Mansour Abbas, le précurseur d'une nouvelle politique arabe en Israël

Sur cette photo d'archive prise le 29 juin 2022, Mansour Abbas, chef du parti islamique conservateur israélien Raam, dirige une discussion et un vote sur un projet de loi visant à dissoudre la Knesset (parlement), lors d'une session à Jérusalem. (Photo par Ahmad Gharabli / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 29 juin 2022, Mansour Abbas, chef du parti islamique conservateur israélien Raam, dirige une discussion et un vote sur un projet de loi visant à dissoudre la Knesset (parlement), lors d'une session à Jérusalem. (Photo par Ahmad Gharabli / AFP)
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Publié le Samedi 29 octobre 2022

Mansour Abbas, le précurseur d'une nouvelle politique arabe en Israël

  • La dernière fois qu'un parti arabe israélien avait soutenu -sans toutefois y participer- un gouvernement remonte à 1992, à l'époque du gouvernement du travailliste Yitzhak Rabin
  • Le soutien de Mansour Abbas au gouvernement lui a permis d'obtenir des promesses de milliards de dollars pour l'importante minorité arabe d'Israël, composée des descendants de Palestiniens restés sur leurs terres à la création de l'État israélien en 1948

TAMRA, Israël : Chef de file d'un parti islamiste modéré, Mansour Abbas est devenu un pionnier en Israël l'an dernier, lorsqu'il a signé un accord de coalition soutenant un gouvernement hétéroclite réunissant droite, centre et gauche israélienne.

Un peu plus d'un an plus tard, ladite coalition est tombée et les Israéliens sont appelés le 1er novembre à voter pour leurs cinquièmes législatives en trois ans et demi. Mais à quelques jours du scrutin, la confiance de Mansour Abbas, fort de son «expérience novatrice», n'est en rien entamée.

Soutenir une telle coalition, «était un risque qui s'est transformé en opportunité, nous avons réussi à réaliser de grandes choses», affirme à l'AFP le politicien arabe israélien de 48 ans.

La dernière fois qu'un parti arabe israélien avait soutenu -sans toutefois y participer- un gouvernement remonte à 1992, à l'époque du gouvernement du travailliste Yitzhak Rabin. Cette fois la formation Raam de Mansour Abbas a officiellement signé un accord de coalition, sans participer directement au cabinet.

Ce soutien au gouvernement, mené d'abord par Naftali Bennett (droite radicale) puis Yaïr Lapid (centre), lui a permis d'obtenir des promesses de milliards de dollars pour l'importante minorité arabe d'Israël, composée des descendants de Palestiniens restés sur leurs terres à la création de l'Etat israélien en 1948.

Mais elle a aussi ouvert la voie à une scission parmi les dirigeants arabes et la communauté au sens large, certains Arabes israéliens considérant ce soutien comme une trahison.

Alors qu'en 2020, les quatre formations arabes s'étaient unies sur une liste commune, leur permettant d'obtenir 15 sièges sur les 120 du Parlement --un succès historique--, elles concourent aujourd'hui en ordre dispersé. D'après les sondages, certaines ne sont pas assurées d'être reconduites au Parlement.

Si M. Abbas estime que Raam conservera ses quatre sièges, il reconnaît que les partis arabes sont confrontés à une «crise de confiance avec les électeurs». Face aux critiques, il met en avant son engagement en faveur de sa minorité qui représente environ 20% de la population israélienne.

- Médiatisation -

Fils d'agriculteurs et issu d'une fratrie de 11 enfants de la ville de Maghar (nord), Mansour Abbas ne se prédestinait pas à faire de la politique.

Devenu dentiste après des études à l'Université hébraïque de Jérusalem, il explique avoir ressenti une «pression» pour se mobiliser contre la hausse de la criminalité dans la communauté arabe israélienne, qui affirme faire l'objet de discrimination par rapport à la majorité juive.

Et il a joint le Mouvement islamique, une organisation de défense des intérêts des musulmans qui s'était scindée dans les années 1990: la branche Nord opposée aux accords

d'Oslo entre Israël et les Palestiniens, et la branche Sud favorable à ces accords sur l'autonomie palestinienne signés en 1993.

Mansour Abbas, qui vit dans le nord d'Israël, s'est toutefois engagé en faveur de la branche Sud qui concentre ses appuis chez les Bédouins du désert du Néguev, et cherche aujourd'hui à peser sur le pouvoir israélien pour obtenir le plus de gains pour la minorité arabe.

Elu député pour la première fois en 2019, il a siégé dans des commissions parlementaires traitant notamment de cette problématique. Sa position de faiseur de roi après les élections de 2021 - il était courtisé à la fois par Benjamin Netanyahu et ses opposants - l'a propulsé sur les écrans aux heures de grande écoute.

Désormais, lorsqu'il se rend dans un restaurant, il est salué en hébreu par des juifs Israéliens désireux de se photographier avec lui.

Parmi la majorité juive, il ne fait toutefois pas l'unanimité, certains estimant que l'importance affichée de la foi musulmane est incompatible avec un engagement politique dans les sphères les plus hautes de l'Etat hébreu.

Lui affirme, qu'après avoir été fasciné par l'islam à l'adolescence, une étude plus approfondie de sa foi lui avait enseigné que «nous pouvons vivre avec les autres d'un point de vue religieux».

Et affirme diriger le vote arabe vers «la bonne direction». «Siéger au Parlement en tant que député n'est pas suffisant. Je cherche à influencer et à entrer dans la coalition», assène-t-il.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.