Climat: La transition énérgetique, clé de la lutte saoudo-argentine selon le ministre argentin des AE

Le chef de la diplomatie argentine, Santiago Cafiero. (Photo AN/Huda Bashatah)
Le chef de la diplomatie argentine, Santiago Cafiero. (Photo AN/Huda Bashatah)
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Publié le Vendredi 11 novembre 2022

Climat: La transition énérgetique, clé de la lutte saoudo-argentine selon le ministre argentin des AE

  • L'Argentine propose des initiatives d'hydrogène solaire et vert ainsi que de durabilité, telles que l'agriculture régénératrice, a déclaré Santiago Cafiero à Arab News lors d'une interview exclusive
  • Il a affirmé que les deux pays devraient joindre leurs efforts non seulement à travers des développements commerciaux et politiques, mais également dans les domaines de la culture et des institutions

RIYAD: La transition énergétique, la technologie nucléaire civile et la durabilité environnementale figurent parmi les nombreux domaines potentiels de coopération entre l'Argentine et l'Arabie saoudite dans la lutte contre le changement climatique, a déclaré Santiago Cafiero, le ministre argentin des Affaires étrangères, lors d'un entretien exclusif avec Arab News mercredi.

De telles considérations figurent en bonne place ce mois-ci dans le programme diplomatique mondial. La visite de M. Cafiero en Arabie saoudite coïncide avec la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) qui se tient en Égypte, où le Royaume présente son Initiatives verte saoudienne et son Initiative verte au Moyen-Orient.

«L'Argentine a signé les engagements internationaux et a effectivement relevé ses ambitions en matière d'émissions de carbone», a indiqué M. Cafiero, mettant en relief l'engagement de cette nation sud-américaine à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Dans ce contexte, il a cité des projets de transition énergétique comprenant l'hydrogène solaire et vert ainsi que des initiatives de durabilité telles que l'agriculture régénératrice comme quelques-uns des nombreux atouts du pays.

«L'Argentine est le huitième plus grand pays du monde. C’est un pays immense dont les ressources naturelles sont très connues. Nous en prenons aussi grand soin. Nous avons une vision du développement productif durable dans le respect de l'environnement, et nous avons l'intention de continuer sur cette voie», a-t-il affirmé.

«L'Argentine a un important rôle à jouer en matière de transition énergétique. Aujourd'hui, nous avons des projets d'hydrogène vert et nous avons également des avancées en ce qui concerne les minéraux stratégiques pour l'électromobilité, comme le cuivre et le lithium. L'Argentine peut vraiment devenir un acteur important de la transition énergétique, et je pense que nous pouvons travailler en coopération avec l'Arabie saoudite sur ce plan.»

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Le soft power et l'échange de connaissances sont essentiels pour renforcer les liens entre Buenos Aires et Riyad, a déclaré le ministre argentin des Affaires étrangères à la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN/Huda Bashatah)

La visite de Santiago Cafiero dans le Royaume – la première en tant que haut diplomate argentin – a lieu alors que le monde fait face à de multiples crises qui se chevauchent – ​​des effets résiduels de la pandémie de Covid-19 à l'inflation, jusqu’aux contraintes climatiques et à la guerre en Ukraine – et qui ont provoqué des perturbations dans l'alimentation mondiale et les chaînes d'approvisionnement en énergie.

Alors que l'Arabie saoudite et l'Argentine ont relevé ces défis à leur manière, M. Cafiero estime que les deux pays peuvent apporter une importante contribution en coopérant dans tous les domaines, depuis les affaires et la diplomatie, à la sécurité énergétique.

«En cette période d'incertitude, je pense que des pays amis comme l'Arabie saoudite et l'Argentine ont beaucoup à apporter au monde s'ils s'unissent, s'ils travaillent ensemble et coopèrent», a affirmé M. Cafiero à Arab News.

Selon Santiago M. Cafiero, l'Arabie saoudite et l'Argentine ont «toutes les possibilités» pour rapprocher leurs deux peuples, aux niveaux commercial et politique ainsi que dans les domaines de la culture et de l'énergie propre.

«L'Argentine possède des ressources naturelles et humaines, a-t-il indiqué, et elle a également une nette tendance politique à aller dans cette direction avec l'Arabie saoudite lorsqu'il s'agit de développer des relations d’affaires et de commerce, comme aussi de prêter main forte au reste du monde en vue de fournir de l'énergie et garantir l’approvisionnement alimentaire.»

L'année dernière, le président argentin, Alberto Fernandez, a exhorté les investisseurs d'Arabie saoudite et d'autres pays à «tourner leur regard vers l'Argentine», affirmant qu'il souhaitait des investissements étrangers qui «produisent et génèrent des gains». Depuis lors, de nouveaux liens d'affaires se sont déjà noués.

«Aujourd'hui, le travail que nous menons au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international est celui d'une feuille de route pour les secteurs stratégiques que nous savons être de l’intérêt de l'Arabie saoudite. Il s'agit de l'industrie agro-alimentaire et de la biotechnologie industrielle», a précisé M. Cafiero.

«Et puis nous avons aussi réalisé des progrès intéressants dans l'économie axée sur la connaissance et les minéraux stratégiques. L'Argentine dispose également d'une grande capacité pour son propre développement de services liés à la production de gaz non conventionnel et de secteurs de haute technologie tels que le secteur des satellites ou l'application de la technologie nucléaire à des fins pacifiques.»

La technologie du nucléaire civil est un domaine de coopération prometteur entre nos deux pays. L'Arabie saoudite – qui a la bénédiction non seulement du don précieux du pétrole mais aussi de vastes réserves d'uranium nécessaires à la production nucléaire – planifie actuellement son premier réacteur en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.

«L'Argentine revient sur soixante-dix ans de travail sur la technologie nucléaire à des fins pacifiques, a déclaré M. Cafiero. En fait, nous développons un réacteur pour des études ici, en Arabie saoudite, et pour le développement d'applications liées à la technologie nucléaire, c’est-à-dire des applications liées à la médecine nucléaire, au traitement du cancer, voire à des produits agricoles.»

«Nous utilisons également la technologie nucléaire pour éliminer le plastique des océans, ce que nous faisons déjà en Antarctique.»

Malgré tous ses atouts technologiques, l'économie argentine a connu plusieurs années agitées, principalement en raison d'une inflation chronique. Le mois dernier, le Fonds monétaire international, qui a qualifié la situation économique du pays de «fragile», a approuvé un prêt de 17,5 milliards de dollars (1 dollar = 0,98 euro) à Buenos Aires – la deuxième tranche d'un programme de soutien de 44 milliards de dollars.

 

FAITS MARQUANTS

* 1,03 milliard de dollars, montant des importations saoudiennes en provenance d'Argentine en 2021.

(Source: UN COMTRADE)

 

Santiago Cafiero affirme que l'économie argentine a maintenant renoué avec la croissance, ce qui a entraîné une explosion des exportations, des investissements étrangers records ainsi qu’une augmentation de l'emploi.

«Nous sommes optimistes quant à la voie que prend l'économie argentine, a indiqué M. Cafiero. Nous avons connu trois années consécutives de récession économique en 2018, 2019 et 2020, en raison de la pandémie.»

«Ce n'est qu'en 2021 que l'Argentine a recommencé à connaître une croissance qui s’est développée: 10,3 % cette année. Au premier semestre de cette année, nous avons également connu une croissance de six points du produit national brut. Nous estimons donc que nous sommes sur la bonne voie.»

Il a ajouté: «Au cours de l'année dernière, 1,2 million d'emplois ont été créés. Jusqu'à présent cette année, 30 000 emplois ont été créés chaque mois… Au premier semestre de 2022, nous avons eu un taux d'investissement record dans l'histoire de l'Argentine et nous allons atteindre des niveaux d'exportation record au cours de cette année.»

Malgré ses récents revers économiques, l'Argentine reste célèbre pour sa richesse culturelle, ses auteurs renommés comme Victoria Ocampo, ses grands musiciens tels que Diego Torres, et ses célèbres sportifs Messi et Maradona.

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Santiago Cafiero rencontrant le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, lors de sa visite dans le Royaume. (Twitter/@SantiagoCafiero)

Alors que l'Arabie saoudite apparaît comme la nouvelle plaque tournante du Moyen-Orient pour les arts, la culture, la musique, les sports et le cinéma, Santiago Cafiero considère que le pouvoir de convaincre a un rôle à jouer pour forger des liens plus étroits entre le Royaume et l'Argentine.

«Je pense que nous avons la possibilité d'apporter davantage d'Argentine en Arabie saoudite, et davantage d'Arabie saoudite en Argentine, a-t-il affirmé. Nous devrions donc non seulement relier ces deux peuples dans leur développement commercial et politique, mais aussi avancer ensemble d'un point de vue culturel.»

Se référant au match d'ouverture de l'Arabie saoudite contre l'Argentine qui suscite un grand intérêt dans le cadre de la Coupe du monde au Qatar le 22 novembre, M. Cafiero a affirmé: «En ce qui concerne le football, même si nous ne sommes divisés que par un match et que nous voulons tous deux que notre équipe gagne, c'est vraiment un sport qui établit des ponts.»

Sur le front diplomatique, les États arabes du Golfe s'inquiètent depuis longtemps des activités de l'Iran et du Hezbollah en Amérique latine. Plusieurs gouvernements régionaux ont tenté de nouer des liens avec l'Iran, faisant peu de choses pour apaiser ces inquiétudes.

De telles tentatives de l'Argentine ont été moins importantes au cours des dernières décennies. Après une période de coopération nucléaire qui a débuté au milieu des années 1980, les relations avec l'Iran ont été ébranlées par deux attentats à la bombe à Buenos Aires au début des années 1990.

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Le chef de la diplomatie argentine, Santiago Cafiero, a déclaré que son pays et l'Arabie saoudite pourraient coopérer dans le domaine de la durabilité environnementale tout en forgeant des relations commerciales, politiques, culturelles et institutionnelles plus étroites. (Photo AN/Huda Bashatah)

Ces attentats à la bombe, le premier contre l'ambassade d'Israël en 1992 et le second contre l'Association mutuelle israélite argentine en 1994, ont détruit ce qui était auparavant une relation étroite et mutuellement bénéfique.

«Les relations diplomatiques de l'Argentine avec l'Iran sont à un niveau plutôt bas, à la suite des attentats que l'Argentine a subis en 1992 et 1994», a précisé M. Cafiero.

«La justice argentine avait alors demandé aux autorités iraniennes de participer à l'enquête, mais celles-ci n'ont pas coopéré. Depuis, la relation est donc tendue.»

En revanche, selon M. Cafiero, l'Arabie saoudite et l'Argentine peuvent renforcer l'ordre international grâce à leur coopération et s'enrichir mutuellement en établissant des ponts culturels et institutionnels.

«Nous avons besoin d'un monde plus sûr et nous nous efforçons d'obtenir cette sécurité sur la base d'un multilatéralisme solidaire», a-t-il soutenu.

«Je pense que nous avons de part et d’autre deux cultures très puissantes qui devraient construire des ponts entre elles. Une fois qu'elles se connaîtront et se comprendront, il est certain qu’elles s'enrichiront mutuellement.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ukraine: Trump envoie Steve Witkoff rencontrer Zelensky et les Européens

Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
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  • Les États-Unis intensifient leur pression diplomatique pour imposer un plan de paix en Ukraine, demandant à Kiev des concessions territoriales majeures, tandis que les combats et frappes meurtrières se poursuivent des deux côtés
  • Les négociations butent sur les questions territoriales et les garanties de sécurité, dans un contexte difficile pour l’Ukraine, marqué par des revers militaires, des coupures d’électricité et des tensions politiques internes

KIEV: Donald Trump envoie son émissaire Steve Witkoff à Berlin ce week-end pour rencontrer Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, au moment où les Etats-Unis poussent l'Ukraine à des concessions majeures pour mettre fin au conflit avec la Russie.

Mais les deux pays ont poursuivi les hostilités dans la nuit: la Russie a affirmé samedi avoir frappé des installations industrielles et énergétiques ukrainiennes avec des missiles hypersoniques, dans ce qu'elle a qualifié de représailles à des frappes ukrainiennes contre des "cibles civiles" en Russie.

Volodymyr Zelensky a fait état de frappes russes ayant endommagé plus d’une douzaine d'installations civiles en Ukraine et privé des milliers de personnes d’électricité dans sept régions.

Une femme de 80 ans a été tuée dans la région de Soumy (nord-est), selon le gouverneur régional.

Dans le centre de la Russie, deux personnes ont été tuées samedi à la suite d'une attaque de drones ukrainiens contre un immeuble résidentiel à Saratov, ont indiqué les autorités locales.

Donald Trump a clairement affiché son impatience concernant l'avancée des discussions autour de son plan qui vise à régler le conflit déclenché par l'invasion russe à grande échelle de février 2022 et ayant fait des centaines de milliers de morts et de blessés.

Alors que Kiev et ses alliés cherchent à amender ce document jugé initialement très favorable à Moscou, un haut responsable de la Maison Blanche a confirmé vendredi soir à l'AFP le déplacement de M. Witkoff en Allemagne.

L'émissaire, reçu début décembre par Vladimir Poutine à Moscou, doit rencontrer à Berlin Volodymyr Zelensky ainsi que des dirigeants européens dont la liste n'a pas été précisée.

Le président ukrainien avait déjà prévu de se rendre lundi dans la capitale allemande pour rencontrer ses alliés européens, dans le cadre de l'intense ballet diplomatique engagé autour du plan américain dévoilé il y a près d'un mois.

Les négociateurs bloquent en particulier sur les questions territoriales, les Etats-Unis réclamant, déplore Kiev, d'importantes concessions.

- Adhésion à l'UE -

Selon M. Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk (est de l'Ukraine) qu'elles contrôlent encore et qui est censée devenir une "zone économique libre" démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d'occupation.

En échange, l'armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est) mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporijjia (sud).

Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des "garanties de sécurité" qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française vendredi.

Un haut responsable a pour sa part dit à l'AFP qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain.

Une telle adhésion, en à peine plus d'un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d'Etats membres de l'UE aux relations tendues avec l'Ukraine, comme la Hongrie.

- Navire en feu -

Le temps presse pour Donald Trump, dont la porte-parole a fait savoir jeudi qu'"il en a assez des réunions qui n'ont d'autre but que de se réunir".

Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l'Ukraine: la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de M. Zelensky, l'armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes.

L'armée ukrainienne a cependant affirmé avoir repris plusieurs quartiers de la ville-clé de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, ainsi que deux localités proches.

Dans le sud, un navire turc a pris feu vendredi après une frappe aérienne russe dans le port de Tchornomorsk, près d'Odessa.

Le propriétaire de ce bateau, l'armateur turc Cenk Shipping, a expliqué dans un communiqué que le M/V CENK T, "qui transporte des camions entièrement chargés de fruits frais, de légumes et de denrées alimentaires sur la route Karasu–Odessa", avait été "victime d'une attaque aérienne".

"La mer Noire ne doit pas être considérée comme une zone de confrontation. Cela ne profiterait ni à la Russie ni à l’Ukraine. Tout le monde a besoin d’une navigation sécurisée en mer Noire", a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'Ukraine réplique aux bombardements russes en envoyant des dizaines de drones quotidiennement vers la Russie, visant en particulier l'industrie pétrolière qui permet à Moscou de financer la guerre.


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
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  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
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  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.