Nouvelle course au pouvoir au Royaume-Uni, Boris Johnson prêt à tenter un retour

La Première ministre britannique Liz Truss au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 20 octobre 2022, après une déclaration pour annoncer sa démission. (Photo de Daniel LEAL / AFP)
La Première ministre britannique Liz Truss au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 20 octobre 2022, après une déclaration pour annoncer sa démission. (Photo de Daniel LEAL / AFP)
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Nouvelle course au pouvoir au Royaume-Uni, Boris Johnson prêt à tenter un retour

  • Aucun candidat ne s'est encore officiellement déclaré pour ce scrutin interne au Parti conservateur au pouvoir, mais selon la presse britannique, l'ancien chef du gouvernement est prêt à se lancer dans l'arène
  • Le Daily Telegraph souligne que Johnson se pose en potentiel sauveur d'une déroute électorale annoncée, et affirme qu'il tend une branche d'olivier à son ex-ministre des Finances Rishi Sunak

LONDRES : Après la démission de la Première ministre britannique Liz Truss, une nouvelle course à Downing Street s'amorce vendredi, sous l'ombre des probables velléités de retour de Boris Johnson.

Aucun candidat ne s'est encore officiellement déclaré pour ce scrutin interne au Parti conservateur au pouvoir, mais selon la presse britannique, l'ancien chef du gouvernement est prêt à se lancer dans l'arène, un peu plus de trois mois après avoir été poussé à la démission après une accumulation de scandales.

«Bojo: I'll be back», titre le tabloïd The Sun. Parmi les autres journaux conservateurs, le Daily Telegraph souligne que Johnson se pose en potentiel sauveur d'une déroute électorale annoncée, et affirme qu'il tend une branche d'olivier à son ex-ministre des Finances Rishi Sunak. Le Daily Mail met en Une le possible duel entre les deux hommes, évoquant un possible retour à la hâte de Johnson de ses vacances dans les Caraïbes.

A gauche, le tabloïd Daily Mirror reprend en grosses lettres le mot d'ordre du chef de l'opposition travailliste Keir Starmer: des élections législatives «MAINTENANT», sans attendre fin 2024-début 2025 comme prévu.

En coulisses, les différents aspirants comptent leurs soutiens pour atteindre le seuil des 100 parrainages requis d'ici lundi en début d'après-midi. Le nom du gagnant sera connu au plus tard vendredi prochain.

Les proches de Boris Johnson mettent en avant la légitimité qu'il tire de son triomphe électoral fin 2019. Ses opposants rappellent la succession de mensonges et d'affaires embarrassantes des trois ans de son mandat, qui ont laissé des traces profondes. Certains députés conservateurs avertissent même qu'ils démissionneront si Johnson revient.

Fervente soutien de Boris Johnson, son ex-ministre de la Culture Nadine Dorries a loué l'ancien dirigeant comme un «gagnant», dont «le parti a besoin pour survivre».

Nouveaux voyants économiques au rouge dans un Royaume-Uni en crise politico-financière

Intérêts record de la dette, chute des ventes au détail, confiance en berne: l'économie britannique accumule de nouveaux signaux négatifs dans un pays en pleine crise politico-financière.

Les intérêts de la dette britannique ont atteint 7,7 milliards de livres en septembre, 2,5 milliards de plus qu'un an auparavant et le montant le plus élevé versé depuis le début de ces statistiques mensuelles en 1997.

Depuis la mi-2021, la charge de la dette de l'Etat «a considérablement augmenté, non pas à cause de la hausse de la dette», mais «largement à cause de l'inflation», a commenté l'Office national des statistiques (ONS) vendredi dans son rapport mensuel.

L'emprunt public hors banques sous l'égide de l'Etat a augmenté de 2,2% sur un an à 200 milliards de livres en septembre, niveau le plus élevé jamais enregistré depuis le début de ces statistiques il y a trente ans, excepté le record pendant la pandémie de Covid-19.

La dette publique atteignait pour sa part - hors banques publiques - 2.450,2 milliards de livres fin septembre, représentant 98% du PIB et 2,5 points de pourcentage de PIB de plus qu'un an plus tôt.

«Pour stabiliser les marchés, j'ai clairement dit que des décisions difficiles allaient être prises afin de protéger» les comptes de l'Etat, a prévenu Jeremy Hunt, le Chancelier de l'Echiquier.

Nommé il y a une semaine dans l'urgence face à la débâcle sur les marchés entraînée par le «mini-budget» de son prédécesseur au ministère des Finances, Jeremy Hunt a aussitôt annulé la quasi-totalité de ces mesures budgétaires dispendieuses et non financées à l'effet dévastateur.

Il doit présenter un plan à moyen terme le 31 octobre, qui devrait inclure des baisses de dépenses publiques et de possibles hausses d'impôts, en totale opposition aux promesses de campagne de l'éphémère Première ministre Liz Truss, poussée à la démission jeudi face au naufrage de son gouvernement.

La pression monte notamment pour imposer une taxe sur les profits des compagnies énergétiques plus substantielle qu'actuellement. Et la presse britannique évoque une éventuelle taxation des banques, qui bénéficient de la flambée des taux d'intérêt.

- Crédibilité éreintée -

Le plan de Jeremy Hunt est toutefois incertain, le nouveau chancelier n'étant pas sûr de rester en poste dans le prochain gouvernement.

En plein marasme politique, le pays traverse aussi une tempête économique avec une activité à plat, une inflation à plus de 10% - la plus forte du G7 -, une crise énergétique et des millions de Britanniques qui basculent dans la pauvreté.

Le tout se ressent sur la consommation: les ventes au détail ont chuté de 1,4% en septembre comparé à août, et elles déclinent depuis des mois.

L'ONS explique ce recul en septembre non seulement par la hausse du coût de la vie, mais aussi par l'impact de la journée de congé national pour les funérailles de la reine Elizabeth II le mois dernier, avec la fermeture de très nombreux commerces.

L'indice GfK sur la confiance témoigne également d'une humeur en berne des consommateurs.

Après avoir bondi jeudi à l'annonce de la démission de Liz Truss, la livre retombait vendredi: elle perdait 0,33% à 1,1196 dollar, vers 07H45 GMT.

Son niveau historiquement très déprimé, tout comme le rebond à l'inverse des rendements de la dette à long terme sur le marché vendredi illustraient la défiance des investisseurs.

Le coût de la dette de l'Etat à 30 ans montait à 4,022% vers 07H45 GMT, repassant le seuil de 4%. Fin 2021, il ne valait qu'un peu plus de 1%.

Le «mini-budget» l'avait poussé à plus de 5%, fragilisant des fonds d'actifs détenus par les fonds de pension et la Banque d'Angleterre était intervenue pour empêcher une crise financière.

«Les turbulences politiques et la volte-face budgétaire ont éreinté la crédibilité» du pays chez les investisseurs internationaux, observe Richard Hunter, analyste d'Interactive Investor.

Les chiffres publiés vendredi ajoutent à ce tableau sombre et témoignent de la difficulté de la tâche pour le prochain gouvernement.

- Processus accéléré -

«Il a eu sa chance», a estimé à l'inverse sur les ondes de la BBC David Lidington, ancien membre du gouvernement de Theresa May.

Vu par le camp Johnson comme un traître qui a précipité la chute de Johnson, Rishi Sunak était le candidat préféré des députés conservateur, avant d'être finalement écarté au profit de Liz Truss par les adhérents.

L'actuelle ministre des Relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, coqueluche des militants tories qui était arrivée troisième, fait également figure de candidate très sérieuse.

Quel que soit le futur Premier ministre, il prendra la tête d'un parti miné par les divisions face à une opposition au plus haut dans les sondages, mais surtout d'un pays plongé dans une grave crise du coût de la vie.

L'inflation dépasse les 10%, au plus haut depuis 40 ans, dans un contexte social tendu au Royaume-Uni, où les grèves se sont multipliées ces derniers mois, notamment dans les transports.

Le futur chef du gouvernement sera le cinquième depuis le référendum du Brexit en 2016 et le troisième en deux mois. Un rythme qui, ont raillé certains observateurs sur Twitter, permettrait au roi Charles de battre le record de sa mère Elizabeth II, 15 Premiers ministres, d'ici l'été 2024.

- Records battus -

Afin qu'un nouveau Premier ministre soit désigné d'ici au vendredi 28 octobre, un processus accéléré a été mis en place par le Parti conservateur, au pouvoir depuis douze ans.

Le seuil des 100 parrainages limite ainsi à trois au maximum le nombre des candidats, le parti comptant 357 députés à la Chambre des Communes.

Ensuite, les députés devront soit se mettre d'accord sur deux noms que les 170.000 adhérents du parti devront départager par un vote en ligne d'ici au 28 octobre, soit sur le nom d'une seule personne qui entrerait alors immédiatement à Downing Street. En attendant, Liz Truss reste au pouvoir.

Arrivée le 6 septembre à son poste, Liz Truss a été emportée par une profonde crise de confiance après des revirements pour calmer la tempête sur les marchés déclenchée par les annonces budgétaires de son gouvernement.

Elle a battu des records d'impopularité et décroche le titre peu enviable de Première ministre la plus éphémère que le Royaume-Uni ait jamais connue.

Les favoris pour remplacer Liz Truss

Après la démission de la Première ministre britannique Liz Truss, trois favoris émergent pour lui succéder: Rishi Sunak, Penny Mordaunt mais aussi Boris Johnson, dont les velléités de retour bousculent le scrutin au sein du Parti conservateur.

 

- Boris Johnson -

La révélation par The Times que l'ancien dirigeant compte se présenter dans "l'intérêt national" a mis Westminster en ébullition.

Trois mois et demi après avoir jeté l'éponge après une vague de départs dans son gouvernement, lassé des scandales et de ses mensonges, l'entourage de "BoJo" fait savoir qu'il s'apprête à rentrer de ses vacances dans les Caraïbes pour se lancer et selon certains médias, il dispose des 100 parrainages de députés nécessaires. S'il passait le premier filtre des élus, il aurait toutes les chances de revenir: il reste le plus populaire des favoris au sein des adhérents du Parti conservateur, selon un récent sondage YouGov.

A 58 ans, l'ancien journaliste, maire de Londres et chef de la diplomatie, champion du Brexit, a pour lui d'avoir mené son parti à une victoire électorale historique en 2019. Pour ses soutiens, son charisme et son optimisme à toute épreuve sont indispensables pour éviter une déroute électorale, vu les sondages catastrophiques et la crise sociale.

La perspective d'un retour a cependant provoqué une levée de boucliers de ses détracteurs, certains élus menaçant de démissionner. "Ce pays a besoin de compétence en ces temps de grandes défis économiques", a protesté l'ancien ministre David Lidington sur la BBC, alors que Boris Johnson n'est pas réputé pour son sens du détail.

Son élection risquerait d'aggraver les divisions déjà vives au sein de la majorité.

Autre obstacle: l'ancien Premier ministre reste sous le coup d'une enquête parlementaire devant déterminer s'il a menti au Parlement lors du scandale du "partygate" et risque une suspension de son mandat de député.

- Rishi Sunak -

Avant le retour dans le jeu de Boris Johnson, il semblait que l'heure de la revanche était venue pour Rishi Sunak. L'ancien ministre des Finances âgé de 42 ans était arrivé deuxième face à Liz Truss, la devançait même au sein des députés, et il avait passé sa campagne à mettre en garde contre les conséquences désastreuses du "conte de fée" que constituait selon lui le programme économique de sa rivale.

L'histoire lui a donné raison et vu la tempête économique de ces dernières semaines, cet ancien banquier attaché à l'orthodoxie budgétaire, apparaît comme une figure rassurante pour l'opinion et les marchés.

Ce fan de Star Wars, député depuis 2015, a été nommé au poste prestigieux de Chancelier de l'Echiquier juste avant la pandémie de Covid-19 et sa gestion de la crise, avec des aides massives aux ménages et entreprises, a été dans l'ensemble saluée.

Il a contre lui, en pleine crise du coût de la vie, son image de richissime banquier passé par les écoles et universités d'élite puis Goldman Sachs. Surtout, une partie de sa formation politique ne lui pardonne pas sa démission du gouvernement début juillet et l'assimile à une trahison qui a précipité la chute de Boris Johnson.

Elu, ce petit-fils d'immigrés indiens deviendrait le premier chef de gouvernement non blanc au Royaume-Uni.

- Penny Mordaunt -

Elle était candidate contre Liz Truss pour succéder à Boris Johnson cet été, et dans les premiers tours de scrutin avait suscité un réel engouement.

Charismatique, l'actuelle ministre chargée des relations avec le Parlement, âgée de 49 ans, s'est illustrée lundi quand elle a représenté Liz Truss pour répondre à l'opposition. Elle a défendu le changement de cap économique, maniant fermeté et humour, expliquant que la Première ministre "ne se cache pas sous un bureau".

La fibre patriotique de cette réserviste de la Royal Navy, première femme ministre de la Défense, parle à la base du parti. Elle a aussi pour elle le fait d'avoir fait campagne pour le Brexit dès 2016.

Après des petits boulots pour payer sa scolarité, cette femme aux faux airs de Catherine Deneuve a étudié la philosophie et a travaillé dans les relations publiques, auprès du dirigeant conservateur William Hague ou aux Etats-Unis pour la campagne présidentielle de George W. Bush, avant d'être élue députée en 2010.

Hors politique, elle s'est illustrée en participant à la télévision à un concours caritatif de plongeon en 2014.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, "tentative de "manipulation" répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

- "accroître la pression sur la Russie"-

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

- Conditions maximalistes de Poutine -

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.