«Tout est dévasté»: au Nigeria sous les eaux, le desespoir des sinistrés

Des habitants de la région d'Ahoada, dans le sud du Nigeria, se déplacent en bateau le 21 octobre 2022, les routes ayant été rendues impraticables par les inondations. (AFP).
Des habitants de la région d'Ahoada, dans le sud du Nigeria, se déplacent en bateau le 21 octobre 2022, les routes ayant été rendues impraticables par les inondations. (AFP).
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Publié le Samedi 22 octobre 2022

«Tout est dévasté»: au Nigeria sous les eaux, le desespoir des sinistrés

  • Selon les autorités, les inondations ont fait plus de 600 morts et 1,3 million de déplacés depuis juin à travers le pays
  • De mémoire de Nigérians, confirmé par les agences météorologiques, la montée des eaux cette année est particulièrement fulgurante. Bien plus qu'en 2012 et 2020

AHOADA : Il faisait nuit. Tout était noir. Et le niveau de l'eau a crû, encore davantage. Cette fois, Fortune Lawrence s'est résignée à fuir avec ses 8 enfants sur une embarcation de fortune, loin de sa maison ravagée par les flots.

Voilà deux semaines que la cinquantenaire et ses "pikin" ("enfants" en pidgin nigérian) ont fui les inondations les plus meurtrières de la décennie dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

La famille vit désormais dans des conditions délétères dans une école bondée près d'Ahoada, dans l'Etat de Rivers, dans le sud-est du Nigeria.

Selon les registres, ils sont plus d'un millier à avoir trouvé refuge dans les salles de classe de ce camp de déplacés improvisé.

"J'avais peur de mourir", souffle Mme Lawrence, entourée d'une vingtaine d'enfants, au milieu d'une salle de classe.

"Ici, nous n'avons rien. Pas assez de nourriture, pas de couches ou de moustiquaire. On a besoin d'aide", lance-t-elle, les traits tirés.

Selon les autorités, les inondations ont fait plus de 600 morts et 1,3 million de déplacés depuis juin à travers le pays. De mémoire de Nigérians, confirmé par les agences météorologiques, la montée des eaux cette année est particulièrement fulgurante. Bien plus qu'en 2012 et 2020.

Aujourd'hui, le Sud-Est est la région la plus touchée.

Dans l'Etat de Rivers, ici et là, de nombreux camps de déplacés bondés accueillent ceux qui ont pu fuir.

Les autres sont restés dans les villages submergés et dorment où ils peuvent, dans les arbres par exemple, alerte Obed Onyekachi, évoquant plusieurs membres de sa famille.

"Il leur était impossible de venir ici. Et combien d'autres, avalés par les eaux, sont portés disparus ?", demande l'homme de 32 ans, la rage dans la voix.

"Les récoltes ont été détruites. On a perdu espoir. La famine approche."

«Eau contaminée»

Sans bateau, se déplacer d'un Etat à un autre est impossible. L'approvisionnement en vivres est laborieux.

Sur le principal axe routier vers l'Ouest, le courant a renversé un camion-citerne. Plusieurs personnes sont mortes à cet endroit précis, selon des riverains.

Certains tentent tout de même de traverser à pied, l'eau jusqu'à la taille.

"ça fait sept jours que je suis bloqué sur la route. On ne sait pas combien de temps cela va durer. Tout est dévasté", se lamente Alamin Mohamed, 25 ans, qui espère pouvoir bientôt passer à moto.

Les embarcations bondées, en bois et, pour les plus chanceux, à moteur, font la navette. Personne ne porte de gilet de sauvetage.

Sur la rive droite, le toit d'une église dépasse des eaux sombres, frôlées par les câbles électriques à haute tension.

Le représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Nigeria, Fred Kafeero, a averti que les inondations augmentaient le risque de maladies comme le choléra.

Dans l'école primaire d'Ihuike, la plupart dorment à même le sol, collés les uns aux autres. Chaque classe abrite environ 50 personnes.

Une équipe d'étudiants volontaires nettoie les locaux et divise les maigres vivres envoyés par les autorités locales.

L'un d'eux, t-shirt des "étudiants d'Ekpeye" sur les épaules, s'inquiète du risque d'épidémies et d'infections.

"On a besoin d'un environnement propre. On fait attention à tout mais on est épuisé", dit-il, sous le couvert de l'anonymat.

"Même l'eau du puits est contaminée."

Dangereuse promiscuité

Il y a dix jours, le gouverneur de l'Etat de Rivers, Ezenwo Nyesom Wike, a approuvé la somme d'un milliard de nairas (2,3 millions d'euros) pour aider les victimes des inondations, en particulier à Ahoada.

Mais ici, on manque de tout. Les femmes ne disposent d'aucune protection hygiénique. "Même pas de mouchoir pour ça", lance l'une d'entre elles depuis la cour d'école surpeuplée.

A l'entrée, des files d'enfants font face à trois femmes aux gants chirurgicaux bleus. Un jeune garçon ouvre grand les yeux, sans comprendre, quand une spatule vient lui racler la gencive supérieure puis inférieure.

Tous les mineurs passent un test oral pour le Sida. Bukky Chika Emeyi, 27 ans, note chaque résultat. En cas de positif, l'enfant devra passer un test sanguin à l’hôpital pour confirmer le premier.

"Leurs conditions de vie sont déplorables. Le risque de transmission est élevé", souligne la jeune volontaire de l'ONG locale IHVN.

"Des femmes accouchent en ce moment avec des sage-femmes qui n'ont pas été formées, utilisant des outils non stérilisés."


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.