Macron promet une France « plus juste» dans la tempête

Le président français Emmanuel Macron s'exprime face à la journaliste Caroline Roux, à Paris le 26 octobre 2022 dans le cadre de l'émission intitulée "L'événement". (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime face à la journaliste Caroline Roux, à Paris le 26 octobre 2022 dans le cadre de l'émission intitulée "L'événement". (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 27 octobre 2022

Macron promet une France « plus juste» dans la tempête

  • « Nous sommes en train de traverser une crise, des crises même», a-t-il lancé au début de l'émission L'Evénement sur France 2, en pointant la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l'énergie et les prix
  • Emmanuel Macron s'est de nouveau livré à un exercice de pédagogie, graphiques à l'appui, face aux nombreuses questions des Français, de la défense de leur pouvoir d'achat à la réforme des retraites

PARIS: Emmanuel Macron a promis mercredi de "protéger les plus faibles" face à la "tempête" qui se profile, en soutenant le pouvoir d'achat et les petites entreprises frappées par la hausse des prix de l'énergie, et ouvert la voie à un allongement de la durée de cotisation sur les retraites.

"Nous sommes en train de traverser une crise, des crises, même", a lancé le chef de l'Etat, invité pour la deuxième fois en deux semaines de la nouvelle émission "L'Evénement" sur France 2, en pointant la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l'énergie et les prix.

"Nous devons passer cette tempête (..) et nous allons la passer ensemble", comme celle du Covid, a-t-il martelé alors que les nuages s'amoncellent sur la croissance en France et en Europe à l'approche de l'hiver.

"Pour la traverser, on doit protéger les plus faibles (..) et on doit pousser ceux qui ont plus de force à encore faire mieux", a insisté le chef de l'Etat.

"C'est cela, mon cap, une France plus forte pour être plus juste et plus apaisée, et il n'y en aura pas d'autre", a-t-il insisté, alors que les interrogations se multiplient jusque dans son propre camp sur la dynamique et le sens de ce début de second quinquennat.

Emmanuel Macron s'est de nouveau livré à un exercice de pédagogie, graphiques à l'appui, face aux nombreuses questions des Français, de l'inflation à la réforme des retraites sur laquelle l'exécutif a choisi de temporiser, sans renoncer.

«On doit tenir»

Il a insisté sur les mesures de protection mises en place dès la fin 2021 pour encadrer la hausse des prix de l'énergie, estimant qu'elles avaient permis à la France de mieux amortir le choc de l'inflation que ses voisins, avec 6% contre 10% ailleurs.

"C'est dur, mais on doit tenir", a-t-il martelé, alors que les prix du gaz et de l'électricité doivent augmenter de 15% début 2023.

A partir de janvier, les aides seront "ciblées" sur ceux qui en ont le plus besoin, les familles les plus modestes, les étudiants et les entreprises les plus fragiles, a-t-il déroulé.

L'exécutif va "garantir un prix raisonnable" de l'électricité aux collectivités locales et aux petites et moyennes entreprises". Un guichet d'aide, incluant des acomptes, va aussi être mis en place pour "les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes".

Le chef de l'Etat a en revanche exclu une indexation des salaires sur les prix réclamée par certains syndicats, renouvelant ses appels à une "répartition plus juste" des profits dans les entreprises, par le dialogue social.

Alors que l'exécutif poursuit ses négociations sur les réformes de retraites, Emmanuel Macron s'est déclaré "ouvert" à un report de l'âge légal de départ à 64 ans, et non 65 ans comme il s'y était engagé lors de la campagne présidentielle, en cas d'allongement de la durée de cotisation.

Dix jours après le meurtre d'une adolescente de 12 ans, Lola, par une Algérienne en situation irrégulière, il a réfuté tout "lien existentiel entre l'immigration et l'insécurité" mais réaffirmé sa volonté de "durcir les règles" pour mieux "lutter contre l'immigration illégale".

«Désordre et cynisme»

"On ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des délinquants, des faits de délinquance qu'on observe, viennent de personnes qui sont des étrangers, soit en situation irrégulière, soit en attente de titres", a-t-il concédé, interrogé sur le lien assumé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin entre immigration et délinquance.

Le chef de l'Etat a par ailleurs dénoncé le "désordre" et le "cynisme" des oppositions avec lesquelles son camp doit batailler depuis qu'il a perdu la majorité absolue à l'Assemblée en juin.

Il a accusé la gauche de s'être mise "main dans la main avec le Rassemblement national" pour voter lundi une motion de censure contre le gouvernement d'Elisabeth Borne, qui a échoué faute d'avoir su rallier les voix de la droite.

Emmanuel Macron a aussi souhaité "une alliance" avec les députés LR et ceux du groupe centriste Liot pour l'adoption de textes à l'Assemblée, estimant que ceux-ci avaient "envoyé un message clair" en ne votant pas les motions de censure déposées sur les budgets.

"Le cynisme, le désordre c'est vous, M. Macron. Votre rage vous démasque. Vous comptez juste sur la larbinisation des LR pour vous maintenir au pouvoir", a riposté Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

Pour Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée, "au fond, on ne sait toujours pas où Emmanuel Macron veut mener le pays". "Une gestion au jour le jour, sujet par sujet, ça fait de la dette mais ça ne fait pas une politique", a-t-il accusé.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.