Julien Bayou nie les accusations contre lui et attaque Rousseau

Cette photo d'archive prise le 22 juin 2022 montre Julien Bayou arrivant pour une rencontre avec le président français après les élections législatives, à l'Elysée à Paris. Ludovic MARIN / AFP
Cette photo d'archive prise le 22 juin 2022 montre Julien Bayou arrivant pour une rencontre avec le président français après les élections législatives, à l'Elysée à Paris. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Julien Bayou nie les accusations contre lui et attaque Rousseau

  • Offensif, le député de Paris assure qu'il reprendra dès mardi sa place sur le banc de l'Assemblée nationale, auprès de son groupe, dont il a été mis en retrait de la présidence
  • Lundi, ni lui ni Adrien Quatennens, député de La France insoumise visé par une enquête pour violences contre son épouse, n'ont siégé lors de la rentrée parlementaire

PARIS: Julien Bayou est passé mardi à l'attaque contre son accusatrice et collègue députée Sandrine Rousseau, qui "est allée trop loin" et confond "féminisme et maccarthysme", après deux semaines de silence et sa démission de la tête d'EELV.

"Il n’y a pas d’affaire Bayou. Il n’y a pas d'accusation. Il n'y a pas de fait sous-tendant les anathèmes que j'ai pu entendre", dit-il dans un entretien au Monde à propos des accusations de violence psychologique contre son ancienne compagne lancées par Sandrine Rousseau sur le plateau de France 5 le 19 septembre.

"Elle est allée trop loin. Et tout le monde le mesure", affirme-t-il. "Il ne faut pas confondre féminisme et maccarthysme". Le maccarthysme, "c'est dire: +j’ai des listes d'hommes+, c’est porter des accusations que vous ne pouvez contredire car il n’y a pas d'enquête", complète-t- il, rappelant avoir demandé à quatre reprises à être entendu par la cellule interne à EELV qui s'était auto-saisie, il y a plusieurs mois, après un mail de son ancienne compagne.

Interrogé sur la révélation, dans un article de Libération, qu'il faisait l'objet d'une "mise sous surveillance" par un groupe de militantes féministes, il assure avoir "hésité à déposer une main courante" en 2019. "J'ai dû demander à une femme militante de cesser d'enquêter sur moi et surtout de colporter rumeurs et accusations sans preuves", précise-t-il.

«Règlement de comptes»
"J'y vois une instrumentalisation en vue d'un règlement de comptes", résume-t-il.

Offensif, le député de Paris assure qu'il reprendra dès mardi sa place sur le banc de l'Assemblée nationale, auprès de son groupe, dont il a été mis en retrait de la présidence. "Je suis investi d’un mandat, je compte bien le mener", prévient-il, à deux jours des journées parlementaires d'EELV prévues jeudi et vendredi à Strasbourg.

Lundi, ni lui ni Adrien Quatennens, député de La France insoumise visé par une enquête pour violences contre son épouse, n'ont siégé lors de la rentrée parlementaire.

Affaire Quatennens: le dépôt de plainte n'est «pas un élément nouveau» selon LFI

Le fait que l'épouse du député LFI Adrien Quatennens ait déposé une plainte contre lui n'apporte pas d'"élément nouveau" sur l'affaire, et personne au sein du groupe ne demande sa démission, a déclaré mardi le député LFI Manuel Bompard.

Après deux mains courantes, l'épouse d'Adrien Quatennens a déposé une plainte à Lille le 26 septembre contre le député, qui était déjà visé par une enquête préliminaire du parquet.

Interrogé sur France Inter sur ce dépôt de plainte révélé lundi, Manuel Bompard a estimé qu'il "n'apporte aucun élément nouveau sur le fond de cette affaire".

"Nous en avons discuté, aucun des députés de la France insoumise n'a demandé le retrait d’Adrien Quatennens, ni du groupe ni de sa fonction parlementaire", a-t-il indiqué.

Après la révélation d'une première main courante par le Canard Enchaîné, le parquet de Lille avait indiqué mi-septembre avoir ouvert une enquête dans le cadre de sa "politique pénale volontariste pour le traitement des violences conjugales".

Une deuxième main courante avait ensuite été déposée, puis Mme Quatennens a indiqué le 26 au commissariat qu'elle "voulait changer ses deux mains courantes en plainte", a indiqué lundi l'entourage du député.

"Elle a évoqué trois faits distincts dont deux très récents, déposant finalement une plainte", a indiqué une autre source, proche du dossier.

Après la révélation de la première main courante, Adrien Quatennens s'était mis en retrait de sa fonction de coordinateur de La France Insoumise, reconnaissant des violences envers son épouse dans un communiqué publié sur Twitter.

Il avait notamment admis lui avoir "donné une gifle", il y a "un an", "dans un contexte d'extrême tension et d'agressivité mutuelle", affirmant avoir "profondément regretté ce geste".

Évoquant "un spectacle pathétique", un "dévoiement" du féminisme, une "croisade", Julien Bayou critique également le fonctionnement de la cellule interne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles mise en place au sein d'EELV à la suite de l'affaire Baupin, dont Mme Rousseau a été une des victimes.

Cette cellule, au sein de laquelle siège l'une des femmes ayant surveillé Julien Bayou, et qui n'a pas entendu non plus jusqu'à présent l'ex-compagne de M. Bayou, est "nécessaire mais elle est fondamentalement insuffisante" et de plus elle "ne remplace pas la justice". "La sanction la plus grave qu’elle puisse prononcer est l'exclusion d'EELV. Elle ne peut prétendre ni dire le droit ni prononcer de réparation. Nous butons sur une impasse", estime-t-il.

L'ancienne compagne du député a finalement demandé lundi à être entendue, "sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages".

M. Bayou met en doute également l'efficacité d'une telle structure sur le cas du secrétaire national du parti: "Serais-je blanchi, qu'on dirait qu'il y a eu collusion. Serais-je sanctionné, ce serait interprété comme un règlement de comptes avant le congrès" du parti en décembre au cours duquel il devait laisser la place à la tête du parti.

Plusieurs motions sont pressenties, dont une menée par Marine Tondelier, proche de la ligne de Julien Bayou, et une autre par Mélissa Camara, proche, elle, de Sandrine Rousseau. Les deux divergent notamment sur la force des liens à conserver avec la Nupes, notamment dans le cadre des élections européennes de 2024.

Interrogé sur cette prise de parole de M. Bayou, le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a estimé sur franceinfo que Sandrine Rousseau "n'aurait pas dû se faire porte-parole d'une affaire dont elle ne connaît finalement pas grand-chose".


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.