«Pré-COP» de Kinshasa: «Faire plus» pour le climat et les pays pauvres

Les gardes présidentiels Corazzieri, le corps italien des cuirassiers, arrivent devant le président italien au sommet pré-COP 26 au centre de conférence de Milan, MiCO, le 30 septembre 2021 (Photo, AFP).
Les gardes présidentiels Corazzieri, le corps italien des cuirassiers, arrivent devant le président italien au sommet pré-COP 26 au centre de conférence de Milan, MiCO, le 30 septembre 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

«Pré-COP» de Kinshasa: «Faire plus» pour le climat et les pays pauvres

  • Pendant deux jours, cette «pré-COP27» va réunir dans la capitale de la République démocratique du Congo les ministres de l'Environnement et spécialistes de haut rang venus d'une soixantaine de pays
  • Ce type de réunion n'est pas un cadre de négociations formelles mais doit permettre de faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la COP27 sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre

KINSHASA: "Faire plus" pour lutter contre le dérèglement climatique et pour aider les pays pauvres à y faire face: le ton a été donné lundi à Kinshasa dès l'ouverture des travaux d'une réunion préparatoire à la conférence annuelle sur le climat (COP27) de novembre en Egypte. 

Pendant deux jours, cette "pré-COP27" va réunir dans la capitale de la République démocratique du Congo les ministres de l'Environnement et spécialistes de haut rang venus d'une soixantaine de pays. 

Ils vont discuter autour des thèmes habituels des négociations sur le climat: adaptation, atténuation, finance, "pertes et préjudices". De multiples bilatérales auront aussi lieu entre Européens, Africains, Asiatiques, Américains, les Etats-Unis étant représentés par leur envoyé spécial pour le climat John Kerry. 

Ce type de réunion n'est pas un cadre de négociations formelles mais doit permettre de faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la COP27 sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre. 

Comme attendu, COP et pré-COP étant organisées sur le continent africain, l'accent a été mis dès les premières interventions sur l'accompagnement des pays du Sud par les pays industrialisés et pollueurs. 

Dans leurs discours d'ouverture, le Premier ministre de RDC, Jean-Michel Sama Lukonde, et sa ministre de l'Environnement, Eve Bazaïba, ont rappelé que l'Afrique n'est "responsable que de 4% des émissions mondiales" de gaz à effet de serre et "en séquestre davantage qu'elle n'en émet". 

De l'oxygène et du pain 

Mais, ont-ils dit, comme toutes les autres régions en développement, elle aura de plus en plus de mal à "opérer un choix" entre la lutte contre "l'extrême pauvreté qui la décime" et "la lourde facture à payer pour l'adaptation au changement climatique", si les pays industrialisés ne lui offrent pas "d'alternatives technologiques et financières conséquentes". 

"Nous avons besoin d'oxygène, nous avons aussi besoin de pain", a lancé Mme Bazaïba. 

Lors de la précédente COP, en novembre 2021 à Glasgow, la communauté internationale avait réaffirmé son objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, un objectif fixé en 2015 par "l'accord de Paris" mais pour l'heure hors d'atteinte, puisque nous sommes déjà à près de 1,2°C. 

Les pays pauvres avaient demandé de leur côté un mécanisme spécifique de prise en compte des "pertes et dommages" (ou "préjudices") provoqués par le changement climatique, auxquels ils sont les plus exposés. Les pays riches, souvent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avaient rejeté cette revendication et seulement concédé la tenue jusqu'en 2024 d'un "dialogue" sur les "modalités" de financement. 

"Toutes les questions à l'agenda sont importantes", mais s'agissant du financement, "le tableau n'est pas rassurant", a reconnu le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, président de la COP27. 

« Non respect des engagements »  

Sur tous les points à l'ordre du jour, Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies, a elle aussi admis que des "progrès" étaient indispensables, notamment sur les "pertes et dommages", au nom de la "solidarité internationale" et de la "confiance". 

La ministre congolaise de l'Environnement a déploré une "tendance à la banalisation du non-respect des engagements internationaux", tel que celui de porter à 100 milliards de dollars par an l'aide aux pays en développement pour leur permettre de lutter contre le changement climatique. 

A propos de "l’accès aux fonds climats par les pays forestiers", Mme Bazaïba a regretté que les conditions posées soient de véritables "barrières", selon elle. 

La RDC profite de la pré-COP pour se présenter en "pays solution". En plus de ses ressources en minerais phares de la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium...), l'immense pays d'Afrique centrale a quelque 155 millions d'hectares de forêt tropicale, ce qui en fait un "poumon vert" capable d'absorber le carbone et de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique. 

Mais le gouvernement défend aussi le droit du pays à exploiter son pétrole, un projet vivement critiqué par des organisations de défense de l'environnement. 

Le Premier ministre congolais a rappelé que certains pays européens étaient "retournés à l'usage des sources d'énergies polluantes qu'ils avaient préalablement bannies", afin de compenser le déficit d'énergie provoqué par la guerre en Ukraine. Il faut éviter de "tomber dans l'arbitraire, avec certains Etats libres de poursuivre, voire d'augmenter leurs émissions, et d'autres empêchés d'exploiter leurs ressources naturelles", a-t-il demandé. 

"Nos forêts sont en train de mourir à un rythme fou, nous les enfants nous sommes les premières victimes", sont venus dire à la cérémonie une cinquantaine d'enfants, en demandant aux responsables assis devant eux de "faire plus" pour leur léguer un monde respirable. 


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.