Emmanuel Macron choisit Jean Castex comme PDG de la RATP

M. Castex, qui a souvent clamé son attachement au monde des transports lors de son passage à Matignon, avait été récemment nommé président du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France). (Photo, AFP)
M. Castex, qui a souvent clamé son attachement au monde des transports lors de son passage à Matignon, avait été récemment nommé président du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France). (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 19 octobre 2022

Emmanuel Macron choisit Jean Castex comme PDG de la RATP

  • Afin d'officialiser sa nomination, M. Castex devra encore être entendu et approuvé par les commissions concernées par le secteur des transports à l'Assemblée et au Sénat
  • Agé de 57 ans, Jean Castex a été chef du gouvernement du 3 juillet 2020 au 16 mai 2022

PARIS : Emmanuel Macron a choisi mercredi son ancien Premier ministre Jean Castex pour devenir le président-directeur général de la RATP, une décision qui doit encore être entérinée par les commissions parlementaires compétentes.

"Le Président de la République envisage, sur proposition de la Première ministre et après avis de compatibilité de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, de nommer M. Jean Castex en qualité de président-directeur général de la Régie autonome des transports parisiens", a annoncé l'Elysée dans un communiqué.

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait rendu mardi un avis favorable à ce projet de nomination, cinq mois après le départ de M. Castex de Matignon. La HATVP a toutefois émis certaines réserves, au titre des fonctions passées de M. Castex, dans le cadre de "l'ouverture à la concurrence des transports publics en Ile-de-France".

L'ancien chef du gouvernement devra ainsi "s'abstenir de toute démarche, y compris de représentation d'intérêts", auprès de ceux de ses anciens ministres toujours en poste, ou auprès des "services qui étaient placés sous son autorité directe", durant trois ans, selon l'avis de la HATVP.

Afin d'officialiser sa nomination, M. Castex devra encore être entendu et approuvé par les commissions concernées par le secteur des transports à l'Assemblée et au Sénat.

La régie des transports parisiens est orpheline de sa PDG Catherine Guillouard, démissionnaire après cinq ans de mandat, et de son numéro deux, Philippe Martin, parti à la retraite le 30 septembre dernier.

Agé de 57 ans, Jean Castex a été chef du gouvernement du 3 juillet 2020 au 16 mai 2022. Diplômé de l'ENA et Gersois d'origine, il a également été maire de Prades (Pyrénées-Orientales) et occupe depuis fin juillet, à titre bénévole, la présidence de la Fondation Agir contre l'exclusion (FACE).

M. Castex, qui a souvent clamé son attachement au monde des transports lors de son passage à Matignon, avait été récemment nommé président du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France).

La RATP, qui gère 330 lignes en Ile-de-France et transporte plus de trois millions de passagers par jour via son réseau de bus, a actuellement toutes les peines du monde pour maintenir un service complet, sur fond d’absentéisme, de difficultés de recrutement ou d'ouverture à la concurrence


Grève des raffineries: la moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent de carburants

Cette photographie prise le 20 mars 2023 montre une file d'attente dans une station-service Elan à Marseille, dans le sud de la France. (AFP),
Cette photographie prise le 20 mars 2023 montre une file d'attente dans une station-service Elan à Marseille, dans le sud de la France. (AFP),
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  • Lundi, à 10H30, environ 8% des stations-service de France étaient à court d'essence ou de gazole, mais plusieurs départements connaissaient une situation beaucoup plus préoccupante, imputée par un syndicat professionnel à un effet de "panique"
  • L'arrêt de la plus grande raffinerie de France, en Normandie (TotalEnergies), et celui éventuel de deux autres raffineries en Normandie et près de Marseille, pourraient accentuer la pénurie

PARIS: De nombreuses stations-service étaient affectées lundi dans le sud-est de la France par des pénuries de carburants, sur fond de grèves des expéditions dans les raffineries contre la réforme des retraites, alors que la situation semblait globalement stable dans le reste du pays, selon des données publiques analysées par l'AFP.

Lundi, à 10H30, environ 8% des stations-service de France étaient à court d'essence ou de gazole, mais plusieurs départements connaissaient une situation beaucoup plus préoccupante, imputée par un syndicat professionnel à un effet de "panique", lié aux déclarations de leaders syndicaux appelant à faire le plein.

Dans les Bouches-du-Rhône, 50% des stations-service étaient affectées, des pourcentages à deux chiffres qu'on retrouvait dans les départements voisins du Gard (40,9%), du Vaucluse (33,33%), du Var (23,24%) et des Alpes-de-Haute-Provence (22,22%).

Autre foyer d'"emballement" des pénuries, la Loire-Atlantique (29,05% des stations touchées), où la raffinerie de Donges, à l'arrêt pour des problèmes techniques, a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.

L'arrêt de la plus grande raffinerie de France, en Normandie (TotalEnergies), et celui éventuel de deux autres raffineries en Normandie et près de Marseille, pourraient accentuer la pénurie.

Au niveau national, la situation n'est "pas dramatique", assure Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians qui représente 5.800 stations sur près de 10.000 en France, et note que le phénomène est "essentiellement concentré dans la région Paca".

"Pour l'instant", il s'agirait selon lui d'un épiphénomène, "sauf bien entendu la région Paca. Des remontées que j'ai de chacun de mes représentants de région, il n'y a pas de panique", a-t-il ajouté, soulignant ainsi une différence avec le conflit engagé à l'automne par les raffineries pour les salaires.

"Du produit on en a, on en a dans les dépôts", assure M. Pousse, même si "tant que vous avez cet effet d'emballement", les stations sont "plus dures à réapprovisionner".

La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers ont anticipé pour éviter la pénurie géante d'octobre dernier, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso.

M. Pousse souligne que 50% des carburants consommés en France sont importés.

Autre facteur pouvant expliquer ce bond des stations touchées par rapport à la fin de la semaine dernière, "on récolte ce matin l'absence de quasiment deux journées de livraisons, puisque dimanche il n'y en a pas, samedi, quand il y en a, ce n'est que le matin", rappelle M. Pousse.

Afin de juguler les achats de précaution, la préfecture du Vaucluse a décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations-services du département, jusqu'à jeudi inclus. Elle espère éviter ainsi ces scènes observées à Marseille, où dans une station-service manquant de certains carburants, un camion de ravitaillement est arrivé sous escorte policière.


Sur les piquets de grève autour de Paris, des éboueurs « déterminés » contre la réforme des retraites

En début de carrière, un chauffeur de benne gagne autour de 1.450 euros et peut espérer la finir avec 2.200 euros, indiquent des chauffeurs. (AFP).
En début de carrière, un chauffeur de benne gagne autour de 1.450 euros et peut espérer la finir avec 2.200 euros, indiquent des chauffeurs. (AFP).
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  • Sur le site d'incinération d'Ivry-sur-Seine, au sud-est de Paris, une trentaine de personnes, grévistes et leurs soutiens, étaient rassemblées tôt lundi matin autour d'un feu de bois
  • Lundi, deux motions de censure déposées contre le gouvernement d'Elisabeth Borne vont être soumises au vote des députées

IVRY-SUR-SEINE: "Marqués au corps par le travail", éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris restent mobilisés lundi contre le projet de réforme des retraites en France, cramponnés depuis deux semaines à leurs piquets de grève en région parisienne.

Sur le site d'incinération d'Ivry-sur-Seine, au sud-est de Paris, une trentaine de personnes, grévistes et leurs soutiens, étaient rassemblées tôt lundi matin autour d'un feu de bois, manteaux d'hiver sur le dos, buvant des cafés brûlants.

Eboueur parisien et responsable syndical de 53 ans, dont vingt-et-un de métier, Karim Kerkoudi a passé la nuit sur place. "Le jeu en vaut la chandelle", assure-t-il, "déterminé".

Si la réforme est votée, éboueurs et agents d'assainissement partiront à la retraite à 59 ans au lieu de 57.

"Chaque jour, je me lève à 4h45 pour aller porter, à deux, entre six et 16 tonnes d'ordures. J'ai des tendinites aux deux coudes. La douleur aux lombaires, on n'en parle même plus. On est marqué au corps par le travail", soupire Karim Kerkoudi.

Sur son téléphone, il montre une photo de lui le nez en sang. "Ce jour-là, je me suis pris un bac dans le visage, il était trop lourd et s'est décroché du camion. Une autre fois, je me suis brûlé le contour des yeux à cause d'un sac mal fermé qui contenait des liquides irritants", énumère-t-il.

Avant d'ajouter que, selon ses calculs, il devra "déjà travailler jusqu'à 67 ans pour une retraite à taux plein".

Lundi, deux motions de censure déposées contre le gouvernement d'Elisabeth Borne vont être soumises au vote des députées. Si elles n'obtiennent pas la majorité absolue, la réforme des retraites sera définitivement adoptée, en dépit de la contestation.

A l'entrée du site d'Ivry, Gursel Durmaz, 55 ans, filtre les arrivées. Seuls les grévistes et leurs soutiens peuvent rejoindre le piquet. "On n'est pas là pour mettre le bordel. On est là pour ne pas travailler jusqu'à la mort", explique, posté derrière la grille, cet éboueur syndiqué.

Près du feu, sous une tonnelle blanche, une table est encombrée de café et de pains au chocolat en sachet. Derrière un rideau, quelques lits de camp et des duvets.

« Stress permanent »

Au garage de Romainville, à l'est de Paris, la grève a été reconduite lundi matin pour une quinzième journée.

Etre chauffeur de camion-benne de la Ville de Paris est un "stress permanent", confie Abdu, dix-sept ans de boîte, qui préfère taire son patronyme par "peur" de sa hiérarchie.

"Circulation, cycliste à contre-sens et automobilistes impatients" sont son lot quotidien. "Il n'y pas un jour où on se fait pas insulter. On intériorise, on garde notre calme", explique-t-il. Certains collègues ont développé de l'"hypertension" et des "problèmes de dos".

Devant le site, un barrage filtrant a été mis en place après une réquisition des forces de l'ordre. Sur les 80 camions, seuls une dizaine sont sortis du garage pour opérer à Paris.

"Je comprends le ras-le-bol du Parisien mais il faut comprendre pourquoi on lutte", dit ce père de six enfants qui a commencé à travaillé à l'âge de 14 ans.

"Vous me voyez conduire un camion à 64 ans !", s'emporte sous couvert d'anonymat un de ses collègues, qui confie en avoir "ras-le-bol de voir régresser les conditions de travail et d'avoir un salaire qui ne bouge pas".

En début de carrière, un chauffeur de benne gagne autour de 1.450 euros et peut espérer la finir avec 2.200 euros, indiquent des chauffeurs.

A 53 ans, Ahmed se dit lui déjà "usé" après trois ans service. Cet ancien chauffeur de bus qui refuse de donner son nom a décidé de "chercher un boulot ailleurs", "mieux payé" et sans qu'on lui "balance des bras d'honneur sur la route et des insultes".

Autour du feu qui crépite à Ivry, les éboueurs se préparent à reconduire la mobilisation. Motion de censure ou pas, ils ne sont plus "à une nuit blanche près".


JO-2024: l'Assemblée vers des débats agités sur la vidéosurveillance «augmentée»

Cette photo d'archive prise le 27 février 2015 montre une image d'illustration d'un drone survolant Saint-Cloud, près de Paris, le 27 février 2015.
Cette photo d'archive prise le 27 février 2015 montre une image d'illustration d'un drone survolant Saint-Cloud, près de Paris, le 27 février 2015.
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  • Les échanges pourraient démarrer tard lundi et durer jusqu'à jeudi voire vendredi, avec la ministre des Sports et des Jeux Olympiques Amélie Oudéa-Castéra, et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
  • Adopté avec une confortable majorité en première lecture au Sénat, dominé par la droite, le texte éclectique comprend un large volet sécuritaire et arrive quelques mois après le fiasco de la finale de Ligue des Champions au Stade de France

PARIS: Le marathon continue à l'Assemblée nationale: si les motions de censure contre le gouvernement sont rejetées, les députés devront enchaîner lundi avec l'examen du projet de loi pour préparer les JO-2024, dont le volet vidéosurveillance suscite la forte défiance de la gauche.

Les échanges pourraient démarrer tard lundi et durer jusqu'à jeudi voire vendredi, avec la ministre des Sports et des Jeux Olympiques Amélie Oudéa-Castéra, et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Adopté avec une confortable majorité en première lecture au Sénat, dominé par la droite, le texte éclectique comprend un large volet sécuritaire et arrive quelques mois après le fiasco de la finale de Ligue des Champions au Stade de France. En mai 2022, des spectateurs étaient restés bloqués à la sortie du RER, d'autres sans billets avaient escaladé les grilles du Stade de France, des familles avaient été aspergées de gaz lacrymo ou s'étaient fait agresser.

L'article 7 du projet de loi, visé par une bonne partie des 770 amendements déposés, prévoit d'autoriser le couplage de la vidéosurveillance à un traitement algorithmique des images.

Le but? Aider à la protection des "manifestations sportives, récréatives ou culturelles" en repérant automatiquement des "événements" dont la liste sera définie par décret, après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Ces analyses de mouvements sont supposées alerter par exemple sur l'abandon d'un bagage ou le début d'un mouvement de foule, alors que 13 millions de spectateurs sont attendus, dont 600.000 pour la cérémonie d'ouverture sur la Seine.

L'expérimentation, qui démarrerait dès la promulgation et pourrait concerner la prochaine Coupe du monde de rugby en septembre-octobre, est supposée s'arrêter au 31 décembre 2024.

Mais les associations de défense des libertés y voient un dévoiement qui ferait passer la surveillance de la population dans une autre sphère.

Le spectre de la pérennisation

"On va pouvoir conserver des images plus longtemps que d'habitude pour entraîner des algorithmes", déclare le rapporteur à l'Assemblée Guillaume Vuilletet (Renaissance).

Le député, comme le gouvernement, met en avant de "nombreuses garanties" pour circonscrire l'expérimentation et insiste sur le fait que la reconnaissance faciale n'est pas au programme. Insuffisant pour les quatre groupes de l'alliance de gauche Nupes, qui proposeront de supprimer l'article 7, tout comme des députés indépendants Liot et même deux députés LR.

"Personne ne pensait voir arriver un texte comme ça en France", dénonce l'écologiste Sandra Regol. Elle fustige "une loi qui transforme en cobayes les Français".

"On va créer un marché de la surveillance algorithmique", s'insurge le député LFI Paul Vannier, dont le groupe va déposer une motion de rejet.

La mesure est également dénoncée par les associations Amnesty et la Quadrature du net, mais aussi par le Conseil national des barreaux. Les opposants au texte sont convaincus que l'expérimentation préparera le terrain à une généralisation de ce type de surveillance.

Scanners corporels et mesures anti-intrusions

"C'est normal qu'il y ait des mesures exceptionnelles pour un événement exceptionnel", concède Roger Vicot (PS), "mais on va au-delà d'un texte visant à sécuriser les JO".

Bien que des députés de gauche réservent encore leur vote final, le texte devrait principalement obtenir un soutien de la droite et l'extrême droite, en appui à la majorité présidentielle.

"Le gouvernement utilise le prétexte des JO pour un cheval de Troie sécuritaire qui nous donne raison", se satisfait le député RN Jordan Guitton.

Parmi les autres mesures: la possibilité de "cribler" (soumettre à une enquête administrative) des personnes accréditées sur les sites de compétition et dans les "fans zone", et le renforcement des sanctions en cas d'intrusion dans une enceinte.

La copie du Sénat sur ce point a été adoucie en commission à l'Assemblée mais des députés de gauche y voient toujours une mesure contre les militants, notamment écologistes.

Le texte prévoit également des tests génétiques afin de se conformer aux standards mondiaux de l'antidopage, la création d'un grand centre de santé au village olympique, ou encore des dérogations aux règles du travail dominical.