Que présuppose le nouvel accord sur la frontière maritime libano-israélienne?

Une photo prise le 5 août 2021 dans le nord de la ville israélienne de Metoula, près de la frontière avec le Liban, montre des drapeaux libanais et israéliens. (AFP)
Une photo prise le 5 août 2021 dans le nord de la ville israélienne de Metoula, près de la frontière avec le Liban, montre des drapeaux libanais et israéliens. (AFP)
La marine israélienne a été déployée en juin alors que les tensions se sont exacerbées dans le conflit maritime entre le Liban et Israël lorsqu'une plate-forme de forage israélienne a pénétré dans les eaux contestées. (AFP)
La marine israélienne a été déployée en juin alors que les tensions se sont exacerbées dans le conflit maritime entre le Liban et Israël lorsqu'une plate-forme de forage israélienne a pénétré dans les eaux contestées. (AFP)
Les officiels libanais et à leur tête, le président, Michel Aoun, rencontrent l'envoyé américain, Amos Hochstein (5e G), et son équipe au palais présidentiel à Baabda le 1er août 2022. (Dalati & Nohra via AFP)
Les officiels libanais et à leur tête, le président, Michel Aoun, rencontrent l'envoyé américain, Amos Hochstein (5e G), et son équipe au palais présidentiel à Baabda le 1er août 2022. (Dalati & Nohra via AFP)
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

Que présuppose le nouvel accord sur la frontière maritime libano-israélienne?

  • Les pourparlers sous médiation américaine sur la frontière maritime contestée ont duré plus de dix ans
  • Le différend portait sur l'accès à des champs gaziers essentiels en Méditerranée orientale

LONDRES: Dix ans après le début des efforts de médiation des États-Unis, le Liban et Israël sont finalement parvenus à un accord délimitant leur frontière maritime, dans ce que les experts décrivent comme un moment «historique». Toutefois, certains observateurs sont plus prudents.

«Cela fait au moins dix ans qu'on l'attend», déclare l'ambassadeur Frederic Hof, ancien directeur du Centre Rafic Hariri pour le Moyen-Orient du Conseil atlantique, qui a servi de médiateur américain en 2012 sous la présidence de Barack Obama.

«Nous devons être prudents à ce stade. Il y a encore un long processus de ratification en Israël. On peut se demander si, après les élections du 1er novembre, l'accord sera maintenu en cas de changement de gouvernement», souligne-t-il à Arab News.

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Une plate-forme du champ de gaz naturel Leviathan dans la mer Méditerranée, vue depuis la plage de Nahsholim, sur la côte nord d'Israël. (AFP)

«Du côté libanais, il y a quelques questions. La question évidente est: y a-t-il effectivement des gisements de gaz naturel commercialisables sous les eaux libanaises? Et, étant donné qu'il n'y aura probablement pas de revenus avant cinq ans, le système politique libanais va-t-il subir quelques changements qui permettraient au peuple libanais de bénéficier de tout cela?»

Le différend remonte à 2012, lorsque les deux pays ont échoué à parvenir à un accord sur l'emplacement de leur frontière maritime commune. Israël a initialement fait pression pour la ligne 1 (voir la carte), tandis que le Liban était favorable à la ligne 29. 

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M. Hof, qui a été le premier médiateur américain nommé dans le cadre du processus, a proposé une ligne plus proche de l'option préférée des Israéliens. En fin de compte, cependant, la frontière qui a été convenue est la ligne 23, qui est plus proche de la frontière préférée du Liban.

Au cœur du conflit se trouvent deux gisements de gaz naturel offshore: le gisement inexploité de Cana dans les eaux territoriales libanaises et le gisement de Karich en territoire israélien. La contestation des ressources s'est intensifiée en juillet lorsque le Hezbollah, la milice libanaise soutenue par l'Iran, a lancé une attaque de drones sur le champ de Karich. Les défenses aériennes israéliennes ont réussi à abattre les trois drones avant qu'ils n'atteignent leur cible. On espère que l'accord frontalier conclu cette semaine permettra d'éviter des incidents similaires.

Selon les détails de l'accord qui ont fuité, les revenus du gaz extrait du champ de Cana seront partagés entre le Liban et la société énergétique française Total, et 17 % des revenus de Total iront à Israël. Israël continuera à avoir des droits exclusifs sur le champ de Karich.

 

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Des véhicules de la force de maintien de la paix des Nations unies patrouillent à Naqoura, au sud de la ville libanaise de Tyr, à la frontière avec Israël, le 6 juin 2022. (AFP)

 

Bien que l'accord règle la question de la frontière maritime, il n'affecte pas la frontière terrestre non encore reconnue entre les deux pays, la «ligne bleue», délimitée en 2000 et supervisée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban.

Évoquant les raisons pour lesquelles un accord sur la frontière maritime n'a pas pu être conclu il y a dix ans, lorsque le processus a commencé, Frederic Hof précise que le gouvernement de Najib Mikati – qui est aujourd'hui le Premier ministre intérimaire du Liban – avait déjà commencé à «s'effondrer progressivement».

Il ajoute : «Désormais, la décision semble être entre les mains des trois présidents du Liban (le président, le Premier ministre et le président du Parlement) et, à moins que les choses ne changent, ce que je ne pense pas, tous les trois semblent convenir que le Liban s’en est bien sorti par rapport à cette médiation.»

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Najib Mikati (à droite), rencontre l'envoyé américain, Amos Hochstein, et l'ambassadrice américaine, Dorothy Shea (à gauche), au palais présidentiel de Baabda, le 14 juin 2022 (photo Dalati & Nohra via AFP).

D'autres, comme Tony Badran, chargé de recherche à la Fondation pour la défense des démocraties et analyste du Levant pour le magazine Tablet, déclarent à Arab News que «ce qui a changé désormais, c'est que l'administration Biden a abandonné le cadre précédent de la division de la zone contestée selon un ratio de 55/45, et a réussi à faire pression sur un gouvernement boiteux et docile pour qu'il concède 100 % des demandes du Hezbollah».

Les responsables américains considèrent également l'accord maritime, dont la médiation a été assurée par Amos Hochstein, conseiller principal de l'administration Biden pour la sécurité énergétique, comme une victoire diplomatique qui, à terme, améliorera la sécurité et la stabilité globales dans la région.

«En fin de compte, les États-Unis ont réussi à négocier un accord entre le Liban et Israël – deux pays ennemis – pour conclure un accord sur la frontière maritime qui, selon eux, stabiliserait la situation entre les deux pays et rendrait la guerre plus difficile», déclare à Arab News Laury Haytayan, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord du Natural Resource Governance Institute.

En effet, elle estime qu'Israël, qui bénéficie déjà d'un approvisionnement énergétique suffisant, a correctement identifié les avantages sécuritaires offerts par un accord qui favorise les revendications territoriales du Liban par rapport à l'intérêt économique personnel israélien.

«Si le Liban est stable, et que le Liban se concentre sur son économie, ils pensent qu'ils seront moins intéressés par la guerre» et, à leur tour, moins dépendants du Hezbollah et de l'Iran, ajoute Mme Haytayan.

Les responsables à Beyrouth avaient cependant probablement d'autres préoccupations à l'esprit. Alors que le Liban est confronté à une catastrophe économique, le gouvernement intérimaire est impatient de montrer qu'il joue le jeu de la communauté internationale en exigeant des réformes en échange d'une aide.

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Des partisans du Hezbollah libanais écoutant le leader du groupe, Hassan Nasrallah, qui s'adresse à eux à travers un écran géant, le 9 août 2022. (AFP)

Laury Haytayan explique que l'objectif principal du Liban est de placer «une carte entre les mains de la classe politique afin qu’elle l’utilise pour parler à la communauté internationale et aux Américains pour la première fois, afin que ces derniers arrêtent les sanctions».

Depuis l'effondrement économique du Liban en 2019, aggravé par la pandémie de Covid-19 et l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020, les États-Unis ont exercé une pression soutenue sur le gouvernement libanais pour qu'il s'attaque à une corruption endémique.

Parmi les personnes placées sous sanctions par les États-Unis figure le gendre du président, Michel Aoun, Gebran Bassil, qui est un ancien ministre des Affaires étrangères et l'actuel chef du Courant patriotique libre (CPL).

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Gebran Bassil, l'actuel chef du Courant patriotique libre du Liban. (AFP)

Parce que l'élite libanaise a la réputation de se remplir les poches au détriment des deniers publics, les citoyens ne peuvent s'empêcher d'être pessimistes quant à la perspective de voir les revenus pétroliers résultant de l'accord frontalier utilisés à bon escient.

«Je pense que la menace que les revenus ne soient pas utilisés au profit du peuple libanais, et pour la reconstruction du Liban, vient de l'existence d'une classe politique totalement corrompue et totalement incompétente au Liban, qui bénéficie du soutien et de la protection du Hezbollah», précise M. Hof.

Bien qu'il faille attendre au moins cinq ans avant que le Liban ne perçoive le moindre avantage financier des explorations gazières, il existe plusieurs avantages indirects à court terme, souligne Mme Haytayan.

Un engagement public de Total à commencer les opérations de forage dans le champ de Cana pourrait contribuer à convaincre davantage d'entreprises d'investir au Liban, ce qui donnerait au gouvernement libanais des «atouts supplémentaires pour négocier, avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la communauté internationale, les États-Unis et les Européens», déclare Laury Haytayan. «Cela permettrait d'alléger la pression des réformes qui pèse sur eux depuis trois ans et demi.»

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La société TotalEnergies s'est engagée à commencer les opérations de forage dans le champ de Cana dès qu'Israël et le Liban auront réglé leur différend frontalier maritime. (Dossier AFP)

Le président américain, Joe Biden, a appelé son homologue libanais, Michel Aoun, pour féliciter le Liban de l'accord maritime.

«Tout le monde est heureux que le Liban ait conclu cet accord avec Israël, et la classe politique libanaise reprend un nouveau souffle avec cette dynamique politique», note Mme Haytayan.

L'accord sur la frontière maritime est sans aucun doute un grand pas en avant. Toutefois, Frederic Hof doute qu'il conduise à une quelconque normalisation des relations entre Israël et le Liban dans un avenir proche. Il considère plutôt les années à venir comme un test de la volonté de réforme de la politique libanaise et de la volonté de l'élite de faire passer les besoins du public avant les siens.

«Cinq ans est l'estimation la plus fréquente (pour l'exploration gazière)», explique M. Hof. «Cela donne au peuple libanais cinq ans pour faire de son mieux pour créer un système reflétant l'État de droit, la responsabilité, la transparence et pour construire un État libanais capable d'utiliser ces ressources accordées par Dieu.»

Quant à Tony Badran, il indique que l'accord a conduit le Hezbollah à «émerger clairement comme le principal interlocuteur de l'administration Biden, et de la France, au Liban – une reconnaissance qu'il est le seul parti qui compte au Liban, et qui le domine».

«L'administration Biden a non seulement aidé le Hezbollah dans son objectif de contraindre Israël à céder sous le feu, mais aussi, l'accord lui-même cimente le partenariat de la France avec le Hezbollah, ainsi que d'autres investissements étrangers potentiels.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.