La Russie retourne à l'accord céréalier, le trafic reprend en mer Noire

Kavo Perdika, un cargo transportant des céréales ukrainiennes, navigue sur le Bosphore (Photo, AFP).
Kavo Perdika, un cargo transportant des céréales ukrainiennes, navigue sur le Bosphore (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 03 novembre 2022

La Russie retourne à l'accord céréalier, le trafic reprend en mer Noire

  • Les cours mondiaux des céréales ont aussitôt entamé un repli, malgré les doutes sur la tenue de ses engagements par Moscou
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes

KIEV: La Russie a repris mercredi sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, affirmant avoir reçu des "garanties écrites" de la part de l'Ukraine sur la démilitarisation du couloir maritime utilisé pour leur transport.

Les cours mondiaux des céréales, qui s'étaient envolés en début de semaine, promettant d'aggraver les difficultés d'alimentation dans le monde, ont aussitôt entamé un repli, malgré les doutes sur la tenue de ses engagements par Moscou.

Les Etats-Unis se sont félicités, comme l'ONU, de ce dénouement, et ont salué le rôle de la Turquie, mais ont souligné que l'accord céréalier, initialement signé en juillet pour quatre mois, devait maintenant être reconduit. Ils se sont dits dans le même temps "de plus en plus préoccupés" par l'éventualité d'un recours à l'arme nucléaire par la Russie en Ukraine, après des informations sur des plans d'attaque tactique.

Dans l'immédiat, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est garant de l'accord céréalier, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, a confirmé la reprise à partir de la mi-journée des exportations ukrainiennes en mer Noire via le couloir sécurisé.

"La Russie considère que les garanties reçues jusqu'à présent semblent suffisantes et reprend la mise en oeuvre de l'accord", a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.

Des formulations que s'est empressé de railler le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne sur Telegram. Les demandes de garanties formulées par la Russie alors même que son armée occupe et bombarde l'Ukraine "montrent à la fois l'échec de l'agression russe et à quel point nous sommes forts lorsque nous restons unis", s'est félicité le président ukrainien face caméra, assis à un bureau, s'adressant aux Ukrainiens et aux Ukrainiennes comme tous les soirs depuis fin février.

Moscou avait suspendu samedi sa participation à l'accord céréalier après une attaque menée avec des drones marins contre sa flotte basée dans la rade de Sébastopol, en Crimée annexée.

L'armée russe a accusé l'Ukraine d'avoir mené cette opération, qui a touché au moins un bâtiment militaire russe, avec l'aide "d'experts britanniques" et en utilisant le couloir maritime réservé aux exportations de céréales.

Il a fallu une série d'appels téléphoniques ces derniers jours entre responsables russes et turcs, notamment mardi entre M. Erdogan et le président Vladimir Poutine, et l'intercession de l'ONU, pour que Moscou révise sa position.

M. Zelensky a indiqué avoir appelé son homologue turc et l'avoir "remercié pour sa participation active à la préservation de +l'accord sur les céréales+".

Menaces nucléaires
Vladimir Poutine a en revanche averti que la Russie se réservait le droit de "se retirer" de l'accord "en cas de violation de ces garanties par l'Ukraine".

Les craintes d'une frappe nucléaire russe en Ukraine se faisaient, elles, plus pressantes, les Etats-Unis disant être devenus "au fil des mois" de "plus en plus préoccupés par cette éventualité", selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Ces propos font suite à une information du New York Times selon lequel les généraux russes ont discuté récemment des modalités possibles de frappe nucléaire tactique en Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a jugé mercredi "irresponsable" que les médias occidentaux selon lui "gonflent délibérément le sujet des armes nucléaires".

La veille, l'ex-président russe et actuel numéro 2 du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, avait pourtant une nouvelle fois brandi la menace de l'arme nucléaire, mettant en garde l'Ukraine contre sa volonté de reprendre tous les territoires occupés par la Russie, dont l'armée enchaîne les revers.

Armes biologiques en Ukraine: Le Conseil de sécurité rejette une demande d'enquête de la Russie

La Russie avait officiellement demandé la semaine dernière une enquête de l'ONU sur ces accusations qu'elle avance régulièrement depuis le début de son offensive en Ukraine.

La résolution qu'elle a soumise au vote mercredi a recueilli deux voix en faveur (Russie et Chine), trois voix contre (France, Etats-Unis et Royaume-Uni, qui ont un droit de véto) et les 10 membres non permanents du Conseil se sont tous abstenus.

Le texte prévoyait la "mise en place d'une commission composée de tous les membres du Conseil de sécurité pour enquêter sur les accusations contre les Etats-Unis et l'Ukraine" concernant leurs obligations au regard de la Convention qui interdit le développement, la production et l'utilisation des armes biologiques.

On s'y est habitué
Sur le terrain, les affrontements se poursuivaient mercredi avec des combats surtout dans l'est et des bombardements sur 25 localités au total, selon le commandement militaire ukrainien.

Le gouverneur de la région de Donetsk (est), Pavlo Kyrylenko, a rapporté la mort de 4 civils ces dernières 24 heures.

Celui de Zaporijjia, dans le sud, Oleksand Staroukh, a écrit sur Telegram que l'armée russe attaquait les environs de la ville, proche de la centrale nucléaire du même nom, sans donner de détails.

Le chef de l'administration de Krivyi Rih, dans le sud également, a fait état pour sa part d'attaques russes au drone kamikaze.

Plus au sud encore, sur le front de Kherson, les journalistes de l'AFP ont constaté d'importantes destructions dans le village de Bilozirka, sur lequel les forces russes tirent des salves depuis une zone où elles sont retranchées depuis leur retrait de ce village au mois de mars.

"Au début, on ne pensait qu'au moment où ça allait enfin se terminer. Mais maintenant, cela semble normal. On s'y est habitué", a raconté une jeune habitante, Angelika Boryssenko, âgée de 20 ans.

La Russie avait mené lundi une nouvelle vague de frappes massives sur les infrastructures critiques ukrainiennes, provoquant des coupures de l'approvisionnement en eau et électricité, notamment à Kiev.

L'opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé mercredi de nouvelles restrictions d'électricité, tandis que le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko, a promis de déployer un millier de "points de chauffage" pour les habitants d'ici l'hiver.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes, contraignant le pays à stopper ses exportations vers l'UE, où les prix de l'électricité flambent.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.