Coup d'envoi de la COP27, avec le financement des dégâts au menu

Les délégués assistent à la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2022, COP27, au Centre international des congrès de Charm el-Cheikh. (Photo, AFP)
Les délégués assistent à la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2022, COP27, au Centre international des congrès de Charm el-Cheikh. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 07 novembre 2022

Coup d'envoi de la COP27, avec le financement des dégâts au menu

Les délégués assistent à la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2022, COP27, au Centre international des congrès de Charm el-Cheikh. (Photo, AFP)
  • «On jugera du succès ou de l'échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages», avait prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l'ONU et président du G77+Chine
  • Plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour un sommet censé donner une impulsion à ces deux semaines de négociations

CHARM EL-CHEIKH: La conférence de l'ONU sur le climat s'est ouverte dimanche à Charm el-Cheikh en Egypte avec une nouvelle mise en garde sur une accélération du réchauffement climatique, dont le financement des dégâts sera pour la première fois officiellement au menu des discussions. 

Les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s'est ainsi alarmée dimanche l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié à l'occasion de l'ouverture du grand rassemblement mondial annuel sur le changement climatique. 

"Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse", a commenté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo aux participants, évoquant une "chronique du chaos climatique". 

Jusqu'au 18 novembre, les délégués de près de 200 pays vont tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement, alors que les crises multiples et liées qui secouent le monde - guerre en Ukraine, inflation et menace de récession, crise alimentaire - font craindre qu'elle passe au second plan. 

"Mettons en oeuvre ensemble (nos engagements) pour l'humanité et notre planète", a lancé en ouverture le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, qui préside la COP27. 

Car les impacts du changement climatique se multiplient, comme l'a illustré le cortège de catastrophes qui ont frappé la planète en 2022: inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses... 

Désastres dont les coûts se chiffrent déjà en dizaines de milliards et pour lesquels les pays du Sud réclament des dédommagements financiers. 

Cette question délicate des "pertes et dommages" a été officiellement ajoutée à l'ordre du jour des discussions lors de la cérémonie d'ouverture, alors qu'elle ne devait jusqu'alors faire l'objet que d'un "dialogue", prévu jusqu'en 2024. 

"Cette inclusion à l'agenda reflète un sens de la solidarité et de l'empathie pour la souffrance des victimes des catastrophes causées par le climat", a souligné Sameh Choukri. 

Le patron de l'ONU-Climat, Simon Stiell, a parlé d'une question "cruciale". 

Défiance 

"On jugera du succès ou de l'échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages", avait prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l'ONU et président du G77+Chine, qui représente plus de 130 pays émergents et pauvres. 

La défiance des pays en développement est forte alors que la promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide à ceux du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n'est pas tenue. 

Accord ou non sur un mécanisme spécial pour financer les "pertes et dommages" ou sur un nouvel objectif pour prendre la suite des 100 milliards à partir de 2025, les besoins de financement se comptent en "milliards de milliards", dit Michai Robertson, négociateur pour l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), jugeant que ce sera impossible sans le secteur privé. 

Autre dossier brûlant: éviter une "reculade" sur les engagements de réduction des émissions, déjà insuffisants. Seuls 29 pays ont déposé depuis la COP de 2021 des plans de réductions rehaussés, alors même qu'ils avaient adopté un "pacte" les appelant à le faire. 

Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d'ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris. 

Mais les engagements actuels des Etats signataires, même s'ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10% des émissions, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d'ici la fin du siècle. 

Loin de respecter l'objectif principal de l'accord de Paris de moins de 2°C par rapport à l'époque où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) responsables du réchauffement. 

« Aucune piste crédible » 

Avec les politiques menées actuellement, c'est un catastrophique +2,8°C qui se profile, selon l'ONU. 

Les agences spécialisées de l'ONU ne voient ainsi "aucune piste crédible" pour tenir l'objectif de 1,5°C. 

Plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour un sommet censé donner une impulsion à ces deux semaines de négociations. 

Sans le président chinois Xi Jinping ni l'Américain Joe Biden, qui passera rapidement à la COP le 11 novembre. La coopération entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, dont les relations sont tendues, est pourtant cruciale. MM. Xi et Biden pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20. 

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, ardent soutien de la production pétrolière, sera par contre présent à Charm el-Cheikh. 

Ainsi que le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a assuré qu'il évoquerait par ailleurs en Egypte le cas du détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim et qui a selon sa famille cessé de boire dimanche. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».