Ukraine: dans un village repris du Sud, les ravages des combats et l'ombre de l'armée russe

Une école endommagée est vue dans un village du sud de l'Ukraine dans la région de Mykolaïv, au milieu de l'invasion militaire russe lancée contre l'Ukraine, le 31 août 2022 (Photo, AFP).
Une école endommagée est vue dans un village du sud de l'Ukraine dans la région de Mykolaïv, au milieu de l'invasion militaire russe lancée contre l'Ukraine, le 31 août 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 octobre 2022

Ukraine: dans un village repris du Sud, les ravages des combats et l'ombre de l'armée russe

  • Les troupes de Moscou étaient donc solidement retranchées lorsque les militaires ukrainiens sont venus reprendre Krestchenivka
  • Ce qui explique les dégâts infligés au complexe scolaire lorsqu'ils y sont parvenus dimanche

KRESTCHENIVKA, Ukraine: Dans le gymnase de l'école de Krestchenivka, un village récemment repris aux troupes russes dans le Sud de l'Ukraine, le panier de basket donne sur des montagnes de gravats et un toit ouvert sur le ciel, après plusieurs jours de combats violents.

"Les Russes avaient fait de l'école leur poste de commandement" local, explique Pavlo Ulesco, 62 ans, en faisant visiter les lieux à l'AFP. Des tranchées avaient été aménagées le long d'un bâtiment, et d'énormes trous creusés pour y dissimuler des blindés.

Les troupes de Moscou étaient donc solidement retranchées lorsque les militaires ukrainiens sont venus reprendre Krestchenivka. Ce qui explique les dégâts infligés au complexe scolaire lorsqu'ils y sont parvenus dimanche.

A 50 mètres du gymnase, une petite école élémentaire a perdu une partie de ses murs, réduits à un tas de briques. "Dans un premier temps, ils bombardaient les Russes à distance", indique M. Ulesco. "Le combat de rue, lui, a duré deux ou trois jours."

C'est aussi l'estimation qu'en fait Vassil Khomitch, 65 ans, qui affirme revenir de "l'enfer".

"Les derniers jours, les nôtres visaient (les Russes) depuis l'Est et l'Ouest", affirme cet homme borgne. "Ca explosait tellement. Le ciel s'éclairait comme s'il y avait des éclairs", parfois il "devenait rouge" et "le sol tremblait."

Son amie Maria Jeleznyak, 62 ans, qui marche très difficilement et dont un bras est visiblement inerte, raconte des moments extrêmement tendus le 2 octobre, jour de la libération de Krestchenivka.

«Nos chers soldats»

Vers 7H15, "nos chers soldats sont arrivés", et à partir de 9H00, "le massacre a commencé." Les Ukrainiens "bombardaient, tiraient. C'était l'horreur." "On entendait des voitures, des tanks, des camions rouler comme des fous." "Mais nous avons survécu."

Lorsqu'elle a vu les "bandes jaunes", signe de reconnaissance que portent les troupes de Kiev sur leurs uniformes, "nous avons tellement pleuré, nous avons embrassé tout le monde", se remémore-t-elle, en larmes.

Malgré l'intensité des combats, les deux sexagénaires affirment pourtant n'avoir vu aucun cadavre russe dans Krestchenivka. Six jours après cette défaite des troupes de Moscou, rien ne subsiste ou presque de leur présence, hormis les destructions qu'elles ont semées.

Partout où elle l'emporte dans le Sud, et plus particulièrement dans la région de Kherson, où Kiev affirmait jeudi avoir repris 400 km2 de territoires aux "occupants" en moins d'une semaine, l'armée ukrainienne s'emploie à effacer au plus vite toute trace de leur passage.

A Krestchenivka, l'AFP n'a vu que deux blindés russes calcinés dans l'enceinte de l'école. Mais ils ne devraient pas y rester longtemps. Vers l'entrée du village, un autre char russe avait récemment été emporté, selon le résident Pavlo Ulesco.

Sur la route principale menant à Krestchenivka, plusieurs blindés détruits, que l'AFP avait aperçus vendredi matin, avaient déjà été remorqués dans l'après-midi.

Près d'une grande sculpture en forme de pastèque, l'un des emblèmes de la région de Kherson, grande productrice de ce fruit, les cadavres russes visibles quelques jours plus tôt sur les réseaux sociaux avaient également disparu.

«Ils se sont enfuis»

Alors que Kiev promet régulièrement aux soldats ennemis de rentrer chez eux "dans des sacs mortuaires", l'armée ukrainienne, qui avait invité l'AFP, ainsi que deux autres médias internationaux, à visiter les territoires "libérés" du Sud, ne souhaitait étonnamment pas montrer les dommages infligés aux forces russes.

Interdiction également de parler aux militaires ou de les filmer.

Loin de ces considérations, les habitants de Krestchenivka, ainsi que ceux d'Ukraïnka, Biliaïvka et Chevtchenkivka, trois villages largement épargnés par les combats, n'étaient que louanges pour leur héros... et moquerie envers les Russes, partis selon eux en catimini après les avoir sept mois durant "enfermés" chez eux, sans toutefois les torturer, disent-ils.

"Quand la bataille a commencé à Krestchenivka, ils sont tous partis à pied ou à vélo (...) . Et une demi-heure plus tard, un hélicoptère (ukrainien) leur a tiré dessus", les tuant tous, narre Galina Dejtiouk, 55 ans, une habitante du village voisin de Chevtchenkivka.

Depuis que les Ukrainiens ont pris le contrôle, "j'ai l'impression d'avoir changé de peau", se réjouit-elle.

A Biliaïvka, comme dans tout le Sud rural occupé par Moscou, internet a été coupé et le téléphone fonctionne très mal. Personne n'attendait donc les libérateurs ukrainiens, ni la débâcle russe.

"Nous n'avons même pas vu comme ils sont partis, mais nous étions tellement heureux", raconte Irina Chatchovska, 41 ans.

Son mari Leonid Tereshchenko, 63 ans, qui a passé cinq jours détenu par les Russes, le temps, selon lui, qu'ils vérifient qu'il n'était pas "nazi", ou pro-ukrainien, est formel : à Bliaïvka, "ils n'y a pas eu de combats. Ils se sont enfuis."


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."