De Serena Williams aux rues de Marseille, les dessins sans préjugés d'Emilie Seto

L'artiste et illustratrice française Emilie Seto pose à Marseille, dans le sud de la France, le 3 octobre 2022. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
L'artiste et illustratrice française Emilie Seto pose à Marseille, dans le sud de la France, le 3 octobre 2022. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

De Serena Williams aux rues de Marseille, les dessins sans préjugés d'Emilie Seto

  • Elle arpente les arrondissements pauvres, mélange d'immeubles construits à la va-vite dans les années 1960, d'installations portuaires et de maisons villageoises
  • Les commandes se multiplient: pour le quotidien Le Monde elle illustre des articles sur le bien-être animal ou la justice internationale

MARSEILLE : Elle a dessiné la championne Serena Williams ou le Nobel de littérature Wole Soyinka dans la presse internationale, conçu timbres et affiches, mais Emilie Seto, Française enrichie de racines japonaises, aime aussi illustrer des lieux rarement jugés dignes d'un dessin.

D'où vient l'idée qu'utiliser des crayons de couleurs ne sera pas seulement un loisir d'enfant mais deviendra un métier «quand on sera grand»?

Attablée devant un thé à la menthe à la terrasse du Turkish Baklava, un café de Marseille, où elle vit depuis 2018, Emilie Seto, 31 ans, raconte comment ses parents ont nourri sa passion du dessin, sans être du métier.

La famille vit à Lyon. Sa mère, française, vendeuse dans un grand magasin, «dessine tout un tas de choses». Son père, japonais, antiquaire, vient certes d'un pays connu pour la qualité de ses arts graphiques. Mais au début il ne «voyait pas d'un très bon oeil» qu'elle dessine.

En France, on la voit «comme asiatique, pas comme une Française blanche». «Du coup, je me suis attachée au Japon, je m'identifiais aux mangas, même si à l'époque c'était pas un truc respecté comme maintenant», se souvient-elle: «J'ai recopié ces mangas, c'est par là que j'ai commencé».

Elle fait une école de dessin à Lyon et démarche la presse. Dès 2015 elle dessine pour CQFD, mensuel basé à Marseille, engagé pour le féminisme ou l'écologie sociale.

- Les roses de Michelle Pfeiffer -

Les commandes se multiplient: pour le quotidien Le Monde elle illustre des articles sur le bien-être animal ou la justice internationale; chaque semaine, entre 2020 et 2021, elle accompagne visuellement le texte d'une personnalité pour le magazine How To Spend It (HTSI) du Financial Times.

Elle y dessine Serena Williams, évoquant sa passion pour les chaussures à talon, l'écrivaine britannique Tahmima Anam retrouvant le goût de cuisiner ou Michelle Pfeiffer en robe bleue dans un champ de roses jaunes, rouges et oranges. L'actrice américaine lui demandera un tirage du dessin.

«Elle a une manière magnifique d'incarner les récits en apportant une sensibilité teintée de rêve, une touche surréaliste», estime Rasha Kahil, directrice créative de HTSI, louant son «extraordinaire palette de couleurs».

Dans l'illustration de presse, «tu dois faire travailler ton imagination, comme un muscle» face à la diversité des sujets, souligne l'illustratrice, qui vit et travaille dans un petit appartement de Marseille, ville portuaire, chaotique, «tentaculaire» - plus de deux fois la surface de Paris - qu'elle sillonne à pied.

Mais pas question de dessiner ces sites touristiques sur-représentés comme le Vieux-Port: «J'en avais marre de voir toujours les mêmes endroits mis en avant». Elle dessine des lieux «qui n'avaient jamais eu de dessin».

Elle arpente les arrondissements pauvres, mélange d'immeubles construits à la va-vite dans les années 1960, d'installations portuaires et de maisons villageoises: «Ces endroits sont impressionnants, avec des vues dingues. Il peut y avoir une barre d'immeuble qui tombe en ruines et derrière tu auras la montagne ou la mer».

Ses dessins sont emplis de ciels bleu vif, d'herbes folles vertes ou jaunes, d'agaves au milieu du béton et évidemment de voitures, omniprésentes à Marseille. Mais aussi le vert des stades de foot, si nombreux dans la deuxième ville de France, où ce sport transcende toutes les divisions.

- Rêves de Japon -

De nombreux fans de ballon rond la suivent sur les réseaux sociaux. Elle qui trouvait le foot «ésotérique» est invitée au stade Vélodrome. Elle dessine l'affiche Marseille-Lyon.

Un de ses dessins, et cela lui importe, est aussi devenu la bannière sur Facebook du FC Malpassé, club amateur qui, avec d'autres associations, lutte pour donner aux jeunes d'autres perspectives que le trafic de drogue.

Elle avait d'abord posté sur les réseaux ce dessin du stade de Malpassé, fait au gré d'une balade dominicale. «Ca nous a touchés d'être représentés, de voir notre quartier, elle rend grâce à un lieu qui fait d'habitude la Une des faits divers», souligne Samir Messikh, fondateur d'une association aidant les jeunes.

Il souligne la «curiosité saine, sans préjugés, sincère», d'Emilie pour la ville dans son ensemble: «On l'a adoptée, pour nous elle est Marseillaise».

En Champagne, à Reims, où elle a été invitée en résidence, les habitants ont découvert émus des lieux de leur ville peu dessinés dans l'exposition «Les fleurs sur les chantiers». Comme si elle donnait la mesure du mot illustrer qui signifie «faire honneur à», «mettre en valeur».

«Ce que j'ai aimé, c'est que ça fait comme si c'étaient que des chefs-d'oeuvre à Reims, la tour où on prend le tram, elle est pleine de couleurs», a commenté Rayan, un collégien.

Emilie Seto veut auto-éditer un livre avec ses dessins marseillais et nourrit deux rêves: être exposée dans sa ville d'accueil mais surtout travailler au Japon. «Ce serait un peu la consécration et j'aimerais bien le faire avant que mon père ne parte».


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.