Elon Musk a pris le contrôle de Twitter et licencié des dirigeants

Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter. (AFP)
Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter. (AFP)
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Publié le Vendredi 28 octobre 2022

Elon Musk a pris le contrôle de Twitter et licencié des dirigeants

  • Après des mois d'une saga à rebondissements, le nouveau patron a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants
  • Au début du mois, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu

SAN FRANCISCO: "L'oiseau est libéré", a tweeté Elon Musk jeudi soir, après avoir acheté le réseau social à l'oiseau bleu pour 44 milliards de dollars, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour la plateforme au coeur de la vie politique et médiatique des Etats-Unis et de nombreux pays.

Après des mois d'une saga à rebondissements, le nouveau patron a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des sources anonymes de la chaîne CNBC et du Washington Post.

Twitter n'a pas répondu à une sollicitation de l'AFP dans l'immédiat.

Elon Musk avait jusqu'à vendredi pour conclure l'acquisition du réseau social, faute de quoi un procès aurait eu lieu en novembre.

Elon Musk, entrepreneur baroque, visionnaire et insaisissable

Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter.

Né en Afrique du Sud, citoyen américain et canadien, dirigeant de SpaceX et Tesla, l'homme le plus riche du monde est devenu une figure centrale du néo-capitalisme américain avec ses ambitions extra-planétaires et ses idéaux politiques, qu'il partage avec ses 110 millions d'abonnés sur Twitter.

Après des mois de péripéties, il s'est finalement emparé de ce réseau social qu'il adore critiquer.

A 51 ans, l'entrepreneur en série est déjà à la tête de Tesla, premier constructeur de véhicules électriques au monde, et de SpaceX, sa société spatiale qui doit aider la Nasa à envoyer des astronautes sur la Lune d'ici 2025.

Sa fortune est estimée par Forbes à environ 221 milliards de dollars.

Il l'a amassée principalement grâce à Tesla et s'en sert pour financer ses diverses aventures personnelles comme Neuralink, une start-up qui ambitionne de relier directement le cerveau humain à l'ordinateur, et The Boring Company, qui entend révolutionner les transports urbains avec des tunnels.

Quel que soit le secteur, il met en avant son désir de sauver l'humanité, l'environnement ou la démocratie. Interviewé sur ses raisons d'acquérir Twitter, il avait évoqué un "risque pour la civilisation" si les utilisateurs perdaient confiance en la plateforme.

«X Æ A-12»

Mégalomane, bourreau de travail, Elon Musk donne, au fil des tweets, un aperçu de sa personnalité, soucieux de son image de patron rebelle, amateur de joutes verbales et de provocations, anti-politiquement correct.

Une ligne insaisissable qui plaît de plus en plus à certains républicains. "Son style libertarien a un peu de droite radicale en lui", estime Roger Kay, de Endpoint Technologies Associates.

Sur Twitter, il a récemment livré ses conseils pour mettre fin à la guerre en Ukraine - un avis pas vraiment du goût de Kiev -, défié Vladimir Poutine en duel ou comparé le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Adolf Hitler.

En 2018, il avait fumé du cannabis lors d'un entretien filmé, tout en évoquant la conquête spatiale, la fin du monde et la libido des singes bonobos.

En mai 2021, il a révélé être atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme.

Divorcé trois fois, M. Musk est père de dix enfants, dont un décédé à 10 semaines. L'une d'entre eux, une fille transgenre, a déposé une demande officielle pour changer de nom de famille en même temps que de genre afin de couper tout lien avec son père.

Et la presse américaine a révélé en juillet qu'il avait eu des jumeaux en novembre avec une dirigeante de Neuralink, quelques semaines avant la naissance d'Exa Dark Sideræl Musk, qu'il a eue avec la chanteuse Grimes. C'est la petite sœur de "X Æ A-12", un garçon.

Culte Tesla 

L'homme clive, entre une armée de fans qui l'adulent et assurent sa publicité, et ceux qui le détestent. Mais il est difficile de nier le succès de Tesla.

Longtemps déficitaire, l'entreprise est désormais un immense succès industriel et financier, avec un profit record de 5,5 milliards de dollars en 2021 et une valorisation boursière immense (710 milliards de dollars), qui pèse quatre fois celle de Toyota, premier constructeur mondial.

Ce n'était pas gagné. De 2017 à 2019, la société était "constamment au bord de la faillite", a-t-il expliqué. "Je vivais dans l'usine de Fremont (Californie), je dormais par terre pour que l'équipe voie que je n'étais pas dans ma tour d'ivoire", a-t-il raconté.

Plusieurs plaintes pour harcèlement sexuel et discriminations ont été déposées contre la direction de cette usine, accusée de "ségrégation raciale" par la Californie.

«Civilisation spatiale»

Né à Pretoria, en Afrique du Sud, le 28 juin 1971 d'un père ingénieur et d'une Canadienne mannequin, Elon Musk fait ses études au Canada puis aux Etats-Unis.

A 24 ans, il crée, avec son frère Kimbal, Zip2, un éditeur de logiciels en ligne. Il devient millionnaire avant ses 30 ans en le revendant au fabricant d'ordinateurs Compaq en 1999 pour plus de 300 millions de dollars.

Le jeune entrepreneur fonde ensuite X.com, qui sera fusionnée avec PayPal, puis rachetée par eBay en 2002 pour 1,5 milliard.

Avec SpaceX, fondée dans la foulée, il a enchaîné les succès, la compagnie devenue cheville ouvrière des nouvelles ambitions de la Nasa.

"Le but global est de permettre à la vie de se développer sur plusieurs planètes et de faire de l'humanité une civilisation spatiale", avait affirmé M. Musk dans un entretien accordé à Time Magazine, qui l'a nommé fin 2021 personnalité de l'année.

L'opération traînait en effet depuis l'annonce fin avril d'une offre d'acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecoeur par Twitter. L'entrepreneur a cherché à s'en extraire unilatéralement début juillet, accusant l'entreprise de lui avoir menti mais le conseil d'administration de la société a saisi la justice.

Au début du mois, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.

Mercredi, il s'est rendu au siège de Twitter à San Francisco et s'est rebaptisé "Chief Twit" sur son profil --"twit" voulant dire "crétin" en anglais.

Il a ensuite retweeté une photo de lui entouré d'employés de Twitter, dans un café du bureau.

Jeudi soir, plusieurs salariés du groupe californien ont affiché leur soutien à l'ancienne direction.

"Merci à Parag Agrawal, à Vijaya Gadde et Ned Segal pour leur contribution collective à Twitter", a ainsi écrit Biz Stone, cofondateur du réseau, saluant leur "talent immense" et leur "humanité".

Elon Musk et Twitter, chronique d'un mariage arrangé dans la douleur

Une cour assidue, une rupture brutale, un retour de flamme: Elon Musk n'a cessé de souffler le chaud et le froid autour de son acquisition de Twitter, plateforme mondiale d'informations et d'influences.

La prise de participation

Le 4 avril, Elon Musk révèle dans un document déposé auprès de la SEC, le régulateur boursier américain, avoir acquis près de 73,5 millions d'actions ordinaires de Twitter, soit 9,2% de la valeur en Bourse de l'entreprise, qui s'envole à Wall Street.

Le lendemain, le directeur général du réseau social, Parag Agrawal, annonce que le patron de Tesla a intégré le conseil d'administration de Twitter, avant d'indiquer le 10 avril qu'Elon Musk a renoncé à y siéger.

L'offre

Et pour cause, le fantasque homme d'affaires d'origine sud-africaine formule le 14 avril une offre de rachat de l'intégralité de l'entreprise au prix unitaire de 54,20 dollars par action. Il y indique qu'il s'agit de "sa meilleure offre et de son offre finale". Elle valorise alors Twitter à environ 44 milliards de dollars.

Twitter résiste d'abord. Mais le conseil d'administration du groupe finit par céder et annonce le 25 avril un accord définitif de rachat par Elon Musk.

Levée de fonds

Le 29 avril, la SEC révèle qu'Elon Musk a vendu pour 9,6 millions d'actions Tesla pour environ 8,4 milliards de dollars.

Le 5 mai, le dirigeant affirme avoir en outre sécurisé 7,14 milliards de dollars de financement, grâce à des investisseurs parmi lesquels le cofondateur d'Oracle Larry Ellison.

Musk sème le doute

Puis l'affaire devient de plus en plus trouble. Elon Musk assure d'abord le 10 mai qu'il permettra à Donald Trump, qui avait été exclu de Twitter après avoir jeté de l'huile sur le feu lors de l'assaut de ses partisans sur le Capitole le 6 janvier 2021, de réintégrer le réseau social.

Le 13 mai, il indique suspendre le rachat à cause de son inquiétude quant au nombre réel de faux comptes sur le réseau social, faisant plonger l'action du groupe d'environ 20%.

Le 16 mai, à Parag Agrawal qui tentait d'expliquer sur Twitter les mesures prises pour lutter contre les faux comptes, il répond par un émoji en forme de crotte.

Il menace une nouvelle fois, le 6 juin, de retirer son offre car le réseau social "résiste activement" à ses demandes d'informations sur les spams et les faux comptes, ce que dément la plateforme.

Le 16 juin, il a un échange mitigé avec les employés de Twitter, assurant qu'il vise un milliard d'utilisateurs et insistant sur son ambition de réduire la modération sur le site, inquiétant les salariés.

Le renoncement

Enfin, le 8 juillet, le patron de Tesla et SpaceX informe Twitter qu'il met fin à l'accord à cause de "déclarations fausses et trompeuses" de la part de l'entreprise sur les faux comptes.

Le conseil d'administration de Twitter annonce dans la foulée une action judiciaire pour faire respecter les termes de l'accord. Les poursuites sont lancées le 12 juillet devant une cour spécialisée en droit des affaires.

La présidente de la cour accorde à Twitter un procès rapide, contre le voeu d'Elon Musk qui voulait demander une quantité astronomique de données au réseau social.

Le mariage relancé

Le 4 octobre, à moins de deux semaines du procès qui devait s'ouvrir le 17 octobre, Elon Musk fait finalement savoir qu'il relance son offre, au prix qu'il avait annoncé en avril, 54,20 dollars l'action.

Le milliardaire ne détaille pas les raisons de ce revirement, mais certains l'imputent au mauvais tour que prendrait pour lui la procédure judiciaire, ses avocats ayant du mal à étayer ses accusations sur la prolifération de faux comptes.

Le 6 octobre, la juge ajourne la procédure et donne jusqu'au 28 octobre aux deux parties pour conclure la transaction, faute de quoi le procès aurait lieu en novembre.

La prise de pouvoir

Le 27 octobre, Elon Musk devient propriétaire de la plateforme.

Sa première décision : licencier Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des médias américains.

La veille, il s'était rendu au siège de Twitter à San Francisco et s'était rebaptisé "Chief Twit" sur son profil - "twit" voulant dire "crétin" en anglais.

«Avenir de la civilisation»

Fin avril, peu après avoir signé l'accord initial de rachat, Elon Musk avait critiqué publiquement des cadres de Twitter et s'était moqué de Vijaya Gadde.

Sa prise de contrôle inquiète une grande partie des salariés de Twitter, de nombreux utilisateurs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre les abus, du harcèlement à la désinformation.

Car le multimilliardaire, se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d'expression, veut assouplir la modération des contenus. Il a ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l'assaut du Capitole en janvier 2021.

Des élus républicains et soutiens de Donald Trump ont d'ailleurs salué le changement potentiel d'orientation de Twitter. "LIBERTE D'EXPRESSION!!!", a par exemple tweeté jeudi soir Marjorie Taylor Greene, une élue d'extrême droite.

Mais les annonceurs, eux, préfèrent généralement adosser leurs pubs à des contenus consensuels.

Jeudi, Elon Musk a tenté de les rassurer en affirmant vouloir permettre à toutes les opinions de s'exprimer sur le réseau social, sans pour autant en faire une plateforme "infernale" où tout serait permis.

Il est "important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence", a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux marques, qui rapportent l'essentiel des revenus de Twitter.

Il assure aussi qu'il n'a pas engagé le rachat parce que c'était "facile" ou "pour se faire de l'argent", mais pour "essayer d'aider l'humanité".

Prêts, partenaires et beaucoup d'apport personnel: comment Musk finance le rachat de Twitter

Pour régler la facture du rachat de Twitter, Elon Musk a mis sur la table une partie de son patrimoine personnel, complété par des fonds d'investissements et d'autres grandes fortunes, ainsi que des prêts bancaires. Voici le détail du financement.

Initialement, le patron de Tesla ne souhaitait consacrer à l'opération qu'environ 15 milliards de dollars de ses propres deniers. Une partie importante du montage, soit 12,5 milliards de dollars, devait provenir de prêts adossés à ses actions Tesla, ce qui lui évitait de les vendre.

Mais il a finalement décidé de proposer davantage en numéraire et de renoncer à cet emprunt. En deux vagues, en avril et en août, le bouillant quinquagénaire a cédé pour environ 15,5 milliards de dollars d'actions du constructeur de voitures électriques.

Le natif de Pretoria (Afrique du Sud), dont la fortune est estimée à environ 220 milliards de dollars par le magazine Forbes, va donc débourser directement un peu plus de 27 milliards de dollars. A noter qu'il était entré au capital en début d'année et contrôle déjà 9,6% de Twitter après des achats d'actions sur le marché.

A cela s'ajoutent quelque 5,2 milliards de dollars apportés par des fonds d'investissement et grandes fortunes, notamment le co-fondateur de l'éditeur de logiciel Oracle, Larry Ellison, qui a fait un chèque d'un milliard, ou Qatar Holding, contrôlé par le fonds souverain du Qatar, Qatar Investment Authtority.

En échange de leur investissement, tous recevront des titres et deviendront actionnaires de Twitter.

Le solde, soit 13 milliards de dollars, est assuré par des prêts bancaires, débloqués par un groupe d'établissements dans lequel figurent Morgan Stanley, Bank of America, les japonais Mitsubishi UFJ Financial Group et Mizuho, Barclays et les françaises Société Générale et BNP Paribas.

Selon des documents communiqués à l'Autorité américaine de régulation des marchés, la SEC, Morgan Stanley prête, à elle seule, environ 3,5 milliards de dollars.

Ces prêts sont adossés à Twitter et c'est le groupe, et non Elon Musk, qui en assurera la charge financière et le remboursement.

Jusqu'ici la société californienne a peiné à dégager des bénéfices et a notamment publié une perte opérationnelle (résultat directement lié à l'activité) sur les six premiers mois de 2022. Cette dette mettra donc la plateforme sous pression financière.

«Départs volontaires»

Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à "X", sa vision d'une application à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers...), comme WeChat en Chine.

Un employé, qui a parlé à l'AFP sous couvert d'anonymat, a calculé que plus de 700 salariés avaient quitté le groupe californien depuis juin, d'après les chiffres en interne.

"Ce sont plutôt des départs volontaires, soit pour des raisons éthiques, soit pour des raisons bassement financières, parce qu'une entreprise non cotée, c’est moins intéressant", estime-t-il.

Le dirigeant a, en effet, prévu de sortir Twitter de la Bourse.

Au début du mois, il avait pourtant déclaré lors d'une conférence qu'il était "essentiel" que Tesla soit coté à Wall Street, "parce que si le public n'aime pas ce que fait Tesla, le public peut acheter des actions et voter différemment".

"C'est très important que je ne puisse pas juste faire ce que je veux", avait-il ajouté, hilare.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.