Affaire Pannier-Runacher: «grave», selon Roussel qui demande «la transparence»

La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher visite la cimenterie Eqiom de Lumbres, dans le nord de la France, le 9 novembre 2022, pour présenter les enjeux de l'accélération de la décarbonation de l'industrie française. (Photo de FRANCOIS LO PRESTI / AFP)
La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher visite la cimenterie Eqiom de Lumbres, dans le nord de la France, le 9 novembre 2022, pour présenter les enjeux de l'accélération de la décarbonation de l'industrie française. (Photo de FRANCOIS LO PRESTI / AFP)
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Publié le Mercredi 09 novembre 2022

Affaire Pannier-Runacher: «grave», selon Roussel qui demande «la transparence»

  • Mercredi, Politico révèle par ailleurs que la ministre «est domiciliée depuis 2021 dans une maison appartenant aux héritiers du feu député Olivier Dassault» dans le centre de Lens
  • «Il y a de l'optimisation fiscale, il y a du conflit d'intérêt. Ce n'est pas une tempête dans un verre d'eau, c'est grave», a déclaré le patron du PCF sur le plateau de France 2

PARIS: Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel a demandé mercredi "un exercice de transparence" à la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, dont les enfants détiennent des parts dans une société dont les fonds sont en partie domiciliés dans des paradis fiscaux, fait qu'il a jugé "grave".

"Il y a de l'optimisation fiscale, il y a du conflit d'intérêt. Ce n'est pas une tempête dans un verre d'eau, c'est grave", a déclaré le patron du PCF sur le plateau de France 2. "La différence entre l'optimisation fiscale et l'évasion fiscale, c'est l'épaisseur d'un mur de prison", a-t-il ajouté.

Il a critiqué "une manière d'éviter de payer des impôts que tous les Français payent sur les droits de succession notamment" et renvoyé le gouvernement à ses responsabilités dans le refus de sanctionner l'optimisation fiscale, qui est légale en France.

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a ouvert mardi une enquête sur Agnès Pannier-Runacher, après une information de Disclose révélant que ses enfants étaient associés à cette société française dont les fonds sont en partie domiciliés dans des paradis fiscaux et qui n'est pas mentionnée dans la déclaration d'intérêts de la ministre.

L'intéressée a dénoncé mardi des "allégations fausses et calomnieuses". "A qui profite le crime ?", a-t-elle lancé mercredi en marge d'un déplacement dans le Pas-de-Calais. "Dès lors que vous avez des allégations qui sont infondées, mensongères et calomnieuses, qui veulent m'amener à ne pas défendre un texte sur les énergies renouvelables qui a été très largement adopté par le Sénat, je m'interroge", a-t-elle ajouté, se disant "sereine" et "déterminée".

Le texte qu'elle porte sur les énergies renouvelables doit être présenté à l'Assemblée nationale le 5 décembre.

"Il faut que la ministre aille s'expliquer", a tranché de son côté le député RN Sébastien Chenu sur franceinfo mercredi. "Si tout va bien, si tout est en règle, continuez votre activité, nous continuerons, nous, à batailler contre ce que vous menez comme politique, en revanche, si vous avez manqué à vos obligations, il faudra en tirer les conséquences, voilà, pas plus pas moins", a-t-il poursuivi.

"Jamais je ne hurle avec les loups. Il y a des règles, j'entends que les ministres se conforment aux règles et j'attends de voir les suites de l'enquête", a commenté de son côté sur Sud Radio le sénateur LR Bruno Retailleau.

Mercredi, Politico révèle par ailleurs que la ministre "est domiciliée depuis 2021 dans une maison appartenant aux héritiers du feu député Olivier Dassault" dans le centre de Lens. Mme Pannier-Runacher, à l'époque ministre de l'Industrie, était candidate aux élections régionales et avait besoin d'un point d'ancrage dans les Hauts-de-France.

Selon le site d'informations, son concubin, l'ancien député PS du Pas-de-Calais Nicolas Bays, y réside depuis 2017, verse un loyer aux héritiers Dassault et envisage d'acheter le bien. M. Bays et Olivier Dassault, héritier du grand groupe industriel éponyme et décédé en 2021, étaient tous deux vice-présidents du groupe d'amitié France-Qatar.

Mme Pannier-Runacher n'a pas répondu mercredi à une question sur le sujet.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.