Ukraine: La Russie va évacuer la population du sud face à la contre-offensive de Kiev

Le président des chefs d'état-major interarmées, le général Mark Milley, donne une conférence de presse après une réunion du groupe de contact de la défense ukrainienne lors d'une réunion de deux jours des ministres de la défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 12 octobre 2022. (AFP).
Le président des chefs d'état-major interarmées, le général Mark Milley, donne une conférence de presse après une réunion du groupe de contact de la défense ukrainienne lors d'une réunion de deux jours des ministres de la défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 12 octobre 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

Ukraine: La Russie va évacuer la population du sud face à la contre-offensive de Kiev

  • Malgré ses frappes massives cette semaine dans tout le pays, la Russie reste en difficulté sur le terrain face aux contre-offensives ukrainiennes
  • Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se sont eux retrouvés au Kazakhstan, mais sont restés silencieux quant à l'éventualité d'une médiation turque sur l'Ukraine que le Kremlin disait attendre

KIEV: La Russie a annoncé jeudi qu'elle allait organiser l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, affirmant répondre à une demande des autorités d'occupation locales menacées par les progrès de la contre-offensive des forces ukrainiennes.

Alors que malgré ses frappes massives cette semaine dans tout le pays la Russie reste en difficulté sur le terrain face aux contre-offensives ukrainiennes, l'Union européenne a lancé une nouvelle mise en garde à Vladimir Poutine.

"Toute attaque nucléaire contre l'Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l'armée russe sera anéantie", a déclaré jeudi à Bruges le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Dans l'immédiat c'est d'évacuations de population qu'il est question à Moscou. "A la suite de l'appel du chef de la région de Kherson (...) le gouvernement a décidé d'organiser une aide pour le départ des habitants de la région vers d'autres régions" de la Fédération de Russie, a déclaré le vice-Premier ministre Marat Khousnoulline à la télévision.

"Nous fournirons à chacun un logement gratuit et tout le nécessaire", a poursuivi le ministre, sans donner d'indications sur le nombre de personnes concernées.

Les autorités d'occupation russes de la région de Kherson avaient demandé auparavant à Moscou d'organiser l'évacuation des civils de ce territoire annexé fin septembre avec trois autres territoires ukrainiens.

Les habitants seront emmenés dans la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, et dans les régions de Rostov, Krasnodar et Stavropol, dans le sud de la Russie.

Cette annonce intervient alors que l'armée ukrainienne a dit jeudi avoir reconquis cinq localités dans la région, après avoir déjà revendiqué mercredi la prise de cinq autres communes.

Depuis plusieurs semaines, l'armée ukrainienne mène une contre-offensive dans ce territoire occupé depuis l'offensive russe mais où elle a affirmé la semaine passée avoir repris plus de 400 km2 en sept jours.

Les autorités ukrainiennes n'avaient pas encore réagi aux annonces d'évacuation en début de soirée. Kiev a accusé par le passé la Russie d'avoir emmené sur son territoire sous couvert d'évacuation des milliers d'habitants des territoires occupés.

L'Otan «ne bluffe pas» non plus

Sur le front diplomatique, les présidents russe et turc se sont retrouvés jeudi au Kazakhstan en marge d'un sommet régional à Astana, mais n'ont pas évoqué publiquement la proposition de médiation turque évoquée précédemment par le Kremlin.

M. Poutine a proposé la création d'un "hub gazier" en Turquie pour exporter les hydrocarbures russes.

"Il n'y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d'importer davantage de gaz russe", a réagi la présidence française.

L'Ukraine continue pour sa part d'engranger les promesses de livraisons de systèmes anti-aériens pour neutraliser la menace des missiles russes.

Après l'annonce de l'arrivée d'un système allemand et de la livraison prochaine de modèles américains, le Royaume-Uni a annoncé qu'il fournirait des munitions capables d'abattre des missiles de croisière.

L'Espagne va fournir quatre systèmes sol-air de moyenne portée "Hawk", selon l'Otan.

"Nous espérons plus de la France et de l'Italie dans ce domaine de la défense aérienne", a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s'adressant en visioconférence à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

Il a souligné lors de son adresse quotidienne dans la soirée que la Russie envoyait en ce moment "des milliers de ses mobilisés sur le front". "L'utilisation par les généraux russes de ces gens comme de la chair à canon leur permet de renforcer la pression sur nos défenseurs. C’est une pression tangible".

Aux portes de Bakhmout

La situation sur le terrain "est compliquée, mais sous contrôle", a déclaré de son côté le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valery Zaloujny.

"La supériorité de l'artillerie ennemie illustre la nécessité d'augmenter la puissance de feu des forces armées ukrainiennes", a-t-il fait valoir. "La question des défenses anti-aériennes intégrées est également essentielle".

Les forces russes, en recul sur plusieurs fronts, sont à l'offensive sur celui de Bakhmout, ville de l'Est qui comptait avant la guerre 70.000 habitants et aujourd'hui largement désertée et ravagée par les tirs d'artillerie.

Plus au nord, à Iampil, près du nœud ferroviaire stratégique de Lyman récemment reconquis par l'Ukraine, les journalistes de l'AFP ont entendu jeudi des tirs nourris d'artillerie. Selon un soldat revenant du front, le village de Torske y essuyait des bombardements russes.

À Belgorod en Russie, un missile ukrainien a frappé, sans faire de victimes, un immeuble d'habitation, ont rapporté les autorités locales.

Dans la soirée, une frappe ukrainienne a fait exploser un dépôt de munitions dans la région de cette grande ville située dans une région frontalière de l'Ukraine, selon le gouverneur de la région.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a annoncé s'être entretenu avec le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, de retour en Ukraine jeudi, dans un abri anti-aérien à Kiev.

"J'ai réaffirmé que la Russie doit quitter la centrale nucléaire de Zaporijjia afin de la sécuriser et cesser d'enlever et d'intimider son personnel ukrainien", a déclaré M. Kouleba.

M. Grossi entend négocier une formule à même de sécuriser cette centrale nucléaire, occupée et annexée par les Russes et visée régulièrement par des tirs.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.