Israël refuse les amendements libanais au projet d'accord sur le gaz

Le vice-ministre des Affaires étrangères Idan Roll a déclaré que le cabinet de sécurité d'Israël, un forum généralement secret pour approuver les affaires stratégiques clés, se réunirait à 16 heures (13 heures GMT) pour discuter du projet. (Twitter/@idanroll)
Le vice-ministre des Affaires étrangères Idan Roll a déclaré que le cabinet de sécurité d'Israël, un forum généralement secret pour approuver les affaires stratégiques clés, se réunirait à 16 heures (13 heures GMT) pour discuter du projet. (Twitter/@idanroll)
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Publié le Jeudi 06 octobre 2022

Israël refuse les amendements libanais au projet d'accord sur le gaz

  • «Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l'accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter», selon un haut responsable israélien requérant l'anonymat
  • Israël maintient qu'il exploitera le gisement controversé de Karish, et ce même en l'absence d'accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces du Hezbollah

JERUSALEM : Israël a rejeté jeudi les amendements du Liban sur le projet d'accord américain visant à délimiter la frontière maritime entre les deux pays et ainsi faciliter l'exploitation d'importants gisements gaziers en Méditerranée orientale.

Le médiateur américain Amos Hochstein avait fourni le weekend dernier au Liban et à Israël une proposition écrite pour mettre un terme au différend maritime entre les deux voisins, officiellement en état de guerre et engagés depuis deux ans dans des négociations indirectes.

Les dirigeants des deux pays avaient fait part de leur soutien général à cette proposition qui, selon des informations de presse et des responsables, prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l'Etat hébreu touche une partie des revenus de l'exploitation gazière.

Mardi, le Liban a remis aux Etats-Unis sa réponse qui comprenait des "modifications" visant à "rendre le texte plus clair et non sujet à interprétation", a déclaré à l'AFP et sous couvert d'anonymat un responsable libanais impliqué dans les négociations.

Jeudi matin, peu après la pause de Yom Kippour, jour du jeûne juif, Israël a signifié son refus à ces amendements, sans les détailler.

"Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l'accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter", a déclaré à l'AFP un haut responsable israélien requérant l'anonymat.

La proposition du médiateur américain sur la démarcation de la frontière maritime "protège" et "renforce" les intérêts de l'Etat hébreu, avait déclaré dimanche le Premier ministre Lapid, qui, en pleine campagne pour les législatives du 1er novembre, fait l'objet de vives critiques de l'opposition, menée par Benjamin Netanyahu, sur ce projet d'accord.

«Capitulé»

M. Netanyahu, qui cherche à revenir à la tête du gouvernement israélien, a accusé M. Lapid de "donner" un "territoire souverain d'Israël" au Hezbollah, ennemi juré de l'Etat hébreu, voire d'avoir "capitulé" devant les menaces de Hassan Nasrallah, chef du puissant mouvement libanais qui avait affronté Israël dans une guerre de plus d'un mois en 2006.

L'opposition israélienne s'interroge par ailleurs sur la légitimité du gouvernement intérimaire de M. Lapid de "céder" du "territoire israélien" sans passer par un vote de la Knesset (Parlement), voire par un référendum.

De son côté, le gouvernement insiste sur le fait que l'espace maritime partagé fait plutôt partie d'une "zone économique exclusive" et qu'il n'y a donc pas nécessité de passer par un vote du Parlement ou un référendum pour signer l'accord avec le Liban.

"Les amendements (de Beyrouth) garantissent les droits du Liban d'exploration pour du gaz et du pétrole dans sa zone économique exclusive" et cherchent à clarifier des "représentations erronées" ayant circulé lors des négociations, a commenté jeudi la présidence libanaise avant la réaction d'Israël.

Un haut responsable libanais impliqué dans les négociations a indiqué à l'AFP que le Liban n'avait pas reçu la réponse israélienne et que l'équipe de négociation libanaise avait passé "la nuit entière" à communiquer avec le médiateur américain afin de "clarifier certains points".

De son côté, Israël maintient qu'il exploitera le gisement controversé de Karish, et ce même en l'absence d'accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces du Hezbollah.

Le Premier ministre Lapid a d'ailleurs évoqué ce dossier lors de visites à Paris et Berlin ces derniers mois.

Dans un contexte où l'Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, Israël mise sur le gisement de Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons de gaz vers le Vieux continent.

"Si le Hezbollah ou quiconque tente d'endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement", a prévenu jeudi un haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de M. Lapid sur ce dossier épineux.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.