Elon Musk a pris le contrôle de Twitter et licencié des dirigeants

Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter. (AFP)
Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter. (AFP)
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Publié le Vendredi 28 octobre 2022

Elon Musk a pris le contrôle de Twitter et licencié des dirigeants

  • Après des mois d'une saga à rebondissements, le nouveau patron a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants
  • Au début du mois, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu

SAN FRANCISCO: "L'oiseau est libéré", a tweeté Elon Musk jeudi soir, après avoir acheté le réseau social à l'oiseau bleu pour 44 milliards de dollars, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour la plateforme au coeur de la vie politique et médiatique des Etats-Unis et de nombreux pays.

Après des mois d'une saga à rebondissements, le nouveau patron a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des sources anonymes de la chaîne CNBC et du Washington Post.

Twitter n'a pas répondu à une sollicitation de l'AFP dans l'immédiat.

Elon Musk avait jusqu'à vendredi pour conclure l'acquisition du réseau social, faute de quoi un procès aurait eu lieu en novembre.

Elon Musk, entrepreneur baroque, visionnaire et insaisissable

Elon Musk est finalement allé au bout: l'extravagant entrepreneur, qui cherche déjà à sauver l'humanité avec des voitures électriques, des fusées, des tunnels et des implants cérébraux, a pris jeudi le contrôle de Twitter.

Né en Afrique du Sud, citoyen américain et canadien, dirigeant de SpaceX et Tesla, l'homme le plus riche du monde est devenu une figure centrale du néo-capitalisme américain avec ses ambitions extra-planétaires et ses idéaux politiques, qu'il partage avec ses 110 millions d'abonnés sur Twitter.

Après des mois de péripéties, il s'est finalement emparé de ce réseau social qu'il adore critiquer.

A 51 ans, l'entrepreneur en série est déjà à la tête de Tesla, premier constructeur de véhicules électriques au monde, et de SpaceX, sa société spatiale qui doit aider la Nasa à envoyer des astronautes sur la Lune d'ici 2025.

Sa fortune est estimée par Forbes à environ 221 milliards de dollars.

Il l'a amassée principalement grâce à Tesla et s'en sert pour financer ses diverses aventures personnelles comme Neuralink, une start-up qui ambitionne de relier directement le cerveau humain à l'ordinateur, et The Boring Company, qui entend révolutionner les transports urbains avec des tunnels.

Quel que soit le secteur, il met en avant son désir de sauver l'humanité, l'environnement ou la démocratie. Interviewé sur ses raisons d'acquérir Twitter, il avait évoqué un "risque pour la civilisation" si les utilisateurs perdaient confiance en la plateforme.

«X Æ A-12»

Mégalomane, bourreau de travail, Elon Musk donne, au fil des tweets, un aperçu de sa personnalité, soucieux de son image de patron rebelle, amateur de joutes verbales et de provocations, anti-politiquement correct.

Une ligne insaisissable qui plaît de plus en plus à certains républicains. "Son style libertarien a un peu de droite radicale en lui", estime Roger Kay, de Endpoint Technologies Associates.

Sur Twitter, il a récemment livré ses conseils pour mettre fin à la guerre en Ukraine - un avis pas vraiment du goût de Kiev -, défié Vladimir Poutine en duel ou comparé le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Adolf Hitler.

En 2018, il avait fumé du cannabis lors d'un entretien filmé, tout en évoquant la conquête spatiale, la fin du monde et la libido des singes bonobos.

En mai 2021, il a révélé être atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme.

Divorcé trois fois, M. Musk est père de dix enfants, dont un décédé à 10 semaines. L'une d'entre eux, une fille transgenre, a déposé une demande officielle pour changer de nom de famille en même temps que de genre afin de couper tout lien avec son père.

Et la presse américaine a révélé en juillet qu'il avait eu des jumeaux en novembre avec une dirigeante de Neuralink, quelques semaines avant la naissance d'Exa Dark Sideræl Musk, qu'il a eue avec la chanteuse Grimes. C'est la petite sœur de "X Æ A-12", un garçon.

Culte Tesla 

L'homme clive, entre une armée de fans qui l'adulent et assurent sa publicité, et ceux qui le détestent. Mais il est difficile de nier le succès de Tesla.

Longtemps déficitaire, l'entreprise est désormais un immense succès industriel et financier, avec un profit record de 5,5 milliards de dollars en 2021 et une valorisation boursière immense (710 milliards de dollars), qui pèse quatre fois celle de Toyota, premier constructeur mondial.

Ce n'était pas gagné. De 2017 à 2019, la société était "constamment au bord de la faillite", a-t-il expliqué. "Je vivais dans l'usine de Fremont (Californie), je dormais par terre pour que l'équipe voie que je n'étais pas dans ma tour d'ivoire", a-t-il raconté.

Plusieurs plaintes pour harcèlement sexuel et discriminations ont été déposées contre la direction de cette usine, accusée de "ségrégation raciale" par la Californie.

«Civilisation spatiale»

Né à Pretoria, en Afrique du Sud, le 28 juin 1971 d'un père ingénieur et d'une Canadienne mannequin, Elon Musk fait ses études au Canada puis aux Etats-Unis.

A 24 ans, il crée, avec son frère Kimbal, Zip2, un éditeur de logiciels en ligne. Il devient millionnaire avant ses 30 ans en le revendant au fabricant d'ordinateurs Compaq en 1999 pour plus de 300 millions de dollars.

Le jeune entrepreneur fonde ensuite X.com, qui sera fusionnée avec PayPal, puis rachetée par eBay en 2002 pour 1,5 milliard.

Avec SpaceX, fondée dans la foulée, il a enchaîné les succès, la compagnie devenue cheville ouvrière des nouvelles ambitions de la Nasa.

"Le but global est de permettre à la vie de se développer sur plusieurs planètes et de faire de l'humanité une civilisation spatiale", avait affirmé M. Musk dans un entretien accordé à Time Magazine, qui l'a nommé fin 2021 personnalité de l'année.

L'opération traînait en effet depuis l'annonce fin avril d'une offre d'acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecoeur par Twitter. L'entrepreneur a cherché à s'en extraire unilatéralement début juillet, accusant l'entreprise de lui avoir menti mais le conseil d'administration de la société a saisi la justice.

Au début du mois, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.

Mercredi, il s'est rendu au siège de Twitter à San Francisco et s'est rebaptisé "Chief Twit" sur son profil --"twit" voulant dire "crétin" en anglais.

Il a ensuite retweeté une photo de lui entouré d'employés de Twitter, dans un café du bureau.

Jeudi soir, plusieurs salariés du groupe californien ont affiché leur soutien à l'ancienne direction.

"Merci à Parag Agrawal, à Vijaya Gadde et Ned Segal pour leur contribution collective à Twitter", a ainsi écrit Biz Stone, cofondateur du réseau, saluant leur "talent immense" et leur "humanité".

Elon Musk et Twitter, chronique d'un mariage arrangé dans la douleur

Une cour assidue, une rupture brutale, un retour de flamme: Elon Musk n'a cessé de souffler le chaud et le froid autour de son acquisition de Twitter, plateforme mondiale d'informations et d'influences.

La prise de participation

Le 4 avril, Elon Musk révèle dans un document déposé auprès de la SEC, le régulateur boursier américain, avoir acquis près de 73,5 millions d'actions ordinaires de Twitter, soit 9,2% de la valeur en Bourse de l'entreprise, qui s'envole à Wall Street.

Le lendemain, le directeur général du réseau social, Parag Agrawal, annonce que le patron de Tesla a intégré le conseil d'administration de Twitter, avant d'indiquer le 10 avril qu'Elon Musk a renoncé à y siéger.

L'offre

Et pour cause, le fantasque homme d'affaires d'origine sud-africaine formule le 14 avril une offre de rachat de l'intégralité de l'entreprise au prix unitaire de 54,20 dollars par action. Il y indique qu'il s'agit de "sa meilleure offre et de son offre finale". Elle valorise alors Twitter à environ 44 milliards de dollars.

Twitter résiste d'abord. Mais le conseil d'administration du groupe finit par céder et annonce le 25 avril un accord définitif de rachat par Elon Musk.

Levée de fonds

Le 29 avril, la SEC révèle qu'Elon Musk a vendu pour 9,6 millions d'actions Tesla pour environ 8,4 milliards de dollars.

Le 5 mai, le dirigeant affirme avoir en outre sécurisé 7,14 milliards de dollars de financement, grâce à des investisseurs parmi lesquels le cofondateur d'Oracle Larry Ellison.

Musk sème le doute

Puis l'affaire devient de plus en plus trouble. Elon Musk assure d'abord le 10 mai qu'il permettra à Donald Trump, qui avait été exclu de Twitter après avoir jeté de l'huile sur le feu lors de l'assaut de ses partisans sur le Capitole le 6 janvier 2021, de réintégrer le réseau social.

Le 13 mai, il indique suspendre le rachat à cause de son inquiétude quant au nombre réel de faux comptes sur le réseau social, faisant plonger l'action du groupe d'environ 20%.

Le 16 mai, à Parag Agrawal qui tentait d'expliquer sur Twitter les mesures prises pour lutter contre les faux comptes, il répond par un émoji en forme de crotte.

Il menace une nouvelle fois, le 6 juin, de retirer son offre car le réseau social "résiste activement" à ses demandes d'informations sur les spams et les faux comptes, ce que dément la plateforme.

Le 16 juin, il a un échange mitigé avec les employés de Twitter, assurant qu'il vise un milliard d'utilisateurs et insistant sur son ambition de réduire la modération sur le site, inquiétant les salariés.

Le renoncement

Enfin, le 8 juillet, le patron de Tesla et SpaceX informe Twitter qu'il met fin à l'accord à cause de "déclarations fausses et trompeuses" de la part de l'entreprise sur les faux comptes.

Le conseil d'administration de Twitter annonce dans la foulée une action judiciaire pour faire respecter les termes de l'accord. Les poursuites sont lancées le 12 juillet devant une cour spécialisée en droit des affaires.

La présidente de la cour accorde à Twitter un procès rapide, contre le voeu d'Elon Musk qui voulait demander une quantité astronomique de données au réseau social.

Le mariage relancé

Le 4 octobre, à moins de deux semaines du procès qui devait s'ouvrir le 17 octobre, Elon Musk fait finalement savoir qu'il relance son offre, au prix qu'il avait annoncé en avril, 54,20 dollars l'action.

Le milliardaire ne détaille pas les raisons de ce revirement, mais certains l'imputent au mauvais tour que prendrait pour lui la procédure judiciaire, ses avocats ayant du mal à étayer ses accusations sur la prolifération de faux comptes.

Le 6 octobre, la juge ajourne la procédure et donne jusqu'au 28 octobre aux deux parties pour conclure la transaction, faute de quoi le procès aurait lieu en novembre.

La prise de pouvoir

Le 27 octobre, Elon Musk devient propriétaire de la plateforme.

Sa première décision : licencier Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des médias américains.

La veille, il s'était rendu au siège de Twitter à San Francisco et s'était rebaptisé "Chief Twit" sur son profil - "twit" voulant dire "crétin" en anglais.

«Avenir de la civilisation»

Fin avril, peu après avoir signé l'accord initial de rachat, Elon Musk avait critiqué publiquement des cadres de Twitter et s'était moqué de Vijaya Gadde.

Sa prise de contrôle inquiète une grande partie des salariés de Twitter, de nombreux utilisateurs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre les abus, du harcèlement à la désinformation.

Car le multimilliardaire, se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d'expression, veut assouplir la modération des contenus. Il a ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l'assaut du Capitole en janvier 2021.

Des élus républicains et soutiens de Donald Trump ont d'ailleurs salué le changement potentiel d'orientation de Twitter. "LIBERTE D'EXPRESSION!!!", a par exemple tweeté jeudi soir Marjorie Taylor Greene, une élue d'extrême droite.

Mais les annonceurs, eux, préfèrent généralement adosser leurs pubs à des contenus consensuels.

Jeudi, Elon Musk a tenté de les rassurer en affirmant vouloir permettre à toutes les opinions de s'exprimer sur le réseau social, sans pour autant en faire une plateforme "infernale" où tout serait permis.

Il est "important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence", a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux marques, qui rapportent l'essentiel des revenus de Twitter.

Il assure aussi qu'il n'a pas engagé le rachat parce que c'était "facile" ou "pour se faire de l'argent", mais pour "essayer d'aider l'humanité".

Prêts, partenaires et beaucoup d'apport personnel: comment Musk finance le rachat de Twitter

Pour régler la facture du rachat de Twitter, Elon Musk a mis sur la table une partie de son patrimoine personnel, complété par des fonds d'investissements et d'autres grandes fortunes, ainsi que des prêts bancaires. Voici le détail du financement.

Initialement, le patron de Tesla ne souhaitait consacrer à l'opération qu'environ 15 milliards de dollars de ses propres deniers. Une partie importante du montage, soit 12,5 milliards de dollars, devait provenir de prêts adossés à ses actions Tesla, ce qui lui évitait de les vendre.

Mais il a finalement décidé de proposer davantage en numéraire et de renoncer à cet emprunt. En deux vagues, en avril et en août, le bouillant quinquagénaire a cédé pour environ 15,5 milliards de dollars d'actions du constructeur de voitures électriques.

Le natif de Pretoria (Afrique du Sud), dont la fortune est estimée à environ 220 milliards de dollars par le magazine Forbes, va donc débourser directement un peu plus de 27 milliards de dollars. A noter qu'il était entré au capital en début d'année et contrôle déjà 9,6% de Twitter après des achats d'actions sur le marché.

A cela s'ajoutent quelque 5,2 milliards de dollars apportés par des fonds d'investissement et grandes fortunes, notamment le co-fondateur de l'éditeur de logiciel Oracle, Larry Ellison, qui a fait un chèque d'un milliard, ou Qatar Holding, contrôlé par le fonds souverain du Qatar, Qatar Investment Authtority.

En échange de leur investissement, tous recevront des titres et deviendront actionnaires de Twitter.

Le solde, soit 13 milliards de dollars, est assuré par des prêts bancaires, débloqués par un groupe d'établissements dans lequel figurent Morgan Stanley, Bank of America, les japonais Mitsubishi UFJ Financial Group et Mizuho, Barclays et les françaises Société Générale et BNP Paribas.

Selon des documents communiqués à l'Autorité américaine de régulation des marchés, la SEC, Morgan Stanley prête, à elle seule, environ 3,5 milliards de dollars.

Ces prêts sont adossés à Twitter et c'est le groupe, et non Elon Musk, qui en assurera la charge financière et le remboursement.

Jusqu'ici la société californienne a peiné à dégager des bénéfices et a notamment publié une perte opérationnelle (résultat directement lié à l'activité) sur les six premiers mois de 2022. Cette dette mettra donc la plateforme sous pression financière.

«Départs volontaires»

Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à "X", sa vision d'une application à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers...), comme WeChat en Chine.

Un employé, qui a parlé à l'AFP sous couvert d'anonymat, a calculé que plus de 700 salariés avaient quitté le groupe californien depuis juin, d'après les chiffres en interne.

"Ce sont plutôt des départs volontaires, soit pour des raisons éthiques, soit pour des raisons bassement financières, parce qu'une entreprise non cotée, c’est moins intéressant", estime-t-il.

Le dirigeant a, en effet, prévu de sortir Twitter de la Bourse.

Au début du mois, il avait pourtant déclaré lors d'une conférence qu'il était "essentiel" que Tesla soit coté à Wall Street, "parce que si le public n'aime pas ce que fait Tesla, le public peut acheter des actions et voter différemment".

"C'est très important que je ne puisse pas juste faire ce que je veux", avait-il ajouté, hilare.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.