Israël sous le feu des critiques pour sa politique meurtrière

Les militaires israéliens ont changé de tactique pour être plus agressifs, a déclaré un responsable palestinien à Arab News (Photo, AFP/Archives).
Les militaires israéliens ont changé de tactique pour être plus agressifs, a déclaré un responsable palestinien à Arab News (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Samedi 08 octobre 2022

Israël sous le feu des critiques pour sa politique meurtrière

  • Les parents de Salama Raafat Charaya'a affirment qu'il a été abattu lundi, mais les Forces de défense israéliennes n'ont pas encore confirmé ce meurtre
  • Le bataillon Netzah Yehuda est accusé d'être à l'origine d'un pic de fusillades mortelles

BIRZEIT : Les parents d'un Palestinien de 19 ans qui aurait été abattu par des soldats israéliens affirment qu'ils ont commencé à recevoir des personnes en deuil, bien qu'ils n'aient pas encore reçu de confirmation officielle de la mort de leur fils.

La famille croit que Salama Raafat Charaya'a, originaire de Birzeit, dans le centre de la Cisjordanie, a été tué lorsque le véhicule dans lequel il se trouvait avec deux autres jeunes hommes a été la cible de tirs près du camp de réfugiés de Jalazun, au nord de Ramallah, lundi vers l'aube.

On pense que deux des occupants ont été tués sur place et que le troisième a été blessé. Les corps des victimes et de l'homme blessé ont été emportés par les forces de défense israéliennes, mais celles-ci n'ont pas répondu aux demandes d'identification des autorités palestiniennes.

Nasser Charaya'a, l'oncle de Salama, a révélé que, bien que la famille n'ait pas reçu de confirmation officielle, elle est certaine que l'adolescent avait été tué.

«Nous ne connaissons pas son sort, c'est pourquoi la famille a décidé de recevoir des personnes en deuil pour sa mort», a-t-il déclaré à Arab News.

Par le passé, il a fallu plusieurs mois pour que les corps des Palestiniens tués par les troupes israéliennes soient rendus à leurs familles pour qu'elles puissent les enterrer. Charaya'a a signalé qu'il ne voulait pas que la mère et les sœurs de Salama ne sachent pas ce qui lui était arrivé.

Des centaines de Palestiniens, dont de hauts responsables politiques et sécuritaires, ont adressé leurs condoléances à la famille.

Charaya'a, qui travaillait dans une station de lavage de voitures à Ramallah, est l'un des 113 Palestiniens tués par les forces israeliennes depuis le début de l'année. Ce bilan, le plus élevé depuis cinq ans, a suscité un tollé parmi les défenseurs des droits de l'homme, qui dénoncent le recours excessif à la force par l’armée israélienne.

Le porte-parole de l'Autorité palestinienne, Ibrahim Melhem, a déclaré à Arab News que le nombre élevé de morts était dû au fait que les dirigeants politiques et militaires israéliens ont donné la directive de tirer pour tuer aux troupes sur le terrain.

Le sang des Palestiniens est utilisé comme un outil politique dans le but de gagner les électeurs de droite lors des prochaines élections israéliennes, a-t-il affirmé, ajoutant que des pics de meurtres avaient été enregistrés à l’approche des scrutins précédents.

Melhem a également critiqué la réaction «timide» de la communauté internationale face aux tirs sur les Palestiniens, qui, selon lui, donne le feu vert à Israël de manière à poursuivre sa politique de «tirer pour tuer».

Une source médicale de haut niveau du ministère palestinien de la Santé a déclaré à Arab News que les soldats israéliens «tirent délibérément à balles réelles sur les parties supérieures du corps» afin de s'assurer que la cible est tuée plutôt que blessée.

Il s'agit d'un changement significatif par rapport à ce qui s'était passé dans auparavant, lorsque les soldats israéliens visaient plus souvent les membres inférieurs de leurs cibles afin de les mettre hors d'état de nuire mais pas de les tuer, a indiqué la source.

Il était également courant que l'armée israélienne empêche les ambulances palestiniennes de se rendre auprès des personnes blessées lors de fusillades, ce qui signifiait que les victimes étaient tout simplement laissées se vider de leur sang, a souligné la même source.

Même si une ambulance arrivait à passer, les équipes étaient souvent incapables de sauver les victimes de coups de feu, selon la source.

«S'il s'agit d'une blessure à la tête, il est difficile pour l'équipe d'ambulanciers de sauver cette personne».

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme accusent le bataillon Netzah Yehuda des forces israéliennes qui opère en Cisjordanie, d'être responsable de l'augmentation du nombre de tirs mortels contre des Palestiniens, comme Omar Asa'ad, 78 ans, abattu en janvier dans le village de Jiljlya, au nord de Ramallah.

L'expert militaire israélien Eyal Alima a déclaré à Arab News que, bien que les forces militaires israéliennes aient rejeté les allégations selon lesquelles elles avaient adopté une politique de «tirer pour tuer», le nombre de morts raconte une autre histoire.

«Les forces israéliennes justifient les tirs mortels sur les Palestiniens en disant que lorsque leurs forces en Cisjordanie essuient des tirs, elles se considèrent comme étant sur un champ de bataille plutôt que sur une mission de police.»

«Ils répondent donc en tirant sans aucune restriction», a-t-il affirmé.

Alima a ajouté que ce changement a coïncidé avec le début de l'opération “Waves Breaker” (Brise-vagues) en avril, lorsque les forces israéliennes ont ajouté neuf bataillons à leur force opérationnelle en Cisjordanie.

Cette mesure a été introduite dans le but de réduire le temps nécessaire aux forces israéliennes pour arrêter les Palestiniens recherchés, car la plupart des tentatives se soldent par une longue fusillade, a-t-il déclaré.

Alima a soutenu que bien que plusieurs appels aient été lancés - depuis Washington et même au sein de l'armée israélienne - pour démanteler le bataillon Netzah Yehuda ou le retirer de la Cisjordanie, les forces israéliennes ont refusé de le faire.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.