse se trouve quant à lui dans l'impasse depuis que la Cour suprême britannique a statué fin 2022 que seul le gouvernement britannique pouvait autoriser un nouveau référendum.

Le dernier vote, en 2014, avait été remporté par le "non" à l'indépendance à 55%.

Dans le système politique britannique, le gouvernement écossais est compétent sur de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé, la justice et l'environnement, tandis que le gouvernement britannique, basé à Londres, conserve notamment les pouvoirs de défense et de politique étrangère.


Négociations de la dernière chance pour protéger efficacement le monde de futures pandémies

"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (AFP).
"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (AFP).
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  • Après deux années de travaux, les négociateurs ont dû se rendre à l'évidence le mois dernier: il leur faut plus de temps pour tenter de se mettre d'accord sur ce texte historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux futures pandémies
  • Le temps presse, il doit être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé qui commence le 27 mai

GENEVE: Il s'agit de protéger efficacement et équitablement le monde de futures pandémies. Les négociations de la dernière chance commencent lundi à l'OMS pour trouver un consensus autour d'un projet d'accord sur un texte déjà édulcoré de certains de ses aspects les plus disputés.

Après deux années de travaux, les négociateurs ont dû se rendre à l'évidence le mois dernier: il leur faut plus de temps pour tenter de se mettre d'accord sur ce texte historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux futures pandémies. Le temps presse, il doit être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé qui commence le 27 mai.

Les 194 pays de l'Organisation mondiale de la santé reviennent donc à son siège, à Genève, de lundi au 10 mai.

"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le souvenir des millions de morts, de la souffrance, des injustices et des immenses dégâts économiques de la pandémie de Covid-19 s'estompe et "si une nouvelle pandémie commençait demain, nous serions confrontés à bon nombre des mêmes problèmes auxquels nous avons été confrontés avec le Covid-19", regrette le patron de l'OMS.

Nouveau projet édulcoré

Malgré un large consensus sur la nécessité d'un texte contraignant pour rendre la réponse de la communauté internationale plus efficace et plus équitable, de grandes divergences subsistent sur la manière de s’y prendre.

Arrivés à une impasse - le document de travail était quasiment illisible à force d'ajouts et de réserves - les négociateurs se retrouvent avec une version simplifiée de 23 pages et un quart de mots de moins.

Les principaux différends tournent autour de l'accès et de l'équité: accès aux agents pathogènes découverts, accès aux produits de lutte contre la pandémie tels que les vaccins développés à partir de ces découvertes et distribution équitable non seulement des tests, traitements et vaccins contre la pandémie mais aussi des moyens de les produire.

Le nouveau projet se concentre sur les points d'accord pour établir un cadre et tenter de trouver l'indispensable consensus.

Il réserve certains des points les plus délicats à de futures discussions au cours des deux prochaines années, tout particulièrement l'accès aux pathogènes et le partage des produits issus de la recherche sur ces microbes.

Rien de concret 

K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network - l'une des ONG qui suit de près les négociations et a décortiqué le nouveau texte - estime qu'il "est dépourvu de tout résultat concret en matière d'équité et ne crée aucune obligation juridique pour faciliter un accès prévisible et durable au financement, aux produits et à la technologie liés à la pandémie".

Pour Médecins sans frontières, les obligations en matière de transfert de technologie vers les pays les plus pauvres "restent faibles".

En revanche, la garantie d'un accès équitable aux médicaments issus de la recherche et développement sur des fonds publics a survécu aux coupes claires, salue l'organisation Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi).

Mais les obligations "qui auraient garanti que les gens puissent bénéficier du progrès scientifique et avoir un accès équitable aux produits dont ils auront besoin ont été affaiblies ou supprimées du texte et doivent être rétablies", a demandé Michelle Childs, de la DNDi.

« Chronologie féroce »

Les négociateurs pourraient être encouragés à trouver un terrain d'entente par les nouvelles sur le front de l'épizootie de grippe aviaire qui refait des ravages depuis 2020.

Le virus H5N1 a récemment infecté des troupeaux de vaches aux Etats-Unis, une première.

Si pour l'heure aucun cas de transmission d'humain à humain n'a été enregistré, la circulation intense du H5N1 et sa capacité à sauter d'une espèce à l'autre inquiètent.

Deux semaines, "c'est un calendrier très serré", a reconnu vendredi Margaret Harris, une porte-parole de l'OMS.

La Maison Blanche a réaffirmé l'engagement des Etats-Unis pour arriver à un accord.

Tsegab Kebebew Daka, ambassadeur d'Ethiopie à Genève, estime que "les différences dans le texte ne sont pas énormes. Ce sont principalement des différences d'idées, et elles ne sont pas si nombreuses".

Et l'ambassadrice d'Australie Amanda Gorely de résumer: "Toutes les délégations doivent se rassembler et se concentrer sur la recherche d'un consensus".


Russie: un deuxième journaliste arrêté pour des vidéos pour l'équipe de Navalny

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
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  • La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison
  • Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE

MOSCOU: Un journaliste russe a été placé en détention en Russie pour "extrémisme", accusé d'avoir participé à la création de vidéos pour l'équipe de l'opposant défunt Alexeï Navalny, a rapporté l'agence de presse américaine Associated Press, avec laquelle il a notamment collaboré.

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi et qui collaborait occasionnellement avec l'agence de presse canadienne Reuters.

Associated Press s'est dite dans un commentaire à l'AFP dimanche "très préoccupée par la détention du vidéo-journaliste russe Sergueï Kareline" et indique "rechercher des informations supplémentaires" sur cette affaire.

Complices

Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE de l'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison en février dans des circonstances troubles.

Son mouvement a été classé comme "extrémiste" par la justice, ce qui fait courir le risque de poursuites à ses collaborateurs et partisans.

La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison.

Les autorités russes ont renforcé ces derniers mois leur pression sur les médias indépendants et étrangers en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts des voix dissidentes depuis le début de l'offensive en Ukraine.

Fin mars, une photojournaliste, Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d'Antonina Favorskaïa, avait été également placée en détention pour des accusations d'"extrémisme".

Elle couvrait très régulièrement les procès d'Alexeï Navalny pour SOTAvision, l'un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques, classé "agent de l'étranger" par les autorités russes.

Un journaliste russe de l'édition russe du média Forbes, Sergueï Mingazov, a, lui, été arrêté le 26 avril, accusé d'avoir diffusé de "fausses informations" sur les exactions imputées à l'armée russe en Ukraine.

Plusieurs autres journalistes se trouvent en détention en Russie dont l'Américain Evan Gershkovich, visé par des accusation d'"espionnage" qu'il rejette tout comme son média, ses proches et les autorités américaines.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est aussi en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités.