Ethiopie: réunion de l'UA sur le Tigré, Abiy affirme que la paix va «l'emporter»

"Nous n'allons pas continuer à nous battre indéfiniment", assure Abiy Ahmed, sans donner d'autre détail et sans évoquer les pourparlers de paix auxquels son gouvernement a annoncé se rendre, à l'invitation de l'UA, le 24 octobre en Afrique du Sud. (AFP).
"Nous n'allons pas continuer à nous battre indéfiniment", assure Abiy Ahmed, sans donner d'autre détail et sans évoquer les pourparlers de paix auxquels son gouvernement a annoncé se rendre, à l'invitation de l'UA, le 24 octobre en Afrique du Sud. (AFP).
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Ethiopie: réunion de l'UA sur le Tigré, Abiy affirme que la paix va «l'emporter»

  • Une guerre meurtrière oppose depuis novembre 2020 dans le nord de l'Ethiopie le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed aux autorités rebelles du Tigré
  • Lors de l'inauguration d'un établissement scolaire à Addis Abeba jeudi, M. Abiy a assuré que la guerre dans le nord éthiopien allait «se terminer et la paix l'emporter»

ADDIS ABEBA: Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine s'est entretenu vendredi du conflit au Tigré, alors que des pourparlers de paix sont attendus lundi entre les rebelles tigréens et le gouvernement éthiopien d'Abiy Ahmed, qui a assuré que "la paix (allait) l'emporter".

Lors de cette réunion, la première depuis la reprise des combats fin août dans la région éthiopienne du Tigré, le haut représentant de l'UA pour la Corne de l'Afrique, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, a "informé le Conseil sur le processus de paix pour l'Ethiopie mené par l'UA", a indiqué sur Twitter l'organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l'organisation panafricaine.

Le contenu de l'allocution de M. Obasanjo n'a pas été révélé dans l'immédiat.

Cette réunion à huis clos s'est tenue à trois jours du lancement attendu lundi, mais pas officiellement confirmé, de pourparlers de paix entre rebelles tigréens et gouvernement fédéral en Afrique du Sud, sous l'égide de l'UA.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit lui aussi se réunir - également à huis clos - vendredi au sujet de la situation en Ethiopie, a indiqué à Washington le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

"Ces réunions démontrent la grande inquiétude de la communauté internationale concernant la situation dans le nord de l'Ethiopie", a-t-il ajouté.

Une guerre meurtrière oppose depuis novembre 2020 dans le nord de l'Ethiopie le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed aux autorités rebelles du Tigré.

Lors de l'inauguration d'un établissement scolaire à Addis Abeba jeudi, M. Abiy a assuré que la guerre dans le nord éthiopien allait "se terminer et la paix l'emporter".

"Nous n'allons pas continuer à nous battre indéfiniment", a-t-il assuré, sans donner d'autre détail et sans évoquer les pourparlers de paix auxquels son gouvernement a annoncé se rendre, à l'invitation de l'UA, le 24 octobre en Afrique du Sud.

Ni l'UA - dont le siège est à Addis Abeba - ni Pretoria n'ont pour l'heure confirmé la tenue de ces discussions. De précédents pourparlers, convoqués début octobre en Afrique du Sud par l'UA, avaient fait long feu avant même de commencer, sur fond de problèmes d'organisation.

Intenses combats

La reprise des combats le 24 août dans le nord de l'Ethiopie a mis fin à cinq mois de trêve et aux maigres espoirs de pourparlers que celle-ci avait suscités.

La communauté internationale s'est inquiétée ces derniers jours de la récente intensification des combats au Tigré, pris en tenaille par les forces fédérales éthiopiennes, épaulées au nord par l'armée de l'Erythrée - pays qui borde la frontière nord du Tigré - et au sud par des troupes des régions éthiopiennes voisines.

Les forces éthiopiennes et érythréennes se sont notamment emparées lundi, après plusieurs jours de bombardements, de Shire, une des principales villes du Tigré, peuplée d'environ 100 000 habitants avant la guerre et qui accueillait de nombreuses personnes déplacées par le conflit.

Une source humanitaire ayant requis l'anonymat a indiqué que d'intenses combats se déroulaient vendredi à Selekelka, à mi-chemin entre Shire et Aksoum, évoquant "une poussée" des forces éthiopiennes et érythréenne vers cette autre importante ville du Tigré qui abrite un site inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité.

Selon M. Price, l'envoyé spécial américain pour la Corne de l'Afrique, Mike Hammer, est depuis plusieurs jours à Addis Abeba "où il soutient les efforts de l'UA pour lancer les pourparlers" que Washington "souhaite voir commencer dès que possible".

M. Hammer "est en contact permanent avec les parties impliquées, notamment celles qui se préparent à participer à la médiation, particulièrement le Kenya et l'Afrique du Sud", ajouté le porte-parole américain.

L'UA a récemment mis sur pied une "troïka" de médiation dirigée par M. Obasanjo, assisté de l'ex-président kényan Uhuru Kenyatta et de l'ancienne vice-présidente sud-africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Dans un échange téléphonique mercredi avec le secrétaire général de l'ONU, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est dit "profondément inquiet" du "risque d'atrocités de masse" dans le nord de l'Ethiopie.

Lundi, M. Guterres avait estimé que la situation en Ethiopie devenait "incontrôlable".

Le bilan de cette guerre meurtrière, qui se déroule à huis clos, les journalistes n'ayant pas accès à la région, est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.


Cyberattaques : Berlin a rappelé «pour consultations» son ambassadeur en Russie

L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff  (Photo, AFP).
L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff (Photo, AFP).
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  • Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz
  • Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives

BERLIN: Berlin a indiqué lundi avoir rappelé pour consultations son ambassadeur en Russie, Alexander Graf Lambsdorff, après avoir accusé vendredi un groupe de hackeurs russes contrôlé par Moscou d'une récente campagne de cyberattaques.

L'ambassadeur "restera une semaine à Berlin puis retournera à Moscou", a indiqué lors d'un point presse régulier la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Kathrin Deschauer, ajoutant que le gouvernement prenait "très au sérieux" cet "acte contre (notre) démocratie".

Les gouvernements allemand et tchèque ont accusé vendredi le groupe APT28, dirigé par les services de renseignement de la Russie, d'une récente campagne de cyberattaques dans leur pays respectif. Des accusations jugées "infondées" par la Russie.

Attaques ciblées 

Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, selon le gouvernement.

Berlin a annoncé vendredi la convocation du chargé d'affaires de l'ambassade de Russie, "pour faire comprendre au gouvernement russe que nous n'acceptons pas ces actions".

Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives et d'opérations de désinformation orchestrées par la Russie.


Exercice américano-philippin contre une «invasion» en mer de Chine

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale (Photo, Fournie).
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale (Photo, Fournie).
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  • Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les Etats-Unis, allié des Philippines
  • La semaine dernière, les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l'île occidentale de Palawan

LAOAG: Les troupes américaines et philippines ont tiré lundi des obus et des missiles sur une force d'"invasion" imaginaire pendant des exercices en mer de Chine méridionale, dans le nord des Philippines où les deux pays ont récemment accusé la Chine de "conduite dangereuse et déstabilisante".

Plus de 16.700 soldats américains et philippins participent à ces manoeuvres annuelles navales, terrestres et aériennes organisées jusqu'au 10 mai dans une zone où les incidents à répétition entre embarcations chinoises et philippines font craindre un conflit plus large.

Les soldats américains massés sur les dunes de la côte nord-ouest des Philippines, près de la ville de Laoag, à 400 kilomètres au sud de Taïwan, ont tiré plus de 50 obus de 155 millimètres sur des cibles flottantes à environ cinq kilomètres de la côte, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les troupes philippines ont enchaîné avec des tirs de roquettes vers les attaquants factices, avant que les deux forces ne finissent l'exercice avec des mitrailleuses, des missiles Javelin et d'autres salves d'artillerie.

Cet exercice à munitions réelles, baptisé "Balikatan" ("Epaule contre épaule" en tagalog, la langue philippine), vise à "se préparer au pire", a déclaré aux journalistes le commandant de la Première force expéditionnaire des Marines des Etats-Unis, Michael Cederholm.

"Il est conçu pour repousser une invasion", a-t-il ajouté sur le site de l'exercice, débuté le 22 avril dans plusieurs endroits des Philippines. "Notre flan nord-ouest est plus exposé", a détaillé à l'AFP le général philippin Marvin Licudine, dirigeant l'exercice pour la partie philippine. "A cause des problèmes régionaux, nous devons dès maintenant nous entraîner sur notre propre sol".

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une importante route commerciale. Elle ignore un arbitrage international qui lui a donné tort en 2016, et y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine.

La semaine dernière, Manille a accusé les garde-côtes chinois d'avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine mais revendiqué par les Philippines.

Des exercices en forme de dissuasion 

Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les Etats-Unis, allié des Philippines, et d'autres pays de la région, dans une période où la Chine renforce sa pression diplomatique et militaire autour de Taïwan.

La semaine dernière, les ministres de la Défense des Philippines, des Etats-Unis, du Japon et de l'Australie ont, à l'issue d'une réunion dans l'archipel américain d'Hawaï, publié un communiqué conjoint dénonçant la "conduite dangereuse et déstabilisante" de Pékin en mer de Chine méridionale.

"Les actions de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale sont légitimes, légales et irréprochables", avait auparavant affirmé le 12 avril le ministère chinois des Affaires étrangères.

La semaine dernière, les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l'île occidentale de Palawan, face aux îles Spratleys également disputées.

Selon l'armée américaine, il s'agissait d'une répétition du déploiement rapide du système Himars sur les côtes philippines bordées par la mer de Chine méridionale afin de "sécuriser et de protéger le territoire, les eaux territoriales et les intérêts de la zone économique exclusive des Philippines".

"Les exercices militaires sont une forme de dissuasion", a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, dans un discours prononcé en son nom par un assistant lors d'un atelier public vendredi. "Plus nous simulons, moins nous agissons."

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale.

"Nous ne suivrons pas les garde-côtes chinois et les navires chinois dans cette voie", a-t-il dit. "Nous n'avons pas l'intention d'attaquer qui que ce soit avec des canons à eau ou tout autre équipement offensif", a-t-il poursuivi, ajoutant que Manille continuera à utiliser exclusivement la voie diplomatique pour régler les différends avec Pékin.


La mésaventure d'un proviseur américain, cas d'école des dangers de l'IA

Les mots « Intelligence artificielle IA », miniature d’un robot et d’une main jouet sont représentés sur cette illustration prise le 14 décembre 2023 (Photo, Reuters).
Les mots « Intelligence artificielle IA », miniature d’un robot et d’une main jouet sont représentés sur cette illustration prise le 14 décembre 2023 (Photo, Reuters).
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  • Eric Eiswert, proviseur à Pikesville dans le Maryland, près de Washington, s'est retrouvé au coeur d'une violente polémique avec un enregistrement vocal
  • L'affaire, qui survient en pleine année électorale aux Etats-Unis, met en lumière la facilité avec laquelle les outils d'IA générative peuvent être employés pour nuire à tout un chacun

WASHINGTON: Après l'indignation provoquée dans un lycée américain par la diffusion de propos racistes attribués au proviseur, le vertige de découvrir que la bande sonore a été montée de toutes pièces. Cet épisode illustre les dangers d'une intelligence artificielle devenue accessible à tous.

Eric Eiswert, proviseur à Pikesville dans le Maryland, près de Washington, s'est retrouvé au coeur d'une violente polémique avec un enregistrement vocal -- qui se révélera un faux -- lui faisant prononcer des commentaires choquants contre des élèves juifs et des "enfants noirs ingrats".

L'affaire, qui survient en pleine année électorale aux Etats-Unis, met en lumière la facilité avec laquelle les outils d'IA générative peuvent être employés pour nuire à tout un chacun, et les difficultés auxquelles font face les autorités pour lutter contre de telles pratiques.

"Désormais, tout le monde est vulnérable", et non plus seulement les célébrités, alerte Hany Farid, professeur à l'Université de Californie à Berkeley (ouest).

"Il suffit d'une image pour ajouter une personne dans une vidéo, et 30 secondes d'audio pour cloner la voix de quelqu'un", poursuit le spécialiste en détection d'images et d'enregistrements manipulés numériquement, consulté par la police dans cette affaire.

Quand l'enregistrement fuite sur les réseaux sociaux en janvier, il devient rapidement viral. Une publication recueille des milliers de commentaires sur Instagram, et propulse l'école au coeur d'une polémique nationale.

Le militant des droits civiques DeRay McKesson réclame la démission du proviseur sur son compte X, suivi par près d'un million d'internautes. Il admettra s'être fait abuser.

Les messages haineux pleuvent sur les réseaux sociaux et les coups de fil menaçants se multiplient dans l'établissement. Le "monde serait meilleur si vous étiez sous terre", écrit ainsi un internaute au proviseur.

Ce dernier est placé en congés, son domicile mis sous protection. Contacté par l'AFP, il n'a pas répondu.

Vengeance 

"Je continue de m'inquiéter des dégâts provoqués par cette affaire", confie Billy Burke, directeur du syndicat représentant le proviseur.

Fin avril, Dazhon Darien, 31 ans, responsable sportif du lycée, a été arrêté par les autorités, accusé d'être à l'origine du faux. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à lui grâce à l'adresse électronique qui a initialement partagé le fichier.

Il aurait agi pour se venger d'une enquête ouverte à son encontre par le proviseur sur des paiements suspects.

Le prévenu a mené des recherches sur des outils d'IA depuis le réseau informatique du lycée, selon l'acte d'accusation.

La bande sonore, selon l'analyse d'un expert consulté par la police, "contient des traces de contenu généré par l'IA, avec un montage humain a posteriori".

Cette affaire démontre la nécessité "d'adapter la loi aux avancées technologiques", a estimé le procureur local, Scott Shellenberger.

Les montages audio sont particulièrement difficiles à déceler. En janvier, un message diffusé par appels téléphoniques automatisés usurpant la voix du président Joe Biden incitait les électeurs démocrates de l'Etat du New Hampshire (nord-est) à s'abstenir lors des primaires pour du parti.

A Pikeville, l'affaire a secoué les habitants, "très proches les uns des autres", raconte Parker Bratton, l'entraîneur de golf du lycée.

"Il y a un seul président, mais il y a un million de proviseurs!", s'inquiète-t-il, "les gens se demandent +Que va-t-il m'arriver si quelqu'un décide tout simplement de détruire ma carrière?+".