Joe Biden se tourne vers la transition sans attendre que Trump concède la défaite

Joe Biden, le nouveau président des Etats-Unis et a femme Jill devenue donc Première dame (Photo, AFP)
Joe Biden, le nouveau président des Etats-Unis et a femme Jill devenue donc Première dame (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 09 novembre 2020

Joe Biden se tourne vers la transition sans attendre que Trump concède la défaite

  • Joe Biden a aussi l'intention de faire revenir les Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat
  • L'attitude de Donald Trump dans les prochains jours pèsera aussi sur la marge de manoeuvre de Joe Biden jusqu'au 20 janvier

WASHINGTON : Après avoir célébré sa victoire sur Donald Trump, Joe Biden se plonge dimanche dans les préparatifs de son accession à la Maison Blanche avec deux priorités affichées pour la transition: la lutte contre la pandémie et la réconciliation d'une Amérique divisée.

De par le monde, les dirigeants ont salué l'élection du démocrate, offrant un contraste saisissant avec le camp républicain aux Etats-Unis qui, à l'instar du président sortant, refuse de concéder la défaite. 

Arguant de « fraudes » électorales, sans fournir de preuves, Donald Trump promet de multiplier les actions en justice. Mais leurs chances d'aboutir sont très minces et les démocrates, qui ont laissé éclater leur joie notamment dans les grandes villes, en font peu de cas.

Sans un mot pour son rival, ni pour ses allégations, Joe Biden a promis samedi soir d'être un président « qui rassemble et non qui divise » devant une foule en liesse réunie dans son fief de Wilmington.

Sortant des rangs chez les républicains, l'ancien président George W. Bush l'a « remercié pour ce discours patriote » et l'a félicité, par téléphone, pour sa victoire dans une « élection honnête » ayant livré un verdict « clair ».

Résolument tourné vers la transition, l'ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a mis en ligne un site BuildBackBetter.com et des comptes Twitter dédiés aux 72 jours qui le séparent de son investiture, le 20 janvier 2021. 

Il y annonce ses priorités: le combat contre la pandémie, la reconstruction économique, la justice raciale et la lutte contre le réchauffement climatique.

L'enjeu du Sénat

Dès lundi, il mettra en place une cellule de crise sur le Covid-19, qui a déjà fait plus de 237.000 morts aux Etats-Unis. Ce groupe de travail réunira des scientifiques et des experts, chargés d'élaborer un plan à mettre en oeuvre dès sa prise de fonction.

Dans les 100 premiers jours de son mandat, Joe Biden a aussi l'intention de faire revenir les Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat et d'agir par décret pour détricoter le bilan de son prédécesseur, notamment en matière migratoire.

Avec la vice-présidente Kamala Harris, première femme noire à ce poste, il planche également sur la composition de son gouvernement, où les femmes et les minorités devraient occuper une large place.

En écho à son discours de rassembleur, son cabinet devrait inclure des représentants de l'aile gauche du parti, mais aussi des centristes voire, peut-être, quelques républicains.

La majorité au Sénat, qui se jouera lors de scrutins serrés en Géorgie en janvier, pourrait toutefois influer sur ses choix. Si les républicains conservent la main à la chambre haute, leur chef Mitch McConnell pourrait refuser de confirmer des personnalités trop à gauche à son goût.

« Election volée »

L'attitude de Donald Trump dans les prochains jours pèsera aussi sur la marge de manoeuvre de Joe Biden jusqu'au 20 janvier. 

Pour avoir accès aux informations des agences fédérales, il faut en effet une décision administrative qui enclenche le processus de transition. Celle-ci pourrait être retardée par le refus du républicain de reconnaître sa défaite, un geste extrêmement difficile pour cet ancien homme d'affaires qui a fait du « succès » le coeur de son discours.

Preuve qu'il n'est pas encore prêt à se retirer, il a encore cité dimanche sur Twitter des allégations d' « élection volée » avant de partir jouer au golf. Des messages immédiatement épinglés par le réseau social.

Les dirigeants internationaux, qui ne semblent pas prendre au sérieux les recours en justice du milliardaire, ont félicité sans attendre Joe Biden pour sa victoire, se disant prêts à travailler avec les Etats-Unis pour affronter les "grands défis" du monde. 

Même Israël et l'Arabie saoudite, dont les dirigeants sont proches de Donald Trump, ont salué l'élection du démocrate.

« Relation souple à la vérité »

Aux Etats-Unis en revanche, à de rares exceptions, le camp républicain n'a pas encore franchi ce pas. « Ne concédez rien M. le président, battez-vous », a lancé dimanche le sénateur Lindsey Graham sur Fox News.

« Nous devons protéger notre démocratie avec une transparence complète », a renchéri la « First Lady » Melania Trump.

La plupart des élus du Congrès observent un mutisme absolu depuis 24 heures. Or, leur coopération sera essentielle pour éviter la paralysie des institutions.

« Ca m'est égal » que Donald Trump ne reconnaisse pas sa défaite, a lancé le représentant démocrate James Clyburn sur CNN. « Ce qui m'importe c'est que le parti républicain se lève et nous aide à préserver l'intégrité de notre démocratie ».

« On ne changera pas le président (...) il a une relation souple avec la vérité », a pour sa part déclaré le sénateur républicain Mitt Romney, un de ses critiques fréquents. 

« Je suis convaincu qu'il se battra jusqu'au bout », a-t-il ajouté. « Mais je suis également sûr qu'une fois tous ses recours épuisés, il acceptera l'inévitable ».


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».