Les élections américaines pourraient affecter la politique étrangère de Biden

Un électeur remplit son bulletin de vote avant les élections de mi-mandat prévues le 8 novembre, à Los Angeles, le 24 octobre 2022 (Photo, AFP).
Un électeur remplit son bulletin de vote avant les élections de mi-mandat prévues le 8 novembre, à Los Angeles, le 24 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

Les élections américaines pourraient affecter la politique étrangère de Biden

  • Donald Trump a rompu avec la tradition diplomatique américaine en exprimant son admiration pour Vladimir Poutine
  • Certains républicains pro-Trump ont critiqué l'assistance militaire à l'Ukraine, qui englobe une première enveloppe de 40 milliards de dollars approuvée en mai

WASHINGTON: Si les républicains obtiennent la majorité à l'une des deux chambres du Congrès aux élections de mi-mandat du 8 novembre, comme les sondages le prédisent, la politique étrangère de Joe Biden pourrait entrer dans une période de turbulences, quoiqu'un revirement complet sur l'Ukraine apparaisse peu probable.

Lorsque Kevin McCarthy, le chef des républicains à la chambre basse du Congrès, a prévenu la semaine dernière que son parti ne signerait pas de "chèque en blanc" à l'Ukraine s'il remportait les élections, les alliés des Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude.

Les républicains ont aussi fait savoir qu'ils feraient usage de leurs prérogatives pour passer au crible le rôle du gouvernement Biden sur des sujets allant de l'immigration au retrait chaotique d'Afghanistan l'an dernier.

Mais s'il y a un sujet qui menace l'unité des républicains, pourtant désireux de faire suivre un succès en novembre par une victoire à la présidentielle de 2024, c'est bien l'Ukraine.

Donald Trump a rompu avec la tradition diplomatique américaine en exprimant son admiration pour Vladimir Poutine et la première procédure de destitution a l'encontre de l'ex-président républicain a été déclenchée par sa décision de geler le versement d'une aide militaire à Kiev.

Certains républicains pro-Trump ont critiqué l'assistance militaire à l'Ukraine, qui englobe une première enveloppe de 40 milliards de dollars approuvée en mai à une large majorité des deux partis, ainsi qu'une rallonge de 11,2 milliards de dollars qui reste à approuver.

Marjorie Taylor Greene, élue de Géorgie connue pour ses outrances, a ainsi accusé le président américain d'envoyer "des dollars gagnés à la sueur de leur front par les contribuables américains" pour aider un pays étranger à "mener une guerre qu'il n'a aucune chance de gagner".

Mais le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, s'est engagé à en faire encore davantage que Joe Biden pour l'Ukraine et à "expédier" des armes à Kiev, y compris des missiles capables d'atteindre le territoire russe.

Et Mike Pence, qui fut le vice-président de Donald Trump, a tancé les républicains opposés au soutien à l'Ukraine. "Il ne peut pas y avoir de place dans le mouvement conservateur pour les chantres de Poutine. Il n'y a de place dans ce mouvement que pour les défenseurs de la liberté", a-t-il dit au centre de réflexion Heritage Foundation.

Un soutien à Kiev majoritaire 

Selon un nouveau sondage du Chicago Council on Global Affairs, une grande majorité des Américains approuvent le soutien à l'Ukraine et deux tiers des républicains sont favorables à l'envoi d'armement à Kiev.

Pour Colin Dueck, du centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, les commentaires de Kevin McCarthy étaient destinés à rassembler les diverses factions du parti.

"Certains pensent que le républicain moyen du centre de l'Amérique est contre, et c'est faux", explique cet expert. "Je pense aussi qu'il y a une minorité qui n'est pas d'accord et donc essayer de gérer ces divergences n'est pas facile."

"Je pense qu'il serait imprudent de prédire qu'une Chambre des représentants à majorité républicaine puisse se retourner contre l'Ukraine", ajoute-t-il.

Du côté des démocrates, la politique de Joe Biden a été largement soutenue, mais certains à l'aile gauche du parti s'inquiètent du risque d'escalade entre la Russie et l'Otan.

Dans une lettre rendue publique lundi, une trentaine d'élus progressistes appellent le président américain à "déployer de vigoureux efforts diplomatiques en soutien à un règlement négocié et à un cessez-le-feu, (et) à engager des pourparlers directs avec la Russie".

Des élus démocrates appellent Biden à ajuster sa stratégie sur l'Ukraine

Des élus de l'aile gauche du parti démocrate américain ont demandé lundi au président Joe Biden, qui a débloqué des milliards de dollars en aide militaire à l'Ukraine face à l'invasion russe, de démultiplier les efforts diplomatiques et d'engager des pourparlers directs avec Moscou dans un but: une fin rapide à la guerre.

C'est la première fois qu'un tel appel émane du propre parti du président.

"Nous vous appelons à accompagner le soutien économique et militaire que les Etats-Unis ont fourni à l'Ukraine d'une impulsion diplomatique proactive, et à redoubler d'efforts pour chercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu", ont dit les élus dans leur lettre, en disant clairement être contre l'invasion "illégale et scandaleuse" de l'Ukraine et que toute solution devrait être approuvée par Kiev.

"Mais en tant que législateurs responsables de la manière dont sont dépensés des dizaines de milliards de dollars du contribuable américain en assistance militaire dans le conflit, nous pensons qu'une telle implication dans cette guerre crée également la responsabilité pour les Etats-Unis de sérieusement explorer toutes les voies possibles", ont-ils ajouté.

Parmi eux figurent Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar et Pramila Jayapal, figures de l'aile progressiste du parti.

Les élus ont appelé M. Biden à "déployer de vigoureux efforts diplomatiques en soutien à un règlement négocié et à un cessez-le-feu, à engager des pourparlers directs avec la Russie (et) à explorer les perspectives pour un nouvel accord de sécurité européen acceptable pour toutes les parties".

Interrogé sur le courrier, le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, a affirmé que "personne ne veut voir cette guerre se terminer plus que nos homologues ukrainiens".

"Nous ne savons pas quand cela se produira (...), parce que nous n'avons vu aucune indication de la part des Russes disant qu'ils sont prêts à s'engager dans cette diplomatie et ce dialogue", a-t-il ajouté.

"Nous fournissons à nos partenaires ukrainiens ce dont ils ont besoin sur le champ de bataille pour que, lorsqu'une table de négociations fera son apparition, ils soient dans la position la plus forte possible", a-t-il encore dit.

Quant à la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, elle a dit que l'exécutif avait été "très clair: rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine".

Depuis le début de l'invasion, le gouvernement Biden a déboursé plusieurs dizaines de milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, avec l'accord des deux partis au Congrès, bien qu'une partie de l'aide droite des républicains ait protesté.

Un influent élu républicain a récemment prévenu que son parti ne signerait pas de "chèque en blanc" à l'Ukraine s'il remporte, comme les sondages le prédisent, la majorité des sièges de la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat.

La pression des enquêtes du Congrès 

Même si les deux partis s'accordent sur les grandes lignes, certains élus pourraient compliquer le vie de Joe Biden.

Lorsque Barack Obama était président, les républicains se sont acharnés sur son gouvernement et sur sa cheffe de la diplomatie Hillary Clinton au sujet de l'attaque contre le personnel diplomatique américain à Benghazi en 2012, qui a fait quatre morts, dont l'ambassadeur des Etats-Unis.

L'un des critiques les plus implacables de Mme Clinton était Mike Pompeo, un obscur élu du Kansas ensuite nommé patron de la CIA puis secrétaire d'Etat par Donald Trump.

Brian Katulis, du Middle East Institute, estime que les républicains pourraient se saisir de dossiers chers à leur base, comme le fils du président, Hunter Biden, qui fait déjà l'objet d'investigations de la part du FBI pour ses affaires, afin de faire pression sur le gouvernement Biden.

Mais pour M. Katulis, il est difficile de prévoir la direction que les républicains vont prendre en matière de politique étrangère, car les positions exprimées par les conservateurs "vont dans tous les sens". "Sur certains sujets, y compris la sécurité nationale, les républicains pourraient changer le symbole de leur parti, et le faire passer de l'éléphant au caméléon."


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.