Allemagne: violences en marge d'une manifestation "anti-masques"

Manif anti-masques à Constance, le 4 octobre 2020 : « Bas les masques et montrez-vous », dit la pancarte. (Sebastien Bozon / AFP)
Manif anti-masques à Constance, le 4 octobre 2020 : « Bas les masques et montrez-vous », dit la pancarte. (Sebastien Bozon / AFP)
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

Allemagne: violences en marge d'une manifestation "anti-masques"

  • Fin août, déjà, plusieurs centaines de manifestants avaient forcé des barrières de sécurité pour monter sur les marches du siège de la chambre des députés
  • Ces opposants aux mesures liées à l'épidémie de Covid-19 agrègent notamment militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d'extrême droite

LEIPZIG : Des violences ont éclaté samedi à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne, entre les forces de l'ordre et des manifestants "anti-masques" alors que la police avait ordonné la dissolution d'un important rassemblement contre les restrictions prises face à la pandémie de coronavirus.

La police, qui par crainte de débordements s'était déployée en masse dans le centre-ville où se sont rassemblées quelque 20.000 personnes, a indiqué avoir procédé à "des arrestations" sans plus de précisions.

Auparavant, elle avait assuré qu'il y avait eu "de nombreuses attaques" contre les forces de l'ordre, évoquant des jets "d'objets" et de "feux d'artifice" tandis que les médias diffusaient des images de jets de projectiles.

Des heurts étaient toujours signalés dans la soirée.

Des manifestants ont aussi forcé un cordon de forces de l'ordre près de la gare centrale de Leipzig, selon la même source.

La police avait ordonné en fin d'après-midi la dissolution des manifestants car "90% d'entre eux" ne portaient pas de masque et ne respectaient pas la distance requise de 1,50 m entre deux personnes, selon le porte-parole de la police, Olaf Hoppe.

"Pas de dictature"

La municipalité de Leipzig avait aussi dénoncé des "infractions aux conditions" édictées pour autoriser la tenue de cette manifestation.

Certaines personnes, qui répondaient à l'appel d'un collectif hétéroclite se présentant comme des "libres penseurs", s'en sont pris à des journalistes et à des contre-manifestants qui avaient également prévu de défiler dans le centre de cette grande cité étudiante, fief de la mouvance de gauche radicale et anarchiste.

Mais faisant fi des ordres de dispersion, des centaines de personnes ont entamé un défilé sur l'une des grandes artères de Leipzig aux cris de "Merkel doit partir !" et "paix, liberté, pas de dictature", selon l'agence dpa.

Des "drapeaux du Reich" allemand, en souvenir de l'Empire disparu après la Première guerre mondiale, ont été agités dans la foule, a constaté l'AFP.

"Coupable"

Un groupe de protestataires brandissait des pancartes avec un photo-montage montrant la chancelière Angela Merkel et d'autres responsables politiques en tenue de bagnard barrée du mot "coupable" ("schuldig").

Ces opposants aux mesures liées à l'épidémie de Covid-19 agrègent notamment militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d'extrême droite.

"Pour moi il n’y a pas de virus, ils prennent la crise du coronavirus comme motif mais il y a d'autres choses derrière", a assuré à l'AFP une manifestante, Anne, 65 ans.

Un autre, Robert Köhn, 39 ans, martelait que les mesures prises par le gouvernement étaient "disproportionnées".

"Je vois simplement les dommages collatéraux que ces mesures entraînent : l'isolement des personnes, la faillite qui les menace", confiait-il.

La Saxe, l'Etat régional dans lequel se trouve Leipzig, est un bastion de l'extrême droite qui y réalise ses meilleurs scores depuis plusieurs années.

Les organisateurs, déjà à l'origine de plusieurs rassemblements cet été à Berlin et en octobre à Constance (sud-ouest), sont dans le collimateur des autorités depuis qu'à la fin août, plusieurs centaines de manifestants avaient forcé des barrières de sécurité pour monter sur les marches du siège de la chambre des députés (Bundestag).

L'Allemagne a été l'un des premiers pays européens où une telle opposition aux restrictions s'est manifestée. Avec le rebond de la pandémie cet automne sur le continent, des rassemblements contestataires ont eu lieu en Espagne et en Italie notamment, parfois accompagnés de heurts.

Ces échauffourées interviennent alors que le nombre de nouvelles infections quotidiennes a atteint ce samedi un record en Allemagne, à plus de 23.000, portant le nombre de morts depuis le début de la pandémie à 11.226.

Depuis lundi, les restaurants, bars, cafés mais aussi tous les musées, théâtres, salles de sport ont fermé leurs portes pour quatre semaines.

Bien que l'Allemagne n'ait pas décrété un confinement comme en France ou dans d'autres pays européens, ces nouvelles restrictions ont suscité un certain mécontentement dans une population qui a jusqu'ici plutôt approuvé et suivi scrupuleusement les directives sanitaires.

 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com