Face à la Chine, Washington accroît sa présence dans le Pacifique Sud

Le président américain Joe Biden accueille le sommet des États-Unis-pays insulaires du Pacifique avec le secrétaire d'État Antony Blinken au département d'État à Washington, DC, le 29 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden accueille le sommet des États-Unis-pays insulaires du Pacifique avec le secrétaire d'État Antony Blinken au département d'État à Washington, DC, le 29 septembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Face à la Chine, Washington accroît sa présence dans le Pacifique Sud

  • La Maison Blanche a indiqué que 600 millions prendraient la forme d'un ensemble d'aides sur dix ans visant à nettoyer des eaux polluées pour soutenir la pêche au thon
  • Tandis que Washington va également renforcer son soutien en matière de climat, d'aide au développement et sa présence diplomatique

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi un nouveau fonds de 810 millions de dollars d'aide pour les îles du Pacifique Sud et vont y accroître leur présence diplomatique, sur fond de rivalité croissante avec la Chine dans cette région stratégique.

La Maison Blanche a indiqué que 600 millions prendraient la forme d'un ensemble d'aides sur dix ans visant à nettoyer des eaux polluées pour soutenir la pêche au thon, tandis que Washington va également renforcer son soutien en matière de climat, d'aide au développement et sa présence diplomatique.

"Les îles du Pacifique représentent une voix essentielle pour renforcer notre avenir", a déclaré le président américain Joe Biden, en saluant la tenue d'un sommet "historique" où les Etats-Unis, a-t-il dit, ont présenté une nouvelle stratégie dans le Pacifique.

Ce sommet inédit à Washington, débuté la veille, regroupe pour la première fois une douzaine de dirigeants de ces nations insulaires du Pacifique.

Si d'aucuns ont évité soigneusement de prononcer publiquement le nom de la Chine, le géant asiatique n'en était pas moins dans tous les esprits.

L'objectif affiché est de renouer avec une région proche des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale mais où la Chine a pris de plus en plus d'importance ces dernières années via des investissements et des formations aux forces de l'ordre notamment, ainsi qu'un accord de sécurité avec les îles Salomon.

Le Premier ministre Manasseh Sogavare a signé en avril dernier ce vaste accord de sécurité, aux contours flous, avec Pékin. Nombre de pays occidentaux, et tout particulièrement les Etats-Unis et l'Australie, redoutent que ce pacte permette à la Chine d'établir une base militaire dans le pays. Les îles Salomon ont cependant démenti.

Parlant à l'AFP, le Premier ministre a affirmé que les négociations à Washington en vue de l'adoption d'une déclaration commune à l'issue du sommet avaient, d'une "manière positive", tenu compte de ses préoccupations ayant trait en particulier aux alliances régionales de l'Asean et du Quad (qui regroupe les Etats-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde).

Les Etats-Unis ont annoncé au passage une subvention de 20 millions de dollars en faveur du tourisme et des alternatives à l'exploitation forestière sur les îles Salomon.

"Nous espérons que les Etats-Unis pourront vraiment apporter un soutien aux îles du Pacifique pour lutter contre le changement climatique et améliorer leur développement... au lieu de jouer à des jeux politiques au nom de la coopération", a réagi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Mao Ning, lors d'un point-presse.

Présence diplomatique accrue 

Le président américain a également annoncé que les Etats-Unis reconnaîtraient les îles Cook et Niue, des territoires autonomes dont la diplomatie, la défense et la politique monétaire sont rattachées à la Nouvelle-Zélande.

Washington pourra ainsi augmenter sa présence diplomatique sur ces îles, qui totalisent moins de 20 000 habitants mais couvrent une importante zone économique dans le Pacifique Sud.

Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, Joe Biden a aussi pour la première fois désigné un ambassadeur pour siéger auprès du Forum des îles du Pacifique, en la personne d'un diplomate habitué de la région, Frankie Reed.

Les Etats-Unis avaient récemment annoncé le retour d'une ambassade américaine dans les îles Salomon et la Maison Blanche a indiqué jeudi que des ambassades américaines ouvriraient également auprès des îles Tonga et Kiribati.

Par ailleurs, l'Agence américaine pour l'aide au développement (USAID) ouvrira une mission dans les îles Fidji d'ici septembre 2023 et des membres des Peace Corps, un programme de bénévolat du gouvernement américain, seront déployés aux Fidji, à Tonga, Samoa et Vanuatu ainsi que, possiblement, aux îles Salomon, selon la Maison Blanche.

Le sommet rassemble en outre deux territoires français, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, toutes deux membres du Forum des îles du Pacifique, ainsi que le territoire américain de Guam.

S'exprimant à la télévision locale TNTV, le Haut-commissaire nouvellement nommé en Polynésie, Eric Spitz, a cependant déclaré que "notre tradition n'est pas de rallier un grand bloc".

La lutte contre le changement climatique figure également au centre des discussions alors que certains de ces archipels sont à terme menacés d'être submergés en raison de la montée du niveau des océans.

Les îles du Pacifique comptent pour seulement 0,03% des émissions de gaz à effet de serre, mais certaines sont menacées de disparition, et cela même si la communauté internationale devait respecter l'accord de Paris sur le climat.


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
Short Url
  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Short Url
  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.