Accord avec Israël: au Liban, la manne gazière se fera attendre

Le Liban est près de conclure un accord avec Israël sur leurs eaux contestées renfermant des gisements d'hydrocarbures offshore. (AFP)
Le Liban est près de conclure un accord avec Israël sur leurs eaux contestées renfermant des gisements d'hydrocarbures offshore. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 octobre 2022

Accord avec Israël: au Liban, la manne gazière se fera attendre

  • «On parle d'un délai de cinq à six ans (..) avant la première production de gaz», si des réservoirs commercialement viables sont découverts, ajoute l'expert en énergie, qualifiant cette estimation d'«optimiste»
  • Plus d'une décennie après avoir adopté le tracé de sa économique exclusive (ZEE), le Liban n'a toujours pas annoncé avoir trouvé de réserves effectives de gaz naturel

BEYROUTH: Le Liban est près de conclure un accord avec Israël sur leurs eaux contestées renfermant des gisements d'hydrocarbures offshore, mais le pays en faillite devra attendre des années avant de bénéficier d'une éventuelle manne gazière, estiment des analystes.

"Un accord marquerait un pas en avant, mais cela ne signifie pas que le Liban est devenu un pays producteur de gaz ou de pétrole", explique Marc Ayoub, chercheur associé à l'Institut Issam Fares de l'Université américaine de Beyrouth.

"On parle d'un délai de cinq à six ans (..) avant la première production de gaz", si des réservoirs commercialement viables sont découverts, ajoute l'expert en énergie, qualifiant cette estimation d'"optimiste".

Le petit pays méditerranéen aux prises avec la pire crise économique de son histoire espère qu'une découverte de gaz offshore lui permettra de redresser ses finances sur fond de hausse de la demande de gaz en raison de la crise énergétique mondiale.

Plus d'une décennie après avoir adopté le tracé de sa économique exclusive (ZEE), le Liban n'a toujours pas annoncé avoir trouvé de réserves effectives de gaz naturel.

Un puits foré par un consortium des compagnies TotalEnergies, Eni et Novatek au large du centre du Liban en 2020 n'a révélé que des traces de gaz mais aucun réservoir commercialement viable.

La prospection, notamment près de la frontière avec Israël, a été entravée par le différend frontalier maritime entre les deux pays, toujours techniquement en état de guerre.

Après des années de négociations via une médiation américaine, le Liban et Israël sont aujourd'hui proches d'un accord, les deux pays ayant bien accueilli début octobre une proposition de Washington.

Un accord permettrait "aux activités de prospection offshore de se poursuivre mais cela ne signifie pas que le Liban est devenu riche (...) ou que sa crise a été résolue", a souligné M. Ayoub.

Corruption 

Une étude sismique réalisée en 2012 sur une zone offshore par la société britannique Spectrum a estimé les réserves de gaz récupérables au Liban à environ 720 millions de mètres cubes.

Le bloc 9, près de la frontière israélienne, qui contient le champ de Qana, sera une zone majeure d'exploration offshore par Total et Eni, qui ont remporté le contrat en 2018.

Après avoir été partiellement revendiqué par Israël, le champ de Qana devrait revenir entièrement au Liban en vertu de l'accord sur la frontière maritime, selon des responsables libanais.

"A cette époque de l'année prochaine, nous devrions savoir s'il y a ou non une découverte commerciale à Qana", a déclaré M. Ayoub.

Le cas échéant, "il faudra (..) pas moins de trois à cinq ans" avant de démarrer la production.

Cette estimation, selon M. Ayoub, suppose qu'il n'y a pas de retard de la part des autorités libanaises accusées par une grande partie de la population de mauvaise gestion et de corruption.

Plusieurs appels d'offres pour des licences offshore ont été retardés depuis leur lancement en 2013.

Le Liban est loin derrière Israël qui se prépare à activer le gisement gazier offshore frontalier de Karish une fois conclu un accord, une étape clé devant doper ses exportations de gaz naturel vers l'Europe.

Chypre et l'Égypte ont également commencé à trouver d'importants réservoirs.

Investissement risqué 

La production de gaz ou pétrole pourrait commencer d'ici trois ans si des réservoirs sont découverts, estime pour sa part le consultant en énergie Roudi Baroudi.

Mais le Liban devra mettre en œuvre une série de réformes s'il veut attirer les firmes énergétiques, déclare-t-il à l'AFP.

"Le Liban n'est pas un bon investissement si le gouvernement ne met pas en œuvre des réformes", estime l'expert.

Les réformes fourniraient "les garanties de base dont les entreprises internationales ont besoin pour travailler avec moins de risques".

Les institutions de l'État se sont délitées sous le poids de la crise, les grèves des fonctionnaires paralysant la plupart des administrations.

Plus de trois ans après le début de la crise financière, aucun plan de relance économique n'a été mis en place, malgré les pressions croissantes des donateurs étrangers et du Fonds monétaire international (FMI).

Et l'impasse politique depuis les législatives de mai retarde la formation d'un nouveau gouvernement, sur fond de crainte d'une prochaine vacance présidentielle à l'expiration du mandat de Michel Aoun fin octobre.

Avec un État en faillite incapable de fournir plus d'une heure d'électricité par jour, les entreprises énergétiques pourraient choisir de travailler sur leurs projets au Liban depuis Chypre, selon M. Baroudi.

"Sans état de droit, le Liban est une jungle", a déclaré le consultant.

"C'est le chaos absolu, que ce soit sur le plan judiciaire, financier ou en termes d'organismes" de régulation.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.