Londres mise sur son engagement climatique pour réchauffer ses liens avec Joe Biden

Boris Johnson modérant une table ronde sur l'ambition climatique lors de la 75e session de l'assemblée générale des Nations-Unies le 24 septembre 2020 (Manuel Elias/Nations-Unies/AFP)
Boris Johnson modérant une table ronde sur l'ambition climatique lors de la 75e session de l'assemblée générale des Nations-Unies le 24 septembre 2020 (Manuel Elias/Nations-Unies/AFP)
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

Londres mise sur son engagement climatique pour réchauffer ses liens avec Joe Biden

  • Toute l'ambivalence du président américain élu vis-à-vis de la Grande-Bretagne se résume en une vidéo, devenue virale après avoir été partagée samedi par un journaliste de la BBC
  • La réaction avait beau se vouloir humoristique, le ton était donné: Boris Johnson ne trouverait pas forcément un ami en la personne de Joe Biden

LONDRES : De ses « commentaires racistes » à son image de populiste, le Premier ministre britannique Boris Johnson n'a pas bonne presse dans l'entourage du président fraîchement élu Joe Biden, mais Londres compte sur son engagement pour le climat pour sauver sa « relation spéciale » avec les Etats-Unis. 

Toute l'ambivalence du président américain élu vis-à-vis de la Grande-Bretagne se résume en une vidéo, devenue virale après avoir été partagée samedi par un journaliste de la BBC: « La BBC? Je suis Irlandais ! », y plaisante Biden, esquivant ainsi en janvier les questions d'un journaliste britannique. 

La réaction avait beau se vouloir humoristique, le ton était donné: Boris Johnson ne trouverait pas forcément un ami en la personne de Joe Biden, qui a depuis exprimé son mécontent après l'introduction d'un projet de loi controversé sur l'accord du Brexit. 

Revenant partiellement sur certaines dispositions concernant l'Irlande du Nord, ce texte fait craindre aux Démocrates un retour des tensions dans la province britannique, où trois décennies de « Troubles » avaient fait 3.500 morts. 

Biden avait prévenu en septembre que le Royaume-Uni pouvait faire une croix sur tout accord commercial post-Brexit avec les États-Unis si l'Irlande du Nord devenait "une victime" de son divorce avec l'UE. 

Conclure un traité transatlantique ne sera de toute façon « pas un jeu d'enfant, quelle que soit (l'administration) américaine », a estimé dimanche dans une interview télévisée Boris Jonhson, jugeant qu'il avait tout de même « de bonnes chances » d'y parvenir. 

« Métamorphose flagorneuse »

Les tensions entre les deux dirigeants remontent à longtemps. Alors que Boris Johnson se rapprochait d'une victoire éclatante aux élections législatives de décembre dernier, celui qui était alors candidat à la Maison Blanche l'avait qualifié avec mépris de « clone physique et émotionnel » de Donald Trump. 

Le dirigeant britannique se voit lui reprocher par certains démocrates ses commentaires provocateurs sur Barack Obama. En 2016, il avait en effet affirmé que le président américain de l'époque, dont Biden était vice-président, avait une aversion pour le Royaume-Uni en raison de ses origines « en partie kényanes ».  

Le conservateur essaye désormais de faire amende honorable et a été l'un des premiers dirigeants européens à féliciter Joe Biden pour sa victoire. 

« Les États-Unis sont nos alliés les plus importants et j'ai hâte de coopérer étroitement sur nos priorités communes », a-t-il tweeté. Des propos qualifiés de « métamorphose flagorneuse » par l'ex-assistant d'Obama Tommy Vietor, selon qui les Démocrates n' « oublieront jamais (ses) commentaires racistes sur Obama et (sa) dévotion servile à l'égard de Trump ». 

En termes politiques, le Royaume-Uni est pourtant bien plus proche de Joed Biden sur le changement climatique, l'Iran, la Russie et le multilatéralisme qu'il ne l'était de l'administration Trump. 

Boris Johnson s'est réjoui dimanche de travailler avec Joe Biden sur des « sujets cruciaux », alors que le Royaume-Uni s'apprête l'année prochaine à prendre la présidence du G7 et à accueillir la conférence internationale sur le climat COP26. 

Initialement prévue cette semaine à Glasgow, la COP26 a été repoussée à novembre 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, ce qui permettra à Johnson de négocier avec Biden -qui a promis de rejoindre l'Accord de Paris « au premier jour » de sa présidence-, plutôt qu'avec l'administration climato-sceptique de Trump. 

« Relation spéciale »

Alors que Londres s'apprête à succéder aux États-Unis à la tête du G7, cette passation constitue « une chance de présenter au monde dans une tribune commune notre vision pour le monde sur le changement climatique », a estimé le sénateur américain Chris Coons, proche allié de Joe Biden.

« Nous pouvons réaliser plus de choses ensemble que nous ne le pourrions séparément », a-t-il déclaré dimanche sur la BBC, vantant la "relation spéciale entre les États-Unis et le Royaume-Uni » qui « dure depuis des décennies ». 

Le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui a rencontré Chris Coons lors de sa visite en septembre à Washington, a salué dimanche ses propos, soulignant les positions similaires de Londres et Biden sur la lutte contre le changement climatique, le commerce et le multilatéralisme. 

Boris Johnson a lui insisté sur leurs valeurs communes -la protection de la démocratie, la liberté d'expression et les droits humains- « qui sont actuellement menacées », mais que les deux nations pourront défendre ensemble, « comme elles l'ont fait maintes fois dans le passé ». 

« Les États-Unis constituent notre plus proche et plus important allié », a-t-il ajouté, « Cela était le cas sous les présidents et les Premiers ministres successifs. Cela ne changera pas ». 

 


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."