À Prague, l'UE peaufine sa stratégie face au «missile énergétique» de Poutine

Les dirigeants de l'Union européenne vont tenter de surmonter leurs divisions vendredi à Prague pour esquisser une réponse commune à la flambée des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine. (AFP)
Les dirigeants de l'Union européenne vont tenter de surmonter leurs divisions vendredi à Prague pour esquisser une réponse commune à la flambée des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 07 octobre 2022

À Prague, l'UE peaufine sa stratégie face au «missile énergétique» de Poutine

  • «La Russie a tiré un missile énergétique sur le continent européen», a souligné Charles Michel, le président du Conseil
  • Les Vingt-Sept «partagent une ambition commune de faire baisser les prix des ressources énergétiques», a-t-il martelé

PRAGUE: Les dirigeants de l'Union européenne, réunis en sommet vendredi à Prague, ont esquissé les grandes lignes d'une réponse commune contre la flambée des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine.

"La Russie a tiré un missile énergétique sur le continent européen", a souligné Charles Michel, le président du Conseil, qui représente les 27 pays membres.

Il a estimé que les débats dans le château de la capitale tchèque étaient "une étape" cruciale avant le prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles les 20 et 21 octobre "qui sera l'occasion de faire des pas en avant".

Les Vingt-Sept "partagent une ambition commune de faire baisser les prix des ressources énergétiques", a-t-il martelé. Mais ils sont divisés sur les moyens et il y a urgence à trouver des compromis qui allègeront concrètement le fardeau des citoyens et entreprises de l'UE.

«Autant de réunions que nécessaire»

Le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, s'est engagé à "convoquer autant de réunions des ministres de l'Energie que nécessaire pour trouver une solution".

L'économie du Vieux continent dépend totalement de ses importations d'hydrocarbures et souffre comme nulle autre des coupures de livraisons imposées par la Russie.

Mais elle peine à trouver une parade commune, tant les intérêts divergent entre les pays qui misent sur le nucléaire comme la France, ceux qui comptent sur le charbon comme l'Allemagne, ou ceux qui sont historiquement liés aux hydrocarbures russes en Europe centrale.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné que l'UE était d'ores et déjà "beaucoup mieux préparée pour affronter l'hiver". Les Européens ont déjà pris des mesures pour limiter leur consommation d'énergie et diversifier leurs approvisionnements.

La part du gaz importé de Russie a chuté de 41% avant le déclenchement de la guerre en Ukraine en février, à 7,5% aujourd'hui a-t-elle souligné.

Elle a rappelé les grandes lignes d'une feuille de route envoyée cette semaine aux Etats membres et promis des "propositions plus détaillées dans les prochaines semaines".

Il y a un "large soutien" des Vingt-Sept pour mettre en place d'ici au printemps prochain des achats groupés de gaz afin de renforcer le pouvoir de négociation des Européens, a-t-elle dit.

La cheffe de l'exécutif européen a réitéré ses différentes pistes pour faire baisser les factures de gaz: négocier des corridors de fluctuation des cours avec les fournisseurs amicaux de l'UE, explorer des moyens de limiter les prix du gaz pour éliminer les pics liés notamment à la spéculation, et découpler les prix de l'électricité de ceux du gaz.

L'Allemagne épinglée

Elle a également insisté sur la nécessité de "préserver le marché unique", après le tollé provoqué la semaine dernière par le plan de 200 milliards d'euros de Berlin pour protéger son économie. Plusieurs dirigeants ont critiqué un cavalier seul de l'Allemagne, qui menace la cohésion européenne.

La puissance budgétaire de la première économie européenne et sa capacité à financer un solide bouclier, risque d'avantager les entreprises allemandes au détriment de leurs concurrentes des autres pays.

"Au prétexte qu'un pays membre est capable d'emprunter plus, il ne doit pas pouvoir subventionner davantage ses entreprises et les rendre plus compétitives que celles des voisins", a averti le Premier ministre letton, Krisjanis Karins.

"Soyez solidaires, dans les temps difficiles il faut s'accorder sur des mesures communes et non pas sur celles qui conviennent le mieux à un pays", a également lancé son homologue polonais, Mateusz Morawiecki, à l'attention des Allemands.

Le chancelier Olaf Sholz s'est défendu en affirmant que le plan de soutien allemand était comparable à ceux d'autres pays européens, notamment la France. "Ce que fait l'Allemagne est juste, nous pouvons le faire car nous avons toujours veillé à la stabilité de nos finances", a-t-il affirmé.

Les dirigeants européens ont par ailleurs réaffirmé vendredi leur soutien à l'Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron a notamment annoncé la création d'un "fonds spécial" pour que l'Ukraine puisse "acheter directement" auprès des industriels français "les matériels dont elle a le plus besoin pour soutenir son effort de guerre".


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Short Url
  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.