La gauche politique et associative marche dimanche contre «la vie chère» et le gouvernement

Jean-Luc Melenchon, chef de la coalition de gauche Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) à la fête de l'Humanité (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon, chef de la coalition de gauche Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) à la fête de l'Humanité (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

La gauche politique et associative marche dimanche contre «la vie chère» et le gouvernement

  • Jean-Luc Mélenchon a anticipé jeudi «un moment très regardé, craint par le régime et le gouvernement de M. Macron»
  • L'ex-candidat à la présidentielle avait demandé dès juillet à la Nupes d'organiser une manifestation la plus large possible

PARIS: Les partis de la gauche unie, plusieurs ONG et syndicalistes vont défiler dimanche à Paris dans une "marche contre la vie chère et l'inaction climatique", avec l'espoir d'ouvrir dans la rue un nouveau front contre le gouvernement.

Jean-Luc Mélenchon a anticipé jeudi "un moment très regardé, craint par le régime et le gouvernement de M. Macron". "Nous devons montrer la force de notre détermination. Nous n'avons aucune raison de baisser les yeux, des richesses considérables ont été accumulées, elles peuvent être partagées", a-t-il ajouté.

L'ex-candidat à la présidentielle (21,95% au premier tour en avril dernier) avait demandé dès juillet à ses troupes et la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) d'organiser une manifestation la plus large possible, avec les associations et les syndicats.

Il a beau avoir mis la pression sur ces derniers, la CGT, la FSU et Sud-Solidaires ont refusé de signer l'appel. Mais certaines fédérations comme la CGT Commerce, la CGT Energie Île-de-France, et 700 syndicalistes comme la secrétaire générale de la CGT Céline Verzeletti ont tout de même annoncé leur participation.

Une soixantaine de personnalités du monde culturel, dont la récente nobélisée de littérature Annie Ernaux, ont aussi appelé à défiler.

"On ne pouvait pas se payer le luxe de la division" en période d'inflation galopante et avec la réforme annoncée des retraites par le gouvernement, explique à l'AFP la présidente du "parlement de l'Union populaire" - une instance de la Nupes - et députée Aurélie Trouvé, qui a animé les longues négociations pour aboutir à la marche.

Les grèves dans les raffineries et les victoires glanées sur certains points du budget à l'Assemblée nationale installent un climat favorable, se réjouit-elle, évoquant des AG pleines dans des grèves à la RATP ou encore du monde dans ses réunions de circonscription.

"D'expérience, il y a du monde à une manifestation quand il y a un climat insurrectionnel. (...) On sent que les gens reprennent espoir dans la lutte", estime-t-elle.

Casseurs
Selon Mme Trouvé, les cars affrétés au départ de nombreuses villes en France dépassent largement la centaine et vont être doublés dans les plus grandes villes. "C'est plus que pour la marche pour la VIe République de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle", qui avait au printemps attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes, jauge cette ancienne porte-parole d'Attac.

Différence de taille: Jean-Luc Mélenchon pourrait ne pas prendre la parole, afin de ne pas donner l'air de tirer la couverture à lui. Mais aussi parce qu'"il ne serait pas avisé de le faire parler en ce moment car il n'est pas une personnalité rassembleuse et n'est pas à l'intergroupe parlementaire de la Nupes", estime un cadre écologiste en privé.

Cinq grands thèmes de revendication organiseront spatialement le cortège, qui partira de la place de la Nation pour rejoindre la Bastille: retraite à 60 ans et augmentation des salaires; allocation autonomie de 1.100 euros pour les jeunes; blocage des prix; taxation des super-profits; bifurcation écologique.

La marche est en théorie l'occasion pour la Nupes, qui sort des délicates affaires Quatennens et Bayou, de resserrer ses rangs. Et pourtant, des dissensions sont apparues.

Les communistes n'ont décidé que la semaine dernière d'appeler à y participer, et leur chef Fabien Roussel n'en sera pas. Celui qui relativise régulièrement l'efficacité de la coalition a dit qu'il donnait dimanche la priorité à des rencontres en circonscription.

Le Parti socialiste et son premier secrétaire Olivier Faure ont critiqué un tweet de Jean-Luc Mélenchon faisant le parallèle avec un moment insurrectionnel de la Révolution française. La numéro 2 du parti Corinne Narassiguin confie à l'AFP: "On ne va pas changer la culture politique de LFI et on n'est pas surpris. Mais c'était important de dire notre différence".

Elle souligne que le risque que des casseurs gâche la fête est grand, et "il ne faut donc pas donner à croire qu'on tolèrerait ces comportements".

Selon une source policière, 30.000 manifestants sont attendus, dont un bloc radical. Il pourrait agréger des profils divers, de l'ultra gauche à des "ultra (gilets) jaunes". Les forces de l'ordre réfléchissent à comment les gérer au mieux sans troubler la manifestation.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».